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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1

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Great Magician Samyël:
La Tour du Rouge.
Ou les écrits du Great Magician Samyël.

La Tour s'élève au milieu d'une plaine poussiéreuse battue par les vents. Elle n'est pas très grande et a connu des jours meilleurs. Seul son toit d'ardoises rouges, en flèche, la distingue des autres tours de ce genre. La porte d'entrée est modeste, un unique anneau de fer l'orne. Le battant s'ouvre en grinçant mélancoliquement sur ses gonds, révélant une unique pièce abandonnée et obscure, sentant le vieux parchemin et l'encre. Un escalier en colimaçon au centre permet d'accéder aux différents niveaux, où des centaines de volumes pourrissent sur des étagères trop pleines. Un panneau, fixé au sol par quatre clous rouillés, se dresse à côté de l'escalier. Dessus est inscrit :

"Bonjour, ami voyageur.
Fais comme chez toi.
Il y a des sièges à chaque étage, et les domestiques se feront une joie de te fournir tout ce que tu demanderas.
Attention toutefois, il est interdit d'emmener un ouvrage.
Le chien pourrait devenir méchant.
Bonne lecture."
#Sommaire.

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Trilogie du Triangle
-Fan Fic Zelda-

-The Legend of Zelda : Triangle de Pouvoir : [ACHEVÉ]

Triangle de Pouvoir est un chassé-croisé de destins et de personnages hauts en couleur dans une Hyrule revisitée et totalement refaçonnée. Oubliez ce que vous saviez de la Saga, et découvrez un monde de tromperie et d'héroïsme mal placé, où personne n'est vraiment ce qu'il semble être. [Dark Fantasy]


#Table des matières.

(Liste des personnages principaux, contient du spoil pour qui n'aurait pas achevé la lecture de la première partie.)

-PREMIÈRE PARTIE-

Prologue -Tarquin-
I -Le Chien-
II -Kaepora-
III -Malon-
IV -Le Chien-
V -Linebeck- /!\ Présence de scènes explicites
VI -Tarquin/Le Chien/Malon-
VII -Kaepora-
VIII -Dumor-
IX -Le Chien/Saria/Malon/Le Chien/Ishtar-
X -Le Chien- (1ère partie)(2e partie)

-DEUXIÈME PARTIE-

XI -Feena-
XII -Lars-
XIII -Malon/Ishtar/Tarquin-
XIV -Linebeck-
XV -Kaepora-
XVI -Tarquin- (1ère partie)(2ème partie)
XVII -Linebeck-
XVIII -Feena-
XIX -Kaepora-
XX -Le Tournoi-

FIN


-The Legend of Zelda : Triangle de Haine :  [EN COURS]

Triangle de Haine est le deuxième volet de la trilogie du Triangle. Alors qu'Hyrule s'embourbe dans la crise et la guerre civile, les nations voisines ourdissent des plans d'invasions qui risquent de sonner le glas de la nation Hylienne. [Dark Fantasy]


#Table des matières.

-PREMIÈRE PARTIE-

Prologue -Keeta-
I -Feena-
II -Roy-
III -Mikau-


-La Pièce d'Argent : Prologue au Triangle de Pouvoir : [NOUVELLE]

Ecrit à l'occasion du concours d'écriture 2012 organisé par Krystal pour le premier tour, ce court texte se place dans le même univers que la Trilogie, et relate des évènements antérieurs au début de Triangle de Pouvoir. Il est recommandé d'en faire la lecture après avoir achevé Triangle de Pouvoir. [Dark Fantasy]

Texte intégral


-Tarquin le Tambourin : [NOUVELLE]

Sans être vraiment un prologue à la Trilogie, Tarquin le Tambourin (Initialement écrit pour le concours de l'Hyrulo-Vision organisé par GdO) n'en reste pas moins le texte fondateur de l'univers du Triangle. On y retrouve le personnage de Tarquin Qu'un-Oeil (bien que dans une version différente) ainsi que quelques thèmes évoqués dans la Trilogie. Le texte est un peu vieux, mais je pense qu'il peut être intéréssant pour ceux qui sont curieux de savoir d'où est venue la Trilogie. [Récit]

Texte intégral

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[align=center]Le Cycle du Rouge[/align]



Livre I : La Fin du Rêve.


Chapitre 1: Solanéa. (Première Partie)


L’automne arrivait doucement, la bise s’intensifiait, et les arbres se paraient de couleurs plus chaudes. Pourtant, si loin dans le sud, sur la petite île de Solanéa, l’été était encore bien présent. Le Soleil tapait fort et l’on  paressait à l’ombre. On tondait les moutons, pour récupérer la laine Solanéene, prisée par les grandes dames du Nord, du Continent.
Solanéa n’était pas bien grande, pour certain un simple îlot comparé à l’immensité du Continent. Il y avait sur cette île, un petit village reculé, perdu à la pointe méridionale de l’île, niché en haut d’une falaise et bordé d’une forêt de sapins. Ce n’était guère qu’un hameau, composé d’une dizaine de maisons. On appelait ce lieu la Dent d’Ours, en raison de sa position géographique. A dire vrai, seuls les gens de l’île connaissaient la Dent et les gens du Continent l’avaient depuis longtemps oubliée.

Il y avait donc une forêt de sapins, en bordure du village. Une forêt aux arbres serrés, où régnaient l’obscurité et l’humidité et avait de ce fait acquis la réputation d’être hantée par quelques esprits. Il fallait également faire attention car le bois se finissait sans crier gare sur un à-pic vertigineux à flanc de falaise qui vous entraînait vous briser sur les rochers.
Et malgré tout cela, nombre de voyageurs venaient arpenter les sentiers à peine dessinés de cette forêt. Parmi eux, se trouvait un jeune garçon, originaire de la Dent. Il ne devait avoir que six ans, ou pas loin, mais il vagabondait dans la forêt sans crainte ni peur, peut-être par inconscience… ou par courage.
En ce temps, le trafic maritime avait fortement évolué et les navires charriaient avec eux les rumeurs de la guerre, et nombre de réfugiés cherchant abris à Solanéa. Parmi eux se trouvait un homme d’âge mûr, vêtu d’une robe ample et auburn. Avec lui cheminait une jeune femme, très belle de visage et aux manières douces. Si fait, ils avaient entendus parler de la Dent de l’Ours et c’est vers ce lieu qu’ils se dirigeaient d’un pas pressé, quoique sûr. Ce faisant, ils pénétrèrent dans la forêt qui bordait la Dent. L’homme rassura sa compagne d’un murmure et ils pressèrent leur âne qui rechignait à entrer. Ils progressèrent quelques instants sans rien croiser, et au bout d’un moment ils s’assirent sur le tapis de mousse qui recouvrait le sol du bois et ils firent un repas de pain et de fromage.
-Vous qui êtes entrés en mon domaine, vous qui ne craignez pas mon courroux, acquittez-vous du droit de passage ou rebroussez chemin dans l’instant, fit soudain une voix surgie de nul part.
Elle se voulait forte et menaçante, mais le son était si aigu qu’on devinait la candeur de l’enfance. L’homme se leva, ramassa son bâton de marche et leva son autre main, souriant.
-Je vous demande pardon, messire, mais nous ignorions que cette forêt était vôtre. Nous ne sommes que de simples voyageurs sans argent et nous ralliions la Dent de l’Ours. Montrez-vous, messire, et nous pourrons parler.
Un buisson s’agita un peu à l’écart du sentier qu’ils suivaient. Un petit garçon en sortit. Il était de taille moyenne pour son âge. Ses cheveux, d’un rouge sombre comme le sang séché, lui arrivaient aux épaules en mèches indisciplinées. Son regard vert intense et résolu fixait le voyageur dans les yeux. Il était habillé d’un vêtement en toile grossière et portait au côté un long bâton droit, à la manière des chevaliers, qui devait lui peser vu qu’il se penchait un peu vers la droite.
-Je suis le Maître de la forêt, un chevalier de premier ordre, mais vous pouvez m’appeler Samyel.
L’homme s’inclina avec un sourire.
-Messire Samyel.
-Vous voulez passer …
-C’est exacte Messire.
-Messire Samyel, le corrigea-t-il. Il vous faut vous acquitter d’un droit de passage.
-Nous n’avons pas d’argent, Messire Samyel.
-Je ne vous en ai pas demandé.
-Que voulez vous, messire Samyël ?
-Battez vous contre moi.
-C’est impossible. Je ne suis pas un guerrier, messire Samyël.
Le garçon s’assit sur une souche, un peu à l’écart du sentier. Son regard intense ne quittait l’homme. « S’il avait été plus vieux, je l’aurais cru s’il m’aurait dit être chevalier », pensa-t-il. Il y avait dans son regard un éclat, une flamme de bravoure, et, malgré son très jeune âge, on l’aurait cru capable d’affronter n’importe quel adversaire.
-Dans ce cas enseignez moi quelque chose, reprit le garçon.
-Que voulez vous savoir, messire Samyël ?
-N’importe. Du moment que c’est quelques chose que je ne connaisse pas ni votre nom.
-J’ai 31 ans.
-J’en suis heureux.
-Me laisserez vous passer, messire Samyël ?
-Non.
-J’ai remplis votre condition.
-Certes non.
-Je vous ai appris quelque chose.
-Je ne le pense pas.
-Je vous ai dit mon âge, et j’aime à penser que vous ne le connaissiez pas, messire Samyël.
-Si, répondit le garçon.
-Et comment cela ?
-Je suis magicien. Ne vous l’avais-je point dis ?
-Je ne pense pas.
-Dans ce cas vous me devez une faveur.
-Pourquoi cela ?
-Je vous ai appris quelque chose. Il est donc normal que vous me donniez quelque chose en retour.
L’homme sourit devant l’intelligence poignante de l’enfant.
-Permettez moi d’insister, messire Samyël, mais comment avez vous fait pour connaître mon âge, comment vous y êtes vous pris ?
-Et bien c’est simple. Je vous ai jeté un envoûtement.
-Vraiment ? Quel genre d’envoûtement ?
-Un magicien ne révèle jamais ses secrets.
-C’est exact. Maintenant que je sais que nous sommes confrères, je me permets donc de ne plus vous donner du messire.
Le garçon en resta un moment interdit. 
 -Vous êtes magiciens ?
-C’est encore exacte.
-Vous êtes le premier que je rencontre. Mais n’allez pas croire que vous m’impressionner, je suis chevalier !
-Je n’en ai jamais douté un seul instant (et en un sens, c’était vrai…).
-Dans ce cas enseignez moi la magie.
-Je ne le puis.
-Pourquoi ?
-Je ne sais même pas si vous êtes apte à pratiquer les Arts.
-Je le suis.
-Comment le savez vous ?
-Je le sens.
-Intéressant. Il faudra que nous en reparlions dans un futur prochain. Vivez vous à la Dent ?
-Oui. Enfin non. J’habite la petite maison au bord de la falaise, tout au sud du village, avec Grand Père.
-Parfait. C’est là bas que nous nous rendons, ma femme et moi, pour emménager.
-Dans ce cas vous pourrez tenir votre promesse et vous me parlerez de la magie.
-Sans problème. Puis-je poursuivre notre route ?
-Oui.
Le mage remercia l’enfant et repris le petit sentier qui zigzaguait entre les arbres. Lorsque sa compagne voulut le suivre, le garçon l’en empêcha en lui barrant le chemin avec son bâton.
-Désolé, mais vous n’êtes pas encore autorisée à passer.
La femme parut surprise au début, puis adressa à Samyël le même sourire doux qu’aurait eu une mère pour son fils.
-Enseignez moi quelque chose, où battez vous contre moi, comme vous préférez.
Elle le prit alors dans ses bras, et le serra contre son cœur, tendrement. Le garçon en perdit tous ses moyens, et lorsqu’elle se sépara de lui, il resta debout, interdit. Le couple repartit, et lui resta ainsi un moment.
Il ne le savait pas encore mais il venait d’apprendre une chose fondamentale.[/list]

Ganon d'Orphée:
Je dois dire que ce cycle est très très bien. Vraiment je conseille aux membres de le lire, c'est très bien écrit et l'histoire vous emporte au fur et à mesure de son avancement.

Vraiment, beau boulot Samyël !

Prince du Crépuscule:
C'est très bien écrit, Samyël, c'est un début très prenant et prometteur pour la suite, j'apprécie la manière dont tu plantes le décor et l'intrigue, le calme avant la tempête si l'on préfère. Je ne trouve pas ton style lent et lourd, mais je ne suis pas un très bon exemple pour juger de cela, puisque je lis beaucoup! Moi je me serais même plus appesanti sur la description, dans la retranscritption d'ambiance, quelques membres en sont témoins! ^^ Tu mènes bien le dialogue, en le faisant progresser de manière intéressante et attachante, tes personnages se démarquent dès le début, surtout Samyël, car c'est le héros bien évidemment, lui conférant une prestance et une personnalité attrayantes dès le départ. J'aurais quant à moi plus insisté sur les perceptions sensorielles et le toucher des senteurs narratives, ou alors glisser ces notions poétiques qui me sont chères, mais là n'est que mon style, je ne puis t'y contraindre, et puis j'aime bien ton récit comme il est.

C'est drôle, mais j'ai une légère impression de retrouver dans tes écrits une part à la Ganon d'Orphée, je vous trouve assez similaires, comme dans la situation initiale sur une île isolée, l'enfant vivant paisiblement loin de la guerre avec un membre autre que ses parents, le vieux magicien qui débarque sur l'île... Franchement, il faudrait que tu lises la fiction de Ganon d'Orphée, Samyël, je t'y invite fortement que tu puisses en juger de toi-même, d'autant que c'est très bien écrit et prenant! J'ai hâte de voir comment cela se démarquera, comment l'intrigue évoluera et de la manière dont tu la dépeindras, j'attends la suite avec une certaine impatience, cher confrère! Je conseille aux membres de lire ce début de fiction, c'est très plaisant! Bonne continuation, Great Magician Samyël!:)

Great Magician Samyël:
Merci à vous deux pour vos commentaires ^^

Ganon d'Orphée le confirmera, j'ai écrit ce chapitre avant que lui même n'écrive le début de son histoire Fortune, que j'ai lu ^^
Pour ma part, j'avoue m'être inspiré d'autres auteurs pour le début de mon histoire, en particulier Ursula.K.Leguin (une auteur americaine que j'adore^^). Et en plus, mon "vieux mage n'a moi", il a que 31 ans ^^

Place mnt au récit, avec la suite et fin du chapitre 1^^

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Chapitre 1: Solanéa. (2e partie.)


Le mage s’appelait Rirjk et sa femme Erika. Ils étaient tous deux originaires d’un petit royaume, loin dans le Nord. Si elle ne parlait pas beaucoup, lui répondait volontiers à toutes les questions qu’on lui posait.
Ils s’installèrent dans la petite hutte qu’habitait avant la veuve du tanneur, un tout petit peu à l’écart du village. . Celle-ci était morte de vieillesse, un matin d’automne, mais on avait découvert le corps qu’une semaine plus tard… La pauvre avait quitté ce monde seule et ignorée de tous…
Sur Solanéa, toutes les maisons étaient faites de torchis et de chaume, des denrées qu’on trouvait en abondance sur l’île. La Dent ne comptait que six maisons, quatorze âmes et quelques têtes de bétail. 
La femme de Rirjk, Erika, était enceinte et arrivait à son terme aussi ne tarda-t-elle guère à donner naissance à son fils. Ils le nommèrent Erik.
Dès qu’il le pouvait, Samyel se rendait chez eux, conformément à la promesse de Rirjk.
-Tu dois t’acquitter de ta dette, lui dit un jour le jeune garçon, deux ou trois jours après leur rencontre.
Rirjk alluma un feu dans le petit âtre de pierre qu’il avait construit. Puis il y mit à cuire deux lapins qu’il avait achetés et dépecés la veille.
-Très bien, fût sa réponse. Que veux-tu savoir ?
Le garçon resta un moment pensif. Il voulait tout savoir tout de suite ! Peu avant sa venue, il s’était débarbouillé à la fontaine claire qui coulait dans «sa » forêt. Et grâce à cela, Rirjk put s’émerveiller de la couleur des cheveux de l’enfant, jusque là cachée par la crasse. Un magnifique rouge sombre, semblable au sang séché….
-Parle-moi de ce que je dois savoir.
Encore une fois, Rirjk s’étonna agréablement de la finesse d’esprit de Samyel.
-Fort bien. Hum… par où commencer ? (il sortit un fin morceau de craie d’une des nombreuses bourses suspendues à la cheminée par des clous.) Fais tourner les lapins ! Bon ! Tout d’abord, tu dois savoir que l’Art se divise en sept disciplines distinctes, avec quelques ramifications pour certaines. (il commença à écrire des mots à même le sol ; Samyel s’en émerveilla car c’était la première fois qu’il voyait des lettres)
Il désigna l’un de ces mots.
-Ce sont des symboles magiques ? C’est un enchantement ?
Rirjk rejeta la tête en arrière et partit d’un grand éclat de rire. Il ébouriffa les cheveux du garçon   .
-Non, Non, rien de tout cela. C’est ce qu’on appelle «l’Ecriture ». Tu vois, chaque symbole, c’est une lettre. ( il désigna la première lettre d’un des mots) Ça, c’est un « A ».
-Aaaaa… prononça Samyel avec un rictus comique.
-Voilà ! Là, c’est un « L », ici un « T » etc… De fil en aiguille ça donne A-L-T-E-R-A-T-I-O-N. Grâce à l’Ecriture, on peut… comment expliquer… s’exprimer, au  travers d’un support visuel.
Émerveillé, mais ne saisissant pas encore toute l’ampleur de ce système, Samyel enchaîna les questions :
-Combien y-a-t-il de lettres ? Doit-on les écrire dans un ordre précis ? Comment s’écrit mon nom ?
-Holà ! Holà, calme ta fougue. Regarde. Tu as oublié les lapins. Ils vont mal cuire.
Samyel s’empourpra et bredouilla une excuse. 
-Les réponses à tes questions viendront avec le temps. Pour l’instant, réintéressons nous à nos sept Disciplines.
Le temps était doux, et le feu émettait une agréable chaleur. Dans le lointain, on entendait les cloches d’un troupeau de moutons.
-La magie se divise donc en sept disciplines, sept branches qui forment un tout, qu’on appelle l’Art ; la magie. Ici (il pointa avec sa craie l’un des mots qu’il avait écrit), nous avons l’Altération. Pour ne rien te cacher, c’est la discipline que l’on considère comme « vulgaire ». Beaucoup de mages se refusent à la pratiquer, sous prétexte qu’elle est indigne d’eux…
Rirjk n’avait pas l’air de porter ces hommes dans son cœur.
-Pourtant, enchaîna-t-il,  c’est une des discipline la plus difficile à maîtriser dans les niveaux supérieurs.
-Quelle est sa nature, à quoi sert-elle ?
-Une très bonne question. J’y venais. Par définition, c’est l’art d’influencer la matière pour modifier la réalité présente. Je sais, c’est pleins de termes compliqués mais arrête de me regarder avec ces yeux là. Concrètement, avec cette discipline, je peux changer la réalité de ce morceau de craie pour en faire quelque chose de nouveau.
Pour illustrer son propos, il prononça deux mots de pouvoir, et la craie dans un crépitement chargé d’énergie visible, se modifia et pris la forme d’un petit homme, de la taille d’un pouce. Samyël, éberlué, s’était reculé en rampant, instinctivement.
-Et bien, messire Chevalier, je pensais que rien ne vous faisait peur ?, rappela ironiquement Rirjk.
Son amour propre reprit le dessus et Samyël se rapprocha de nouveau.
-Hum…, non, non, bien sûr que non. Un moment d’égarement, sûrement.
Rirjk sourit.
-Ce n’est qu’une des propriétés de l’Altération. On peut, et c’est à cause de ça qu’on la qualifie de la sorte, on peut aussi créer des illusions, en déformant la réalité de l’air.
Le gamin hocha la tête, sans vraiment comprendre.
-La deuxième discipline, c’est l’art de l’Evocation, ou de l’invocation, les deux termes s’emploient. C’est l’art « d’appeler »… des choses.
-Quels genres de choses ?
-Mm…. Beaucoup de choses… Des animaux, des esprits de la nature, des…
Rirjk s’apprêtait à dire quelque chose mais se ravisa au dernier moment.
-Je suis désolé, mon garçon, mais je ne peux pas t’apprendre grand chose sur le sujet. Moi même je ne la pratique pas… Enfin, la leçon est finie pour aujourd’hui.
-Ho, non ! S’il te plaît, j’ai encore beaucoup de questions !
-Et moi j’ai faim, et voilà justement ma douce et tendre qui revient. Tu manges avec nous ?

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Etant donné que le texte est plus court, j'en profite pour placer une nouvelle que j'avais écrite pour un concours organisé par NicO l'année dernière. Elle met en scène un personnage, Falenz (se prononce Fa-Lé-N-Ze), qui apparaîtra dans le Cycle, beaucoup plus tard^^ (cependant, ce n'était qu'une version d'essaie de ce perso sur le plan psycologique). j'en dis pas plus... J'attends vos avis ^^ (hey une dernière chose, l'action ne se passe pas dans le monde de Samyël)
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Falenz
-Plus de puissance !, hurla Falenz pour se faire entendre dans la tourmente. Bâbord toute ! Canonniers ! A vos pièces !
Une agitation frénétique régnait sur le pont du Nostradamus II. Un bruit sourd se fit entendre tandis que des planches étaient littéralement arrachées du pont. Autour du l’immense vaisseau, une tempête se déchaînait, vrillant le ciel alentour d’éclaire. Des vents d’une extrême violence ballottaient le navire comme un fétu de paille, et cela malgré la puissance impressionnante de ses réacteurs.
Falenz s’accrocha au bastingage pour éviter de passer par-dessus bord –et une belle chute de plusieurs kilomètre avec.
Une deuxième détonation rugit dans le lointain. Une bref lueur éclaira les cieux agités, fonçant vers le Nostradamus. Une explosion ébranla le massif vaisseau et un homme se retrouva avec la moitié supérieur du corps en moins.
-On nous tire dessus Capitaine !, rugit le timonier.
-J’avais remarqué Mr Smith !, répliqua Falenz.
D’un regard noir, le capitaine sonda la masse de nuages, cherchant un ennemie sur qui décharger les réserves de munitions de son bateau.
Une tempête lumineuse éclata devant ses yeux, l’aveuglant. Un rugissement du diable lui vrilla les tympans.
-Captinaiiiiiiine !!! Baissez vous ! Vite !
L’enfer se déchaîna sur le pont du Nostradamus.

Il viendra du ciel…
Cette phrase tournait et tournait dans la tête de Denna.
La jeune femme reporta son attention sur la carte qu’elle étudiait. Bien qu’elle y soit habitué, l’immensité du monde qui l’entourait la terrorisait toujours. Sa ville n’était qu’un grain de poussière dans l’univers !
-Quelque chose te tracasse, denna ?, demanda une voix grave.
Se soustrayant à l’emprise quasi hypnotique du parchemin, elle leva la tête. L’homme qui lui avait parlé se nommer Uriel. Enfin, se nommait Uriel.
Un spectre immatériel lui rendit son regard. De couleur bleu transparent, l’hologramme avait l’apparence de l’homme de qui il avait reçu la mémoire.
-Voulez vous que nous changions de registre ? Qu’est-ce qui vous ferez plaisir ? Mon programme contient nombre de sujet. Voulez vous étudiez les épopées homérique ou bien un peu d’histoire de l’art ?
-Homérique ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Un léger soubresaut parcouru Uriel. Il pencha un peu la tête et une voix de machine sortit de sa bouche.
-Erreur programme, erreur programme. Question non prise en compte. Changez de requête. Effacement des fichiers système dans dix secondes… neuf…
-C’est bon c’est bon ! Changement de requête !
L’hologramme ferma les yeux. Il y eut un léger bip.
-Je suis votre fidèle serviteur. Que puis-je faire pour vous agréer ?
Denna tapota son stylo contre sa lèvre inférieur pendant quelques instants, pensive.
Il viendra du ciel…

-Eteignez moi ce feu !, tonna Falenz tout en retirant sa chemise en flamme.
L’incendie se propageait comme une traînée de poudre. Plusieurs matelots avaient trouvé la mort, instantanément carbonisés.
Le navire volant fit une embardée, sous la poussé d’un vent particulièrement violent, ce qui lui permit d’éviter de justesse un tir ennemi. Le bref flash que la détonation dispensa permit à Falenz de localiser le vaisseau adverse.
-canonnier, à vos pièces !, ordonna-t-il.
Les canons alignés le long du bastingage furent rapidement en état de marche. Leurs servants les chargèrent en boulet qu’ils enflammèrent avec de l’huile.
-Visez ! Feu !
Les obus s’élancèrent vers leur cible à une vitesse hallucinantes. Depuis sa position et malgré la tempête qui diminuait sa vue, Falenz estima les dégât plutôt important.
Se retournant vers ses hommes, il avisa ceux subît par son propre navire.
Les flammes continuaient de dévorer le pont fait de planche en bois tandis qu’elles n’entamaient pas la coque en alliage. Cette dernière était l’aboutissement de plusieurs années de travaux intensifs de la part des mineurs de Kharkag, des nains qui vouaient leur vie au culte des Dieux Machines.
-Mr Smith ! Quatre vingt dix degrés bâbord ! Armez l’Obusier de proue ! Et éteignez moi ce feu !
Aussitôt, les hommes s’exécutèrent.

-Quelque chose te tracasse, Denna ?, demanda Uriel de sa voix grave.
Ses yeux vides d’émotions fixaient la jeune fille qui s’était levée pour observer quelque chose par la fenêtre.
-La tempête sera bientôt sur nous, constata-t-elle.
De lourd nuages d’orages avançaient lentement vers la ville, obscurcissant tout ce qu’ils recouvraient. De temps à autre, de brefs éclats lumineux –qu’elle prenait pour des éclairs- illuminaient le ciel obscure.   
-Je reviens !, lança Denna à l’hologramme tout en empruntant l’escalier qui menait au rez-de-chaussée.
Ses parents se tenaient sur le seuil de leur maison, fixant les cieux l’air inquiet.
-‘man, ‘pa ! Qu’est-ce qui ne va pas ?
Les deux adultes se tournèrent vers leur fille.
-Tu as entendu parler de ces pirates des cieux venus de Westmarch ?
-Ceux qui ont traversé Bilka et Myridion en ligne droite sur un navire à la pointe de la technologie volé au Gouvernement ?
-C’est ça. Et bien figure toi que ton père pense qu’ils sont en ce moment même en train de livrer bataille à une frégate de l’armée.
Cette information parut étonner la jeune fille.
-Mais d’après le dernier rapport ils auraient dû se trouver près de Sandrosis !
Pour toute réponse, son père lui tendit une petite longue-vue. Portant la lunette à son œil, Denna la dirigea vers la source des présumés éclaires.
Elle repéra aussitôt l’énorme bâtiment en feu. Sur sa coque était peint deux dents pointus, de chaque côté de la proue et son nom était inscrit en lettre capitale rouge : Nostradamus II.

L’Obusier était la plus grosse pièce d’artillerie encore jamais conçu pour un navire volant. Fixé à l’avant du vaisseau, sur un plaque tournante lui assurant une mobilité optimale, ce canon était capable de tirer des obus de plus de cinquante millimètres à une vitesse maximale de deux cent kilomètre heure. De plus, un ingénieux système de plaque coulissantes permettait de tirer à répétition avec un intervalle de deux à trois secondes entre chaque coup.
Les yeux rivés sur le bâtiment ennemie, Falenz supervisait la mise en place du canon.
-Chargez cinq boulet de trente ! Visez leurs réacteurs, si nous les immobilisons les aborder nous sera facile !       
Depuis la dernière salve, aucune riposte n’avait été tiré du camp adverse. Cela rassurait le capitaine du Nostradamus car cela signifiait qu’ils leur avaient sûrement détruit plusieurs canons.
Ses hommes s’affairaient toujours à endiguer l’incendie. Cela s’avérait plus difficile que prévus à cause du vent qui renforçait le feu. S’ils ne parvenaient pas très vite à enrayer la catastrophe, le pont risquait de s’écrouler.
Et ça, il ne pouvait ce le permettre !
Quelque chose tira sur son bras et le visage exsangue de la vigie lui apparut. Aussitôt, Falenz su que quelque chose n’allait pas car il avait rarement vu son officier dans un tel état.
-Que se basse-t-il Mr. Zarok ?
L’homme pointa son doigt vers le navire ennemie.
-Notre ennemie est un Capitaine Corsaire…
Falenz jura entre ses dents serrés.
Un Corsaire ! Il ne manquait plus que ça !
Se reconcentrant sur la bataille, il constata avec satisfaction que le feu était maîtrisé petit à petit.
-Obusier chargé capitaine !, cria un homme de la proue.
-Parfait ! Visez leurs réacteurs ! A mon commandement… Feu !
Les canonniers enclenchèrent la mise à feu. Les boulets partirent comme des flèches.
Des explosions se firent entendrent tandis que des trous impressionnants se formaient dans la coque du navire ennemi.
Une ovation salua cette performance.

Denna se remémora sa visite à la Voyante du village, quelques heures plutôt.
-Comment sera l’homme que j’aimerais ?
-Il viendra du ciel, c’est tout ce que je vois.
La jeune fille chassa ces souvenirs.
Une détonation lui fit lever les yeux. Les deux bateaux des cieux continuaient de se battre, avançant toujours vers son village. Le Nostradamus venait d’envoyer une salve particulièrement bien centrée, qui avait visiblement infligé de lourds dégâts à son adversaire.
Les villageois s’étaient réunis sur la place du village et tenaient un conciliabule.
-Que devons nous faire ?, demanda le père de Denna.
-Il faut les abattre ! Nous avons nos propres armes !
-Mais s’ils survivent, ils descendront sur nous !
-Si l’on ne fait rien, ils survivront de toute façon !
-Parvis a raison ! Que ceux qui tiennent au village me suivent aux canons !

-Messieurs, à vos armes ! Préparez vous à l’abordage !
Pendant que son équipage s’armait, le Nostradamus avala la distance qui le séparait de son opposant.
Falenz pouvait à présent voir les combattant du Rouge de Saliblie –le vaisseau du Corsaire- qui se regroupait en ligne devant le bastingage.
Le capitaine pirate sourit : Ils étaient nettement moins nombreux !
La proue du Nostradamus percuta le flan du Rouge de Saliblie. Un tremblement furieux parcourue les deux navires tandis que le Rouge se pliait sous l’impact.
Falenz fut rapidement de nouveau sur pied.
Brandissant son arbalète de poing, il visa le premier homme qu’il vit. Le carreau partit comme le vent.
Falenz était un tireur invétéré et son trait toucha l’homme en plein entre les yeux.
Deux des ses hommes apportèrent une petite passerelle qui relia les deux vaisseaux.
Vif comme l’éclaire, Falenz sauta dessus et, tirant son épée, tua l’homme qui voulait repousser le pont. Il bondit au-dessus de son prochain adversaire et le décapita. De l’autre main, il jeta son arbalète sur l’ennemi le plus proche, qui bascula par-dessus bord. Les pirates envahissaient le pont du Rouge. Les combats éclataient partout sur le pont du navire Corsaire.
Falenz fauchait ses ennemies avec une précisions mortelle, n’accordant que quelques secondes à ses adversaires avant de les achever. Il jubilait intérieurement.
Comme cela était facile !
Soudain, un changement dans l’air attira son attention. Par réflexe, il attira son allié le plus proche devant lui, juste avant qu’un éclaire ne le frappe. Réduit à un tas de cendre pulvérulent, ce qui restait du pirate roula sur le pont puis fut emporté par le vent furieux.
« Un Psychik ! », pensa Falenz.
Des yeux il chercha sa proie. Il bondit sur le côté, évitant de justesse un autre éclaire.
Le capitaine pirate arracha son bouclier à un ennemi et fonça vers le jeteur d’éclaires. Il évita d’autres tirs surnaturels puis bondit en avant, bouclier devant le visage et épée brandit. Il sentit un résistance alors que son bouclier prenait subitement feu. Il s’en débarrassa d’une torsion du poignet et retira son épée du corps du Psychik, un homme pouvant commander aux éléments. Enfin, qui pouvait.
Une secousse particulièrement violente ébranla les navires, jetant tous les combattants au sol. Plusieurs détonations retentirent, suivit par un horrible craquement. Falenz se releva d’un bond et pâlit, assistant impuissant à la chute de son bateau, et avec lui un bon nombre de ses hommes ainsi que toute sa fortune.

Des cris de joie jaillirent de la foule massée sur la grand’place. Les canons placés à intervalles réguliers sur les fortification étaient braqués vers le ciel.
Tous les villageois regardaient avec plaisir le grand vaisseau qui chutait doucement, comme dans un cauchemar, vers le sol.
Denna ne pu s’empêcher de vomir lorsqu’elle vit les petites silhouettes qui tombaient du navire…

-Mon bâtiment…, souffla Falenz, ahurit.
Tout le monde était dans le même état d’hébétude que lui. Mais les hommes du Corsaire se reprirent vite, tout comme les pirates. Les combats recommencèrent.
Malgré les lourdes pertes dû à la chute du Nostradamus, il ne resta bientôt plus que quelques hommes pour tenir tête à Falenz et son équipage.
D’un pas furieux, il se dirigea vers la cabine du capitaine, deux hommes sur les talon. Il ouvrit la porte d’un coup de pied rageur et entra précipitamment, épée au poing.
La pièce était spacieuse et élégamment meublée. Une grande carte était étalée sur un bureau, un tapis délicat couvrait le sol et des hublots donnaient vu sur l’extérieur.
Dans une alcôve, un homme leur tournait le dos.
De taille moyenne, il caressait une statue de chat en or qui lui arrivait au niveau du torse.
Falenz pointa son arme sur lui.
-J’ai pris votre navire… Et pour la perte du mien, vous allez devoir payer de votre vie.
Le Corsaire se tourna vers lui, un sourire aux lèvres.
-Je ne vois pas de quel navire vous parlez, par contre je suis sûr d’une chose : Je ne mourrait pas seul.
Et sur ces mots il s’écarta.
Falenz écarquilla les yeux de surprise et de peur.
Une mèche sortait de la tête de la statue et elle était allumée.
Une bombe ! Le Corsaire voulait faire exploser son navire pour détruire ce qui restait des pirates !
Jurant, Falenz abattit frénétiquement son épée sur la mèche qui rétrécissait à vue d’œil. Un ting sonore répondit à son attaque. Horrifié, le pirate remarqua que sa cible était protégée par un petit tube en métal transparent –un autre alliage nain.
Faisant volte-face, il se précipita vers la sortie, tandis que le Corsaire éclatait de rire.
-Ecartez vous, bande de crétins !, hurla Falenz à ses larbins.
Comme ils ne semblaient pas comprendre la situation, il les décapita d’un coup, puis enjamba leur corps pour sortir.
Courant comme un damné, il émergea sur le pont, sous les regards de ses hommes.
Paniqué et désespéré, il chercha un moyen de sortir de ce mauvais pas. Et n’en trouva aucun. Hurlant comme un fou, il sauta par-dessus bord.
Au même moment, le Rouge de Saliblie explosa.

-Ce n’est pas la peine, soupira sa mère, il n’y plus rien ici. L’explosion était trop puissante. Personne n’aurait pu y survivre, et encore moins à une chute pareille…
Ecartant un buisson, Denna entra dans la clairière où reposaient les restes calcinés du Rouge de Saliblie. Le carnage la fit frissonner.
Des membres humains à la chair calcinée gisaient un peu partout. Des débris explosés ou encore en feu étaient profondément enfoncés dans le sol.
-Ba… ce n’est plus notre affaire… Viens, Denna, rentrons.
-Oui maman…
Alors qu’elle se retournait, un bruit attira son attention. Son cœur fit un bond lorsqu’elle s’aperçut que quelqu’un était couché dans un fourré.
S’approchant, elle découvrit un homme de grande taille, aux cheveux bruns. Une épée rougie de sang était encore dans sa main. Des branches cassées gisaient près de lui. L’inconnu remua faiblement.
Denna se jeta par terre et lui releva la tête.
L’homme rouvrit les yeux.
-ça va ?, demanda la jeune femme.
Il hocha faiblement la tête.
-Qui êtes vous ?, continua-t-elle.
-Falenz…
-Vous êtes un pirate ?
Il fronça les sourcilles, cherchant dans sa mémoire.
-Je ne sais pas, avoua-t-il.
-Ce n’est pas grave. Je vais appeler des secours. Maman ! Il y a un survivant ! Ici !
L’inconnu lui sourit tristement puis referma les yeux.
Denna aussi sourît.
Il viendra du ciel… 

Great Magician Samyël:
Hop hop, petit double post discret héhé ^^ Je mets en ligne le chapitre 2!

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Chapitre 2: Grand père.



Samyël remontait la petite pente qui le ramènerait chez lui, au bord de la falaise. La senteur des sapins et de la résine qui l’entourait le mettait de bonne humeur. Il avait la tête pleine de magie, de miracles et de rêves. Rirjk lui avait ouvert la porte sur un autre monde, un monde merveilleux, et il comptait bien l’explorer ! Les lapins, bien que mal cuits par endroits, s’étaient avérés délicieux et Samyël était repus. Il s’arrêta un moment pour contempler le paysage qui s’étalait à ses pieds.
Il apercevait les villages du nord de l’île, à peine plus grands que la Dent, mais pour l’esprit simple de Samyël, qui n’avait toujours connu que la nature et la campagne, ça représentait beaucoup de monde. Le ciel était clair et il parvint à distinguer le port de l’île, le plus au nord de Solanéa. Il était installé au seul endroit où il était possible d’amarrer des bateaux, car les côtes de l’île était faites de falaises qui s’élevait jusqu’à atteindre leur point culminant, ici, à la Dent d’Ours. Elles étaient hautes d’au moins quatre cents mètres ici, mais seulement une vingtaine aux endroits les plus bas de l’île. Ce port s'appelait Gontarion. Pour Samyël, ce devait être un endroit grouillant d’animations, avec des hommes partout, affairés à retaper des bateaux, décharger les produits, commercer… Il s’imaginait un endroit merveilleux, plein de vie. Car, secrètement, et même s’il aimait beaucoup sa chère forêt, ainsi que les hautes falaises où il s’asseyait souvent pour contempler le soleil couchant embraser la mer, secrètement, il rêvait d’autre chose. D’aventures. Son esprit d’enfant l’y aidait beaucoup, stimulant son imagination.
Et puis il y avait Grand-père.
Samyël l’adorait, d’une part parce qu’il était sa seule famille, d’autre part parce que c’était un homme bon, doux, tranquille, rieur et un fabuleux conteurs. Et des histoires, il en avait tout un tas. Et un des grands plaisirs de Samyel était d’écouter son grand-père, enroulé dans une couverture, le soir près du feu, lorsqu’il lui racontait une histoire. Sa préférée était la légende d’Aegir le Brave, et de ses fidèles chevaliers. Beaucoup considéraient cette histoire comme une fable, un vieux récit bon à amuser les enfants ou être chanté par les bardes, mais son grand-père tenait un tout autre propos. Pour lui, c’était Aegir (car il croyait dur comme fer que ce personnage avait réellement existé) qui avait forgé le monde d’aujourd’hui. Et il était d’ailleurs vrai que si l’on cherchait parmi les innombrables ouvrages de la Grande Bibliothèque de la cité Royale d’Arendia, parmi quelques tomes de généalogie, l’on pouvait découvrir que l’actuel roi d’Arch’Land était de la ligné d’un certain Aegir, qui aurait vécu durant la période sombre des années onze cent du calendrier. Aegir, donc, aurait fondé l’actuel Arch’Land, et ses nombreuses baronnies, qu’il aurait attribué à ses chevaliers, une fois sa quête accomplie.
C’était de là que Samyël voulait devenir Chevalier à la court.
Mais c’était un rêve, et même si le garçon voulait vraiment le devenir, il savait au fond de lui, que c’était irréalisable. Arendia, la cité royale, était si loin, sur le Continent. Le Continent… Ce nom évoquait pour Samyël quelque chose d’inconnu et de terrifiant, une angoisse profonde qu’il ne parvenait pas à refouler. Il se traitait souvent d’imbécile, pour avoir peur pour rien, que ce n’était pas digne d’un Chevalier. Pourtant… Pourtant, chaque fois qu’il posait les yeux sur l’immense masse sombre et terrible qu’était le Continent, s’étendant sur des milliers de kilomètres à l’horizon, chaque fois qu’il posait les yeux dessus, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un doute, une conviction profonde… Mais ça le dépassait et il n’y prenait pas garde.
Il arriva aux abords de la hutte. Son grand-père était assis sur le perron et fixait l’horizon, avec un léger sourire sur les lèvres. Il regardait souvent vers le Nord, avec dans les yeux comme… un regret. Un peu de mélancolie ou peut être de nostalgie. Samyël ne savait pas trop.
-Grand-père, je suis rentré !, lança-t-il joyeusement dès qu’il fut suffisamment proche.
-Ha, enfin. Je t’ai attendu. Il reste de la soupe.
-Non, ça ira. J’ai mangé avec Rirjk.
-Comment va-t-il ?
-Très bien ! Il m’a parlé de la magie ! Il a transformé de la craie en un petit bonhomme ! C’était magnifique !
-Tient donc, de la magie ?
-Oui, oui ! Il est magicien, à ce qu’il dit. Il m’a parlé de sept disciplines et de l’Art.
-Et que t’as-t-il dis ?
-Heu… beaucoup de chose, mais s’était compliqué et je n’ai pas tout compris. Mais en tout cas, c’était merveilleux ! Tu crois qu’il pourrait m’apprendre ?
-hum. Sans doutes. Si tu es suffisamment poli et sage.
Samyël s’assit à côté du vieil homme et ils regardèrent l’horizon qui ne tarderait pas à se teinter d’or.
- Grand père….
-Oui ?
-Qu’est-ce qu’il y a là bas (il pointa son doigt vers le Continent) ?
-Là bas… Il n’y a rien là bas. Il y a la guerre, la mort, le malheur…
-Mais… Tu y as vécu non ?
-Oui… et je regrette.
-Raconte moi comme était ta vie là bas, s’il te plaît.
Le vieil homme garda le silence, et l’espace d’un instant, seul le chant du vent fut audible.
-Non. Je ne peux et ne veux pas. C’est la seule histoire que tu n’entendras jamais.
-Pourquoi ?
-J’essaie de l’oublier, voilà tout…
Cette nuit là, Samyël eu du mal à trouver le sommeil. Il repensait sans cesse aux propos étranges de son grand-père. Qu’y avait-il de si terrible sur le Continent ? Sûrement rien. Mais… pourquoi avait-il cette étrange sensation chaque fois qu’il posait les yeux dessus ?
Il oublia bien vite ses doutes et ses interrogations. La magie, la magie, la magie ! Ce mot tournait et tournait dans sa tête comme une douce chanson. Pourtant, même s’il se sentait instinctivement attiré par cet art, il n’en oubliait pas moins ses rêves de chevalerie, de duel et d’épée. Et c’est en pensant à cela qu’il s’endormit.

-Alors le Seigneur descendit en ces terres et Il S’adressa à nous, pauvres brebis.
La foule était massée sur la place. Il faisait froid, en raison de la bise qui venait du nord. Tout le village était rassemblé là : le tanneur, le forgeron, le tailleur, le cordonnier, les mineurs et même les bûcherons, ainsi que les femmes, les enfants et les vieillards. Tous gardaient le silence et affichaient des visages fermés.
-Ne les écoutez pas ! Aidez nous !
Le cri venait du centre de la place. Cinq croix en bois massives étaient dressées, menaçantes, et étendaient leurs ombres noires dans le crépuscule.
-Silence, engeance du Mal !
Un gantelet d’acier se leva et s’écrasa sur le visage du malheureux Todd. Il y eu un horrible craquement, et quelques dents volèrent. Le pauvre homme s’écroula sur le pavé, la bouche en sang et ne bougea plus.
Un regard bleu, froid comme l’acier, parcourut la foule. Il remarqua quelques visages choqués, d’autre larmoyant, et certains regards haineux à son encontre. Il n’en avait cure. Après tout, n’était-il pas Eratius le Juste, grand Ordonnateur du Seigneur ? Il n’avait aucun compte à rendre devant ces bouseux.
Ce qui l’ennuyait le plus, c’était que ce mage –ce démon !- était peut être mort… Non pas que cela le dérangeait, mais cela pouvait donner une image négative à la populace de la Sainte Expédition.
Eratius se pencha un peu, dans un crissement d’amure et attrapa Todd par le col. Il le secoua un peu, mais l’autre ne remua guère. Il resta un moment prostré, se demandant que faire.
-Lâchez le !, cria soudainement un brave dans la foule. Il ne vous a, ou plutôt, vous ont rien fait ! On ne vous a rien demandé. C’est vous, les monstres, et non pas ces malheureux.
Un murmure abrobatteur parcourut la masse des paysans. Eratius, qui sentait la colère lui montait à la tête, se redressa lentement. Il s’avança, traînant le corps derrière lui et s’arrêta devant le fou qui avait osé braver sa fureur.
-Vous ne voyez donc pas ?
Eratius se maîtrisait pour ne pas éclater. Il ne fallait pas faire peur à ces gens, mais leur inspirer de la confiance.
-Ces créatures… ces mages… Ils vous mentent ! Ils vous parlent de miracles mais ce sont là l’œuvre du Mal !
-Peut être est-ce le Mal, mais lui nous soigne !
-Il protége nos champs !
-Guérie nos bêtes !
-C’est vous les monstres !
Eratius senti la colère lui montait à la tête. Ces misérables… comment osaient-ils ? C’était des insultes jetées à la face du Seigneur.
Il contracta son corps, et fit le vide dans son esprit.
-Vous ne m’avez pas écouté. Vous ne m’avez pas respecté, disait-il d’une voix calme mais ô combien terrifiante.
La foule en perdit un moment de sa belle assurance.
-Vous avez ouvertement refusé les Enseignements du Seigneur, mais pire que tout… Vous l’avez insulté, humilié ! (à présent il beuglait d’une voix forte et puissante)
Une lueur de fanatisme dément s’était allumée dans son regard.
-Et pour cela, reprit-il d’une voix monocorde et très faible, vous êtes perdus, j’aurais tenté de vous sauver.
Il rejoignit son lieutenant au centre de la place et jeta Todd sur le sol.
-Crucifiez les mages, matez tout début de révolte.
-Et que faisons nous d’eux ?
Eratius tira sa lourde épée ornée du symbole du Seigneur.
-Rappelez les troupes à l’intérieur du village. Ils sont déjà perdus, le Seigneur ait pitié de leur âme.
Le lieutenant eu un sourire féroce et acquiesça.
-Nous levons le camp au crépuscule. Qu’il n’y ait pas de survivants.


Le soir était tombé. La nuit avait repris ses droits et étendu son linceul de ténèbres sur le monde. En cette saison, la nuit était ponctuée du chant incessant de plusieurs insectes estivaux : grillon, criquet… Ici, dans les hauteurs de l’île, l’air était plein de petites lucioles, qui avaient l’étrange caractéristique de se colorer de différentes teintes. Et lorsqu’elles volaient dans la nuit, cela produisait un magnifique ballet de couleurs tournoyantes qui éclairait les alentours de chaudes couleurs : bleu, vert, rouge, jaune…    
C’était le spectacle favori de Samyël. Depuis qu’il était tout petit, il passait ses soirées d’été assis dans l’herbe à observer la magnificence de la scène.
Mais ce soir là, quelque chose le dérangeait. Un petit point orangé s’était allumé à l’horizon. C’était la première fois que cela se produisait. Le garçon avait beau y réfléchir, il ne parvenait pas à donner une explication au phénomène. En tous cas, une chose était sûre, cela se passait sur le Continent…
-Samyël, rentre, il est tard !, lança son grand père depuis la fenêtre de leur petite maison.
L’enfant hocha la tête et se releva.
-Dis grand père, commença-t-il en se retournant. C’est quoi ça là…
Il vit alors quelque chose de bizarre, qui lui fit un peu peur. Le vieil homme regardait fixement le point sur l’horizon, avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Il avait tout de l’homme qui a peur.
-Ainsi donc il a fallut que cela arrive ?, murmura-t-il, suffisamment fort pour Samyël l’entende.
-Qu’est-ce qui est arrivé grand père ?
-Rien, rentre à présent, va dormir.
Le jeune garçon obéit. Alors qu’il s’étendait sur sa paillasse, il entendit des bruits de courses qui se rapprochaient. Son grand père était campé sur le perron de la demeure, mais il pu apercevoir Rirjk, essoufflé. Les deux hommes tinrent conciliabule en murmurant, si bien que le jeune garçon n’entendit pas leurs paroles. Mais il sentit la tension dans leur voix. Cela dura environ une dizaine de minutes. Après cela, Rirjk repartit et son grand père rentra. Samyël faisait mine de dormir.
-J’ai parlé à Rirjk, dit soudain le vieil homme. Il accepte de te prendre pour disciple. Tu commences demain…
Ensuite, il souffla la bougie et ils se couchèrent.

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