PdC, vil coquin, je ne m'attendais pas du tout à ce commentaire, en cela il m'a fait encore plus plaisir que d'habitude =D Je te remercie², pour le commentaire et pour mon anniversaire ^^ Au risque de te decevoir, Le Cycle et Argoth vont rester de côté un petit moment encore. Je vais pas reprendre ici notre discutions sur ma source d'inspiration, nous savons tout d'eux mon point de vue ^^ Je dirais juste que je suis content que ça te plaise tout de même, et que tu ais constaté mon progrès dans l'oretograf (je m'en rends compte moi même)! Quant à ta dernière remarque sur la monochromie des sentiments etc, je dirai juste que j'en ai conscience et que... c'est fait exprès! Je ne dirai rien de plus, mais attends toi à du changement de ce côté là!
Sur ce, n'hésite pas à revenir souvent =p
Merci pour le commentaire raphael!
Avant de passer à la suite, une petite surprise de notre cher Yorrick! (Encore merci!) Une nouvelle version de la carte Continentale, actualisée et remise au gout du jour. Je dois dire que le résultat est de toute beauté et que je n'en reviens toujours pas. Je vous laisse juger
http://img509.imageshack.us/img509/7326/cartegmscopie.jpg
Enfin, je tenais à m'excuser d'avoir manqué le rendez vous de la semaine dernière. Comme je partais le lundi matin à 5h du mat pour l'Espagne, les préparatifs m'ont pas mal occupé et ça m'est totalement sorti de la tête! Désolé!
Sans transition, Monarque. A la semaine prochaine!_____________________
II / Ashenvâle
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Il faisait froid dans ce foutu village. Un froid à vous les ratatiner façon raisins secs. L’hiver fait toujours cet effet là dans les royaumes centraux. On a poussé nos canassons, fraîchement dérobés dans la ferme située 30 kilomètres plus à l’ouest, jusqu’à une auberge encore ouverte. Il suffisait d’envoyer Bière les parquer à l’écurie pour économiser quelques pièces de cuivre d’entretient. On est entré précipitamment car la neige recommençait à tomber.
Comme dans toutes les auberges de tous les petits villages du monde, les quelques habitués nous ont lancé des regards mauvais. On aime rarement l’étranger qui surgit en pleine nuit, avec plein de copains et armés pour partir à la guerre. Et surtout, nous formions une petite troupe singulière. Je me suis empressé de détendre tout de suite l’atmosphère en lançant un bonsoir amical. Pour prouver nos intentions pacifiques, on a déposé nos armes sur la table la plus proche. J’ai eu peur sur le moment qu’elle se brise sous le poids, mais non elle a tenu bon.
J’ai été commander assez à manger pour nous tous pendant que les hommes collaient deux grandes tables ensembles pour qu’il y ait assez de place. J’ai regagné ma petite troupe, pas mécontent de dormir au chaud ce soir.
Tempête du Chaos au grand complet, dans une petite auberge de province. Ca m’a rappelé des souvenirs. Tapinois, Bière, Ciguë, Ken, Araignée, Rose, Zed, Manchot (qui n’était plus si manchot que ça, avec son nouvel appareil gobelin) et le dernier arrivé, mon nouveau chouchou, Teknogure. Un ingénieur gobelin. Une perle de stupidité, d’ingéniosité mécanique, un ravissement des sens permanent. Mesurant quatre-vingt centimètres, pesant ses 25 kilos tout mouillé, il avait une trogne encore plus vilaine que Tapinois, avec son nez long et crochu, ses petits crocs jaunes et crasseux, ses poils de nez trop longs, ses oreilles pointues à moitié mangées et ses grosses lunettes sur ses yeux rouges.
Quand on l’a rencontré, à la fin de l’automne sur les routes du Mel-Kure, il se faisait dévaliser par une bande de malandrins des environs. Après une bataille courte et propre (Bière avait besoin d’exercice), il nous a proposé ses services. Comme ça faisait un moment qu’on avait recruté personne, et qu’il me faisait rire avec ses zozotements et sa voix stridente, je l’ai pris. Je ne le regrette pas. Il est aussi bon artificier que courageux. Pour peu qu’on lui fournisse les matériaux, il peut vous bidouiller un nombre impressionnant de machins et de trucs, de la bombe incendiaire aux feux d’artifices, en passant par des arquebuses. Il en avait d’ailleurs fabriquée une pour Ken. Un fusil de précision, avec un canon long et une lunette de visée, baptisée Fulgurator X-3. Le bridé se débrouille plutôt bien avec, il nous chasse des trucs quand on est sur les routes. Malheureusement, comme les balles coûtent chères et sont rares, il faut l’utiliser avec parcimonie. Et aussi, lorsqu’on tue des gens, on prend bien soin de leur faucher tout ce qu’ils ont de métallique : armes, bijoux, boucles de ceinture, de botte, de baudrier. On fond le tout et Tekno re-fabrique des munitions.
En sus de cet engin de mort et de destruction (j’ai vu les trous que ça laisse sur les cadavres), il avait également combiné son savoir-faire avec Ciguë, pour nous produire des petites grenades à gaz divers. Très pratiques.
Bref, une acquisition très bon marché, car la seule chose qu’il demande c’est un peu de protection et d’amour. C’est un vrai parano. Il croit que l’univers tout entier veut le tuer, et qu’un assassin se cache dans chaque ombre.
« Bon, on fait quoi maintenant?, a fait Araignée en piochant dans son lard fumé.
-Ca a l’air sympathique ici, a répondu Ken.
-De toute façon, on a plus rien à faire tant qu’on aura pas reçu de nouveaux ordres. Alors autant se reposer ici et prendre du bon temps.
-J’ai repéré une maison close, vers Kurtzïg. Ca fait pas loin à cheval. »
Hop, la décision était prise. L’aubergiste est venu nous voir avec un air maussade. Il a demandé si on voulait autre chose.
« Ca ira pour l’instant, mon brave, je lui ai dit. Nous aimerions louer ton établissement pour quelques jours. »
Il est resté sans bouger un instant. Il savait pas trop quoi répondre. Les trois pièces d’argent que j’ai faites rouler vers lui et qu’il a attrapées avec une dextérité à faire saliver un acrobate lui ont donné quelques idées.
« C’est parfait, monseigneur. Mes chambres sont à votre disposition. »
On a longtemps mangé et bu ce soir là. On venait de finir notre dernière mission. Mettre à sac une ferme, dans laquelle un riche paysan fomentait des plans contre le seigneur du coin avec des copains à lui. On a déboulé en pleine nuit, les avons surpris en plein milieu d’une petite sauterie. Hop, un coup d’épée par-ci, un éclair par-là. On a ligoté la femme et les enfants et on les a laissés dans la cambrousse environnante. J’ai mis le feu à la baraque après qu’on ait sorti les corps dehors, puis on a fauché les chevaux et on s’est barré en vitesse. Pour atterrir ici, à Ashenvâl.
Il y avait 4 chambres dans cette auberge, Au Poney Dormant. Si vous trouvez le nom ridicule, vous avez bon goût. La répartition a été assez simple à faire. Moi et Rose dans la plus grande et la plus propre ; Tapinois avec Teknogure et Ciguë ; Bière avec Ken et Araignée et les deux frères ensembles. Je me suis déshabillé avec toute l’habilité d’un homme d’expérience et je me suis glissé dans les couvertures de l’unique lit deux places. Rose m’a rejoint peu après, en sous vêtements et s’est blottie dans mes bras. Notre relation avait un peu évolué depuis le Wellmarch.
Je n’étais pas amoureux, elle non plus. Disons qu’on aimait bien se réchauffer l’un contre l’autre. Je vous rassure, nous ne comptions pas faire l’amour.
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2.[/align]
Ashenvâl de jour... Bah c’est comme Ashenvâl de nuit. Mort. Les paysans vaquent tranquillement à leurs occupations, loin des tourments de la politique et des guerres. Ils plantent leurs patates en espérant que la récolte sera bonne cette année. Certain, plus aventureux, vont jusqu’à planter des choux. De vrais casse-cous.
Réellement déprimant comme bled. Mais bon, on était là pour se reposer en attendant la suite, on aurait été bien avec un village en pleine guerre civile.
Je me suis levé tôt le matin suivant. Le petit-déjeuner n’était même pas encore servi. Je suis sorti dehors, me suis adossé au mur blanc de l’auberge et j’ai regardé le village, tout en tripotant mon ombre dans ma poche. J’avais pris la décision de m’en occuper ces jours-ci. Quant au coffre et à la cassette... Le premier se trouve en sécurité dans une grotte à deux kilomètres au nord de Ferdbürg, un grosse ville de l’Ouest. La cassette se trouve toujours en notre possession.
Le capitaine ne m’a toujours pas reparlé ni de l’un ni de l’autre. Je crois qu’il ne sait pas qu’on a fini par récupérer le coffre, mais pour la cassette... Tout ceci était bien intriguant, mais ça m’allait parfaitement. Tapinois est venu me rejoindre un peu après.
« Ca me rappelle le bon vieux temps. Tu te souviens, dans cette auberge sur la route de Mereïne, quand on fuyait les royalistes, avec Lumdog et Gratos?
-Tu commences à parler comme un vieux, il m’a rétorqué.
-T’as raison. Mais bon, certaines périodes de ma vie me manquent.
-Comme à nous tous.
-Ha ouais? Du genre?
-Du genre avant que je te rencontre.
-Tu me touches.
-Je t’en prie. »
Les bouseux qui passaient devant nous nous regardaient avec des yeux plus ronds que les pommes de terre qu’ils trimballaient. J’essayais de me montrer poli. Puisqu’on allait vivre quelques temps, autant vivre en bonne intelligence. Mais au bout du quatrième bonhomme je commençais à perdre patience. J’ai réalisé tout à coup que Tapinois n’était pas sanglé de son arsenal de couteaux. Ca le changeait beaucoup. Il paraissait presque abordable maintenant.
On a fini par rentrer quand on a senti le bonne odeur du petit déjeuner. Porc salé et gruau de céréale, avec une bonne pinte de mousseuse du coin. Pas mauvaise d’ailleurs. Les autres se sont réveillés à intervalles irréguliers.
« Quartier libre les enfants, ai-je annoncé. Mais soyez sages. N’allez pas forcer sur la bonne brune locale, ni embêter votre voisin. Promis? »
J’ai reçu des morceaux de pain dans la tête en guise de réponse. L’aubergiste nous regardait avec une mine songeuse. Quelque chose semblait le tracasser. Mouais. Pas mes affaires.
Enfin, ce que je croyais.
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3. [/align]J’ai passé cette journée là à planifier ma rencontre avec l’ombre, que je prévoyais pour le lendemain. C’est le genre de rituel qui demande du temps, de la concentration, un cadre tranquille et deux / trois bonhommes pour vous assurez de pas être dérangé. Et j’avais tout ça sous la main.
J’ai réveillé Rose et Bière aux aurores pour qu’ils m’assistent. Rose en tant qu’assistante directe, Bière en tant que bloqueur de porte. Je me suis empiffré de porc salé, de bière, d’oeufs et de beurre au petit déjeuner pour m’assurez assez de force pour l’opération. J’ai posé la sphère au milieu de la pièce et me suis assis en tailleur devant.
« C’est beau, a commenté Rose qui s’était placé à ma droite. »
En effet, c’était assez jolie. Imaginez une balle de lumière, dans laquelle virevolte une ombre plus noire que le noir. Bière s’est contenté d’un grognement et est allé prendre ses fonction devant la porte, son bon vieux hachoir entre les mains.
Pour me donner un peu d’ardeur à la tâche, j’ai peloté Rose un moment, qui riait doucement sous mes caresses. Un jeu à nous.
« Après, elle m’a dit. »
De quoi vous motiver un homme. J’ai retroussé mes manches, mis la boule au creux de mon giron. Ouvrir la sphère et dire « Coucou! Tu veux bien devenir ma copine? » aurait été d’une débilité crasse. Je n’avais aucune expérience de ce genre de créature. Il fallait tenter une approche plus subtile. J’ai posé ma main sur la sphère et j’ai tenté de projeter mon esprit pour capter une pensée, un sentiment, un mot. A ma grande surprise, je n’ai senti qu’une peur panique. L’ombre était totalement paniquée, car elle était dans l’incapacité de remplir sa mission.
« Hé! Doucement, calme toi... » ai-je dit mentalement.
La créature a mis un certain moment avant de se rendre compte que je lui parlais. Elle s’est soudain arrêté de bouger dans tous les sens et s’est calmée.
« Voilà, c’est bien. Ne t’en fais pas, tout va bien. Tu n’as plus à t’inquiéter de ce que te feras ton maître.
-Qui êtes vous? »La voix était indubitablement féminine et... putain, sensuelle! Ca m’a choqué.
« Je m’appelle Monarque. Et toi, comment t’appelles-tu? »Un temps.
« Rashk’Zerig Kirdörhan. »A tes souhaits.
« Que me veux-tu, Monarque?-J’ai tué ton maître. (Mensonge honteux, mais judicieux. Elle s’est tout de suite apaisée un peu plus. J’ai même ressenti de la ... reconnaissance?)
Je souhaiterais que l’on s’associe, toi et moi.
-S’associer? Tu veux dire m’asservir à ton tour pour me plier à tes moindres volontés. »C’est qu’elle avait de la suite dans les idées, voyez-vous.
« On ne peut rien te cacher. Mais je pense être une bonne option.
-Quelles sont les alternatives?
-Et bien, tu peux rester dans cette petite baballe le restant de l’éternité. Je garantis les frais de logement. »Elle a ri. Me demandez pas comment, mais c’est vraiment l’impression que j’ai eu. On est jamais trop sûr avec ces conversations mentales.
« Tu as de bons arguments, Monarque.
-J’en ai même trois énormes pour mes compagnes à deux pattes. »Je n’ai pas la moindre idée du pourquoi j’ai sorti cette blague plus que douteuse à une ombre. N’empêche qu’elle a ri à nouveau. Je crois que je lui plaisais bien, à l’instant.
« A quoi m’emploierais-tu, Monarque?
-Ho, des choses et d’autres. Espionnage, reconnaissance, protection rapprochée, assassinat...
-Vaste programme.
-N’est-ce pas?
-Oui. Tu dis que mon maître est mort?
-Oui.
-Tu mens. Je sens encore le lien qui nous unit. Il est certes très faible, mais il est toujours là.
-Hmm. Bon, admettons que j’ai légèrement menti? »Silence durant quelques instants interminables. J’ai même cru que le contact avait été coupé.
« J’accepte, Monarque. Mais à quelques conditions.
-Lesquelles?
-Je veux que l’on pactise. »Aïe. Pourquoi les créatures surnaturelles veulent-elles toujours d’un foutu Pacte?
« Très bien. Autre chose?
-Nous verrons cela. Tu peux me faire sortir.
-Qu’est-ce qui me dit que tu n’essaieras pas de me tuer? »Elle a souri mentalement.
« Je t’ai donné mon nom. Tu as déjà tous pouvoirs sur moi, si tu le désires. »Hein, son nom? Elle voulait parlé de son baragouin guttural de tout à l’heure?
« Oui, certes. » J’ai rompu le lien mental et repris contact avec le monde extérieur. La pièce était tellement éclairée qu’il ne pouvait être que l’après midi. Rose s’était assoupie sur le lit. Tu parles d’une assistante. Dans ce genre de confrontation, le temps s’écoule toujours différemment. Soit il nous paraît beaucoup plus rapide, soit beaucoup plus lent. J’ai profité de cette pause pour me dégourdir les jambes et faire craquer ce qui avait besoin de l’être. J’ai frotté mes yeux et baillé. J’ai ensuite fermé les rideaux pour ne pas que Liz (c’est comme ça que j’appelle mon ombre) ne souffre pas. Enfin, je n’en savais rien, mais je supposais qu’une ombre avait besoin d’obscurité pour se sentir bien.
Respirant un bon coup, quelques sortilèges sous le coude au cas où elle me jouerait un tour, j’ai ouvert la sphère. Elle en est sortie lentement, rampant sur le sol comme... bah l’ombre qu’elle est. Je me suis assis dos contre le lit, et j’ai tendue la main. Elle est venue s’y blottir en boule.
« J’ai l’impression que cela fait une éternité que j’étais là dedans.
-Ho, guère plus d’une seconde en réalité. »Elle a ri encore. Décidément, une vraie boute-en-train.
On a pactisé. Comme condition à l’utilisation de ses pouvoirs, je ne peux lui ordonner de tuer quelqu’un. Elle peut par contre le faire de son propre gré, à condition que l’individu ou la chose en question présente une attitude hostile envers moi. Je peux l’envoyer fureter dans un rayon de 1 kilomètre seulement, mais grâce à notre nouveau lien nous pouvons communiquer mentalement. Fort pratique. Après, il y a aussi les modalités courantes et habituelles d’un pacte : Relation exclusive de la créature envers son maître, à comprendre qu’elle ne peut communiquer qu’avec moi même, et bien sûr le lien de sang. Si je me fais tuer, elle meurt. Si elle meurt pour X raison, j’agonise, mais ai une chance de survie. C’est pas très équitable, mais c’est comme ainsi. Et comme les deux partis sont heureux comme ça... Enfin est venue la question a trois piècettes.
« Quelle forme veux-tu que j’adopte? »Je me suis demandé ce qu’elle entendait par là.
« A quoi veux-tu que je ressemble? Je peux prendre n’importe quelle apparence. Mais réfléchit bien, elle sera irréversible. »J’étais un peu pris au dépourvu. Et là, j’ai dis la seule connerie de mon existence que je ne regrette pas. La première chose qui m’est passée à l’esprit, aidée par le son exquis de sa voix.
« Une putain de Terysford. »(Pour la petite anecdote, Terysford est une ville du Lancaster, où j’avais eu l’immense plaisir de devoir enlever et liquider une putain qui en savait un peu trop sur les plans du prince local. La fourbe avait usé de ses charmes sur moi pour que je consente à la laisser partir. Gentleman, je m’y étais résigné mais à grand peine.)
Et, effectivement... Elle a d’abord commencé par descendre de ma main, toujours tendue, pour retourner par terre, au centre de la pièce. Puis, lentement, elle a pris forme. Elle s’est allongée vers le haut, pour arriver à ma taille exacte. Les jambes, longues, sublimes, se sont dessinées, puis les bras, menus mais athlétiques, ensuite se fut au tour du cou et des épaules, graciles et délicates. La taille, fine juste ce qu’il faut. Une poitrine à vouloir vivre dedans, couverte par une tunique au décolleté affriolant. Et enfin le visage. Une cristallisation de mes fantasmes, je crois. Un nez divin, aquilin et volontaire, des lèvres légèrement pulpeuses et sensuelles, des cheveux suffisamment longs pour lui caresser les reins comme une cascade tumultueuse. Et des yeux. Des yeux vermeilles, démoniquement attirants et aguicheurs. Bien sûr, Liz reste une ombre, et en tant que telle possède une peau sombre, à mi chemin entre l’ébène et le violet sombre. Une peau à la texture veloutée. Je ne sais trop comment, mais, effectivement, Liz peut se matérialiser au sens littéraire du terme. Avoir une consistance propre.
Pour ne rien cacher, devant cette apparition mon petit soldat s’est mis au garde à vous. Je vivais éveillé le fantasme et le rêve de tous les sorciers pervers d’un certain âge : Posséder un démon familier ayant l’apparence de la plus belle jeune femme qu’on ait jamais vu. Elle a senti mon trouble, car elle a ri de sa voix terriblement sensuelle et s’est approchée de moi, avec son déhanché à vous faire tourner la tête. J’ai tenté de me relever. Elle m’a repoussé et je suis tombé à la renverse sur le lit. J’étais totalement hypnotisé et en proie à des sentiments confus. Elle s’est pressée contre moi, et j’ai senti ses atouts sur ma poitrine avec un délice non dissimulé. Dieux! Que c’était bon! Nos désirs respectifs l’un de l’autre se mêlaient dans une union mentale intense. Ses mains se sont glissées sous ma ceinture et j’ai poussé un soupir lorsqu’elle... Enfin vous m’avez compris. Ne pouvant lutter contre mes pulsions, je l’ai embrassée, pendant que mes propres mains découvraient son corps avec une certaine liesse.
Je serais bien allé jusqu’au bout de mes idées si il n’y avait pas eu Rose à quelques centimètres de moi et Bière derrière la porte.
« Alors?, m’a demandé Tapinois. »
C’était le dernier à me poser la question, pendant que j’engloutissais ce qu’il me semblait des tonnes de porc salé, de bouillie de céréale, de légumes et de tubercules. Je lui ai indiqué du pouce mon ombre sur le mur derrière moi. Il l’a regardée, et a sursauté légèrement lorsqu’elle lui a fait « coucou » de la main, alors que moi je portais ma fourchette à ma bouche déjà trop pleine. Liz a rigolé, mais j’ai été le seul à l’entendre.
« Bien, bien, a fait Tapinois . »
Légèrement nerveux, il a commencé à jouer avec la pointe d’un de ses couteaux. Il aime pas trop tout ce qui touche à la magie.
« Qu’est-ce que vous avez foutu de votre journée?, j’ai demandé en me rinçant la gorge à la bière.
-J’ai profité du paysage. On a un beau point de vue sur la plaine depuis une petite colline, à environ 500 mètres au sud. »
Je l’imaginais bien, petit, gros et laid, à philosopher en haut d’une colline. J’ai ricané.
« Et les autres?
-Tu ne le leur a pas demandé directement?
-Trop occupé à récupérer des forces.
-Hmm... Bière a été recruté par une vieille fermière pour pas mal de trucs physiques. Elle lui a promis une partie de sa réserve de houblon en échange. J’ai vu Araignée batifoler avec une jeune demoiselle dans les champs. La fille du chef du village je crois. Ken et la petite chiure verte font des essais pour un nouveau type de balle. Ils ont trouvé une ancienne forge abandonnée je ne sais où. Ils y ont récupéré pas mal de ferraille à recycler. Zed passe son temps à dormir, et Manchot s’est entraîné. »
Soudain, j’ai réalisé.
« Hey! Quand est-ce que Bière est partie de devant ma porte?
-Vers midi je dirai.
-Je lui demanderai encore des trucs, tiens... Et Ciguë?
-Vue la fumée orange qui s’échappe de l’herboristerie depuis ce matin, j’en déduis qu’il s’est trouvé un petit camarade de jeu. »
Hmm. J’espérais qu’il nous concoctait un petit truc sympa.
Ils sont tous rentrés à des heures différentes, Bière le premier, Araignée le dernier. Bien sûr, ça ne plaisait pas trop à l’aubergiste, qui ronchonnait que son établissement n’était pas un moulin. Mais on s’en cognait pas mal. On paye, il se tait. C’est comme ça que ça marche en tout cas dans pas mal de royaumes.
Vu le sourire de benêt qu’Araignée m’a adressé, j’en ai conclu qu’il avait lui même conclu son affaire. Je lui ai fait une tape dans le dos.
« Bonne nuit Chef.
-Bonne nuit gamin. »
Ken et Tekno semblaient s’entendre comme larrons en foire à présent. Ils n’arrêtaient pas de parler, notamment d’un certain Fulgurator X-4, une sorte de version améliorée du modèle existant.
« On pourrait tenter un alliage p-p-plus lé-lé-léger pour gagner en vi-vitezze!
-Ouais, a répondu Ken avec un petit hochement de tête. »
Les bras croisés, tirant une gueule sérieuse comme une tombe, il semblait en pleine réflexion. Je les ai laissés à leurs affaires, et suis sorti pour mener les miennes à terme. J’ai pris à gauche, pour remonter la rue pavée qui sortait du village par le nord. En chemin, Liz s’est matérialisée sur moi. Ses cuisses enserraient ma taille, ses bras étaient passés autours de mon cou et ses mains jouaient avec ma chevelure. Je l’ai embrassée.
« Où en étions nous, maître? » elle m’a fait avec sa voix si... Hmm.
Je l’ai portée (elle ne pèse rien) jusqu’à un grand arbre, et je me suis couché dessus. On s’est fait des mamours passionnées pendant quelques minutes. Puis elle s’est glissée lascivement vers mon entrejambe. J’ai laissé faire avec délice.
Croyez moi si vous voulez, mais faire l’amour à une ombre qui ressemble à la fille de vos rêves... C’est la chose la plus dingue et la plus géniale qui me soit arrivée. Une explosion des sens, un plaisir rarement égalé. Et puis, comparé à Liz, j’étais un petit garçon naïf. Je ne sais pas où elle a appris tout ce qu’elle me fait, mais je loue tous les jours son professeur.
Cette nuit là, je n’ai pas dormi. Une nuit qui restera gravée à jamais dans ma mémoire. A l’aube, quand elle s’est allongée sur mon corps emperlé de sueur et éreinté, quand elle m’a fait son sourire malicieux, j’ai songé que si j’avais pu, je serais tombé amoureux.