Auteur Sujet: La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1  (Lu 96135 fois)

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Hors ligne Great Magician Samyël

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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1
« le: vendredi 16 mars 2007, 17:47:07 »
La Tour du Rouge.

Ou les écrits du Great Magician Samyël.


La Tour s'élève au milieu d'une plaine poussiéreuse battue par les vents. Elle n'est pas très grande et a connu des jours meilleurs. Seul son toit d'ardoises rouges, en flèche, la distingue des autres tours de ce genre. La porte d'entrée est modeste, un unique anneau de fer l'orne. Le battant s'ouvre en grinçant mélancoliquement sur ses gonds, révélant une unique pièce abandonnée et obscure, sentant le vieux parchemin et l'encre. Un escalier en colimaçon au centre permet d'accéder aux différents niveaux, où des centaines de volumes pourrissent sur des étagères trop pleines. Un panneau, fixé au sol par quatre clous rouillés, se dresse à côté de l'escalier. Dessus est inscrit :


"Bonjour, ami voyageur.
Fais comme chez toi.
Il y a des sièges à chaque étage, et les domestiques se feront une joie de te fournir tout ce que tu demanderas.
Attention toutefois, il est interdit d'emmener un ouvrage.
Le chien pourrait devenir méchant.
Bonne lecture."

#Sommaire.

____________________________________

Trilogie du Triangle
-Fan Fic Zelda-


-The Legend of Zelda : Triangle de Pouvoir : [ACHEVÉ]

Triangle de Pouvoir est un chassé-croisé de destins et de personnages hauts en couleur dans une Hyrule revisitée et totalement refaçonnée. Oubliez ce que vous saviez de la Saga, et découvrez un monde de tromperie et d'héroïsme mal placé, où personne n'est vraiment ce qu'il semble être. [Dark Fantasy]


#Table des matières.

(Liste des personnages principaux, contient du spoil pour qui n'aurait pas achevé la lecture de la première partie.)

    -PREMIÈRE PARTIE-

    Prologue -Tarquin-
    I -Le Chien-
    II -Kaepora-
    III -Malon-
    IV -Le Chien-
    V -Linebeck- /!\ Présence de scènes explicites
    VI -Tarquin/Le Chien/Malon-
    VII -Kaepora-
    VIII -Dumor-
    IX -Le Chien/Saria/Malon/Le Chien/Ishtar-
    X -Le Chien- (1ère partie)(2e partie)

    -DEUXIÈME PARTIE-

    XI -Feena-
    XII -Lars-
    XIII -Malon/Ishtar/Tarquin-
    XIV -Linebeck-
    XV -Kaepora-
    XVI -Tarquin- (1ère partie)(2ème partie)
    XVII -Linebeck-
    XVIII -Feena-
    XIX -Kaepora-
    XX -Le Tournoi-

    FIN


    -The Legend of Zelda : Triangle de Haine :  [EN COURS]

    Triangle de Haine est le deuxième volet de la trilogie du Triangle. Alors qu'Hyrule s'embourbe dans la crise et la guerre civile, les nations voisines ourdissent des plans d'invasions qui risquent de sonner le glas de la nation Hylienne. [Dark Fantasy]


    #Table des matières.

    -PREMIÈRE PARTIE-

    Prologue -Keeta-
    I -Feena-
    II -Roy-
    III -Mikau-


    -La Pièce d'Argent : Prologue au Triangle de Pouvoir : [NOUVELLE]

    Ecrit à l'occasion du concours d'écriture 2012 organisé par Krystal pour le premier tour, ce court texte se place dans le même univers que la Trilogie, et relate des évènements antérieurs au début de Triangle de Pouvoir. Il est recommandé d'en faire la lecture après avoir achevé Triangle de Pouvoir. [Dark Fantasy]

    Texte intégral


    -Tarquin le Tambourin : [NOUVELLE]

    Sans être vraiment un prologue à la Trilogie, Tarquin le Tambourin (Initialement écrit pour le concours de l'Hyrulo-Vision organisé par GdO) n'en reste pas moins le texte fondateur de l'univers du Triangle. On y retrouve le personnage de Tarquin Qu'un-Oeil (bien que dans une version différente) ainsi que quelques thèmes évoqués dans la Trilogie. Le texte est un peu vieux, mais je pense qu'il peut être intéréssant pour ceux qui sont curieux de savoir d'où est venue la Trilogie. [Récit]

    Texte intégral

    _______________


    [align=center]Le Cycle du Rouge[/align]



    Livre I : La Fin du Rêve.



    Chapitre 1: Solanéa. (Première Partie)


    L’automne arrivait doucement, la bise s’intensifiait, et les arbres se paraient de couleurs plus chaudes. Pourtant, si loin dans le sud, sur la petite île de Solanéa, l’été était encore bien présent. Le Soleil tapait fort et l’on  paressait à l’ombre. On tondait les moutons, pour récupérer la laine Solanéene, prisée par les grandes dames du Nord, du Continent.
    Solanéa n’était pas bien grande, pour certain un simple îlot comparé à l’immensité du Continent. Il y avait sur cette île, un petit village reculé, perdu à la pointe méridionale de l’île, niché en haut d’une falaise et bordé d’une forêt de sapins. Ce n’était guère qu’un hameau, composé d’une dizaine de maisons. On appelait ce lieu la Dent d’Ours, en raison de sa position géographique. A dire vrai, seuls les gens de l’île connaissaient la Dent et les gens du Continent l’avaient depuis longtemps oubliée.

    Il y avait donc une forêt de sapins, en bordure du village. Une forêt aux arbres serrés, où régnaient l’obscurité et l’humidité et avait de ce fait acquis la réputation d’être hantée par quelques esprits. Il fallait également faire attention car le bois se finissait sans crier gare sur un à-pic vertigineux à flanc de falaise qui vous entraînait vous briser sur les rochers.
    Et malgré tout cela, nombre de voyageurs venaient arpenter les sentiers à peine dessinés de cette forêt. Parmi eux, se trouvait un jeune garçon, originaire de la Dent. Il ne devait avoir que six ans, ou pas loin, mais il vagabondait dans la forêt sans crainte ni peur, peut-être par inconscience… ou par courage.
    En ce temps, le trafic maritime avait fortement évolué et les navires charriaient avec eux les rumeurs de la guerre, et nombre de réfugiés cherchant abris à Solanéa. Parmi eux se trouvait un homme d’âge mûr, vêtu d’une robe ample et auburn. Avec lui cheminait une jeune femme, très belle de visage et aux manières douces. Si fait, ils avaient entendus parler de la Dent de l’Ours et c’est vers ce lieu qu’ils se dirigeaient d’un pas pressé, quoique sûr. Ce faisant, ils pénétrèrent dans la forêt qui bordait la Dent. L’homme rassura sa compagne d’un murmure et ils pressèrent leur âne qui rechignait à entrer. Ils progressèrent quelques instants sans rien croiser, et au bout d’un moment ils s’assirent sur le tapis de mousse qui recouvrait le sol du bois et ils firent un repas de pain et de fromage.
    -Vous qui êtes entrés en mon domaine, vous qui ne craignez pas mon courroux, acquittez-vous du droit de passage ou rebroussez chemin dans l’instant, fit soudain une voix surgie de nul part.
    Elle se voulait forte et menaçante, mais le son était si aigu qu’on devinait la candeur de l’enfance. L’homme se leva, ramassa son bâton de marche et leva son autre main, souriant.
    -Je vous demande pardon, messire, mais nous ignorions que cette forêt était vôtre. Nous ne sommes que de simples voyageurs sans argent et nous ralliions la Dent de l’Ours. Montrez-vous, messire, et nous pourrons parler.
    Un buisson s’agita un peu à l’écart du sentier qu’ils suivaient. Un petit garçon en sortit. Il était de taille moyenne pour son âge. Ses cheveux, d’un rouge sombre comme le sang séché, lui arrivaient aux épaules en mèches indisciplinées. Son regard vert intense et résolu fixait le voyageur dans les yeux. Il était habillé d’un vêtement en toile grossière et portait au côté un long bâton droit, à la manière des chevaliers, qui devait lui peser vu qu’il se penchait un peu vers la droite.
    -Je suis le Maître de la forêt, un chevalier de premier ordre, mais vous pouvez m’appeler Samyel.
    L’homme s’inclina avec un sourire.
    -Messire Samyel.
    -Vous voulez passer …
    -C’est exacte Messire.
    -Messire Samyel, le corrigea-t-il. Il vous faut vous acquitter d’un droit de passage.
    -Nous n’avons pas d’argent, Messire Samyel.
    -Je ne vous en ai pas demandé.
    -Que voulez vous, messire Samyël ?
    -Battez vous contre moi.
    -C’est impossible. Je ne suis pas un guerrier, messire Samyël.
    Le garçon s’assit sur une souche, un peu à l’écart du sentier. Son regard intense ne quittait l’homme. « S’il avait été plus vieux, je l’aurais cru s’il m’aurait dit être chevalier », pensa-t-il. Il y avait dans son regard un éclat, une flamme de bravoure, et, malgré son très jeune âge, on l’aurait cru capable d’affronter n’importe quel adversaire.
    -Dans ce cas enseignez moi quelque chose, reprit le garçon.
    -Que voulez vous savoir, messire Samyël ?
    -N’importe. Du moment que c’est quelques chose que je ne connaisse pas ni votre nom.
    -J’ai 31 ans.
    -J’en suis heureux.
    -Me laisserez vous passer, messire Samyël ?
    -Non.
    -J’ai remplis votre condition.
    -Certes non.
    -Je vous ai appris quelque chose.
    -Je ne le pense pas.
    -Je vous ai dit mon âge, et j’aime à penser que vous ne le connaissiez pas, messire Samyël.
    -Si, répondit le garçon.
    -Et comment cela ?
    -Je suis magicien. Ne vous l’avais-je point dis ?
    -Je ne pense pas.
    -Dans ce cas vous me devez une faveur.
    -Pourquoi cela ?
    -Je vous ai appris quelque chose. Il est donc normal que vous me donniez quelque chose en retour.
    L’homme sourit devant l’intelligence poignante de l’enfant.
    -Permettez moi d’insister, messire Samyël, mais comment avez vous fait pour connaître mon âge, comment vous y êtes vous pris ?
    -Et bien c’est simple. Je vous ai jeté un envoûtement.
    -Vraiment ? Quel genre d’envoûtement ?
    -Un magicien ne révèle jamais ses secrets.
    -C’est exact. Maintenant que je sais que nous sommes confrères, je me permets donc de ne plus vous donner du messire.
    Le garçon en resta un moment interdit. 
     -Vous êtes magiciens ?
    -C’est encore exacte.
    -Vous êtes le premier que je rencontre. Mais n’allez pas croire que vous m’impressionner, je suis chevalier !
    -Je n’en ai jamais douté un seul instant (et en un sens, c’était vrai…).
    -Dans ce cas enseignez moi la magie.
    -Je ne le puis.
    -Pourquoi ?
    -Je ne sais même pas si vous êtes apte à pratiquer les Arts.
    -Je le suis.
    -Comment le savez vous ?
    -Je le sens.
    -Intéressant. Il faudra que nous en reparlions dans un futur prochain. Vivez vous à la Dent ?
    -Oui. Enfin non. J’habite la petite maison au bord de la falaise, tout au sud du village, avec Grand Père.
    -Parfait. C’est là bas que nous nous rendons, ma femme et moi, pour emménager.
    -Dans ce cas vous pourrez tenir votre promesse et vous me parlerez de la magie.
    -Sans problème. Puis-je poursuivre notre route ?
    -Oui.
    Le mage remercia l’enfant et repris le petit sentier qui zigzaguait entre les arbres. Lorsque sa compagne voulut le suivre, le garçon l’en empêcha en lui barrant le chemin avec son bâton.
    -Désolé, mais vous n’êtes pas encore autorisée à passer.
    La femme parut surprise au début, puis adressa à Samyël le même sourire doux qu’aurait eu une mère pour son fils.
    -Enseignez moi quelque chose, où battez vous contre moi, comme vous préférez.
    Elle le prit alors dans ses bras, et le serra contre son cœur, tendrement. Le garçon en perdit tous ses moyens, et lorsqu’elle se sépara de lui, il resta debout, interdit. Le couple repartit, et lui resta ainsi un moment.
    Il ne le savait pas encore mais il venait d’apprendre une chose fondamentale.[/list]
    « Modifié: jeudi 07 janvier 2016, 00:00:08 par Great Magician Samyël »

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    La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
    « Réponse #1 le: vendredi 16 mars 2007, 17:48:59 »
    Je dois dire que ce cycle est très très bien. Vraiment je conseille aux membres de le lire, c'est très bien écrit et l'histoire vous emporte au fur et à mesure de son avancement.

    Vraiment, beau boulot Samyël !

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    « Réponse #2 le: samedi 17 mars 2007, 12:55:59 »
    C'est très bien écrit, Samyël, c'est un début très prenant et prometteur pour la suite, j'apprécie la manière dont tu plantes le décor et l'intrigue, le calme avant la tempête si l'on préfère. Je ne trouve pas ton style lent et lourd, mais je ne suis pas un très bon exemple pour juger de cela, puisque je lis beaucoup! Moi je me serais même plus appesanti sur la description, dans la retranscritption d'ambiance, quelques membres en sont témoins! ^^ Tu mènes bien le dialogue, en le faisant progresser de manière intéressante et attachante, tes personnages se démarquent dès le début, surtout Samyël, car c'est le héros bien évidemment, lui conférant une prestance et une personnalité attrayantes dès le départ. J'aurais quant à moi plus insisté sur les perceptions sensorielles et le toucher des senteurs narratives, ou alors glisser ces notions poétiques qui me sont chères, mais là n'est que mon style, je ne puis t'y contraindre, et puis j'aime bien ton récit comme il est.

    C'est drôle, mais j'ai une légère impression de retrouver dans tes écrits une part à la Ganon d'Orphée, je vous trouve assez similaires, comme dans la situation initiale sur une île isolée, l'enfant vivant paisiblement loin de la guerre avec un membre autre que ses parents, le vieux magicien qui débarque sur l'île... Franchement, il faudrait que tu lises la fiction de Ganon d'Orphée, Samyël, je t'y invite fortement que tu puisses en juger de toi-même, d'autant que c'est très bien écrit et prenant! J'ai hâte de voir comment cela se démarquera, comment l'intrigue évoluera et de la manière dont tu la dépeindras, j'attends la suite avec une certaine impatience, cher confrère! Je conseille aux membres de lire ce début de fiction, c'est très plaisant! Bonne continuation, Great Magician Samyël!:)


    Yuan du pays de l'amûr tûjûrs

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    « Réponse #3 le: samedi 17 mars 2007, 18:09:49 »
    Merci à vous deux pour vos commentaires ^^

    Ganon d'Orphée le confirmera, j'ai écrit ce chapitre avant que lui même n'écrive le début de son histoire Fortune, que j'ai lu ^^
    Pour ma part, j'avoue m'être inspiré d'autres auteurs pour le début de mon histoire, en particulier Ursula.K.Leguin (une auteur americaine que j'adore^^). Et en plus, mon "vieux mage n'a moi", il a que 31 ans ^^

    Place mnt au récit, avec la suite et fin du chapitre 1^^


    ___________

    Chapitre 1: Solanéa. (2e partie.)


    Le mage s’appelait Rirjk et sa femme Erika. Ils étaient tous deux originaires d’un petit royaume, loin dans le Nord. Si elle ne parlait pas beaucoup, lui répondait volontiers à toutes les questions qu’on lui posait.
    Ils s’installèrent dans la petite hutte qu’habitait avant la veuve du tanneur, un tout petit peu à l’écart du village. . Celle-ci était morte de vieillesse, un matin d’automne, mais on avait découvert le corps qu’une semaine plus tard… La pauvre avait quitté ce monde seule et ignorée de tous…
    Sur Solanéa, toutes les maisons étaient faites de torchis et de chaume, des denrées qu’on trouvait en abondance sur l’île. La Dent ne comptait que six maisons, quatorze âmes et quelques têtes de bétail. 
    La femme de Rirjk, Erika, était enceinte et arrivait à son terme aussi ne tarda-t-elle guère à donner naissance à son fils. Ils le nommèrent Erik.
    Dès qu’il le pouvait, Samyel se rendait chez eux, conformément à la promesse de Rirjk.
    -Tu dois t’acquitter de ta dette, lui dit un jour le jeune garçon, deux ou trois jours après leur rencontre.
    Rirjk alluma un feu dans le petit âtre de pierre qu’il avait construit. Puis il y mit à cuire deux lapins qu’il avait achetés et dépecés la veille.
    -Très bien, fût sa réponse. Que veux-tu savoir ?
    Le garçon resta un moment pensif. Il voulait tout savoir tout de suite ! Peu avant sa venue, il s’était débarbouillé à la fontaine claire qui coulait dans «sa » forêt. Et grâce à cela, Rirjk put s’émerveiller de la couleur des cheveux de l’enfant, jusque là cachée par la crasse. Un magnifique rouge sombre, semblable au sang séché….
    -Parle-moi de ce que je dois savoir.
    Encore une fois, Rirjk s’étonna agréablement de la finesse d’esprit de Samyel.
    -Fort bien. Hum… par où commencer ? (il sortit un fin morceau de craie d’une des nombreuses bourses suspendues à la cheminée par des clous.) Fais tourner les lapins ! Bon ! Tout d’abord, tu dois savoir que l’Art se divise en sept disciplines distinctes, avec quelques ramifications pour certaines. (il commença à écrire des mots à même le sol ; Samyel s’en émerveilla car c’était la première fois qu’il voyait des lettres)
    Il désigna l’un de ces mots.
    -Ce sont des symboles magiques ? C’est un enchantement ?
    Rirjk rejeta la tête en arrière et partit d’un grand éclat de rire. Il ébouriffa les cheveux du garçon   .
    -Non, Non, rien de tout cela. C’est ce qu’on appelle «l’Ecriture ». Tu vois, chaque symbole, c’est une lettre. ( il désigna la première lettre d’un des mots) Ça, c’est un « A ».
    -Aaaaa… prononça Samyel avec un rictus comique.
    -Voilà ! Là, c’est un « L », ici un « T » etc… De fil en aiguille ça donne A-L-T-E-R-A-T-I-O-N. Grâce à l’Ecriture, on peut… comment expliquer… s’exprimer, au  travers d’un support visuel.
    Émerveillé, mais ne saisissant pas encore toute l’ampleur de ce système, Samyel enchaîna les questions :
    -Combien y-a-t-il de lettres ? Doit-on les écrire dans un ordre précis ? Comment s’écrit mon nom ?
    -Holà ! Holà, calme ta fougue. Regarde. Tu as oublié les lapins. Ils vont mal cuire.
    Samyel s’empourpra et bredouilla une excuse. 
    -Les réponses à tes questions viendront avec le temps. Pour l’instant, réintéressons nous à nos sept Disciplines.
    Le temps était doux, et le feu émettait une agréable chaleur. Dans le lointain, on entendait les cloches d’un troupeau de moutons.
    -La magie se divise donc en sept disciplines, sept branches qui forment un tout, qu’on appelle l’Art ; la magie. Ici (il pointa avec sa craie l’un des mots qu’il avait écrit), nous avons l’Altération. Pour ne rien te cacher, c’est la discipline que l’on considère comme « vulgaire ». Beaucoup de mages se refusent à la pratiquer, sous prétexte qu’elle est indigne d’eux…
    Rirjk n’avait pas l’air de porter ces hommes dans son cœur.
    -Pourtant, enchaîna-t-il,  c’est une des discipline la plus difficile à maîtriser dans les niveaux supérieurs.
    -Quelle est sa nature, à quoi sert-elle ?
    -Une très bonne question. J’y venais. Par définition, c’est l’art d’influencer la matière pour modifier la réalité présente. Je sais, c’est pleins de termes compliqués mais arrête de me regarder avec ces yeux là. Concrètement, avec cette discipline, je peux changer la réalité de ce morceau de craie pour en faire quelque chose de nouveau.
    Pour illustrer son propos, il prononça deux mots de pouvoir, et la craie dans un crépitement chargé d’énergie visible, se modifia et pris la forme d’un petit homme, de la taille d’un pouce. Samyël, éberlué, s’était reculé en rampant, instinctivement.
    -Et bien, messire Chevalier, je pensais que rien ne vous faisait peur ?, rappela ironiquement Rirjk.
    Son amour propre reprit le dessus et Samyël se rapprocha de nouveau.
    -Hum…, non, non, bien sûr que non. Un moment d’égarement, sûrement.
    Rirjk sourit.
    -Ce n’est qu’une des propriétés de l’Altération. On peut, et c’est à cause de ça qu’on la qualifie de la sorte, on peut aussi créer des illusions, en déformant la réalité de l’air.
    Le gamin hocha la tête, sans vraiment comprendre.
    -La deuxième discipline, c’est l’art de l’Evocation, ou de l’invocation, les deux termes s’emploient. C’est l’art « d’appeler »… des choses.
    -Quels genres de choses ?
    -Mm…. Beaucoup de choses… Des animaux, des esprits de la nature, des…
    Rirjk s’apprêtait à dire quelque chose mais se ravisa au dernier moment.
    -Je suis désolé, mon garçon, mais je ne peux pas t’apprendre grand chose sur le sujet. Moi même je ne la pratique pas… Enfin, la leçon est finie pour aujourd’hui.
    -Ho, non ! S’il te plaît, j’ai encore beaucoup de questions !
    -Et moi j’ai faim, et voilà justement ma douce et tendre qui revient. Tu manges avec nous ?

    ________

    Etant donné que le texte est plus court, j'en profite pour placer une nouvelle que j'avais écrite pour un concours organisé par NicO l'année dernière. Elle met en scène un personnage, Falenz (se prononce Fa-Lé-N-Ze), qui apparaîtra dans le Cycle, beaucoup plus tard^^ (cependant, ce n'était qu'une version d'essaie de ce perso sur le plan psycologique). j'en dis pas plus... J'attends vos avis ^^ (hey une dernière chose, l'action ne se passe pas dans le monde de Samyël)
    _________________


    Falenz

    -Plus de puissance !, hurla Falenz pour se faire entendre dans la tourmente. Bâbord toute ! Canonniers ! A vos pièces !
    Une agitation frénétique régnait sur le pont du Nostradamus II. Un bruit sourd se fit entendre tandis que des planches étaient littéralement arrachées du pont. Autour du l’immense vaisseau, une tempête se déchaînait, vrillant le ciel alentour d’éclaire. Des vents d’une extrême violence ballottaient le navire comme un fétu de paille, et cela malgré la puissance impressionnante de ses réacteurs.
    Falenz s’accrocha au bastingage pour éviter de passer par-dessus bord –et une belle chute de plusieurs kilomètre avec.
    Une deuxième détonation rugit dans le lointain. Une bref lueur éclaira les cieux agités, fonçant vers le Nostradamus. Une explosion ébranla le massif vaisseau et un homme se retrouva avec la moitié supérieur du corps en moins.
    -On nous tire dessus Capitaine !, rugit le timonier.
    -J’avais remarqué Mr Smith !, répliqua Falenz.
    D’un regard noir, le capitaine sonda la masse de nuages, cherchant un ennemie sur qui décharger les réserves de munitions de son bateau.
    Une tempête lumineuse éclata devant ses yeux, l’aveuglant. Un rugissement du diable lui vrilla les tympans.
    -Captinaiiiiiiine !!! Baissez vous ! Vite !
    L’enfer se déchaîna sur le pont du Nostradamus.

    Il viendra du ciel…
    Cette phrase tournait et tournait dans la tête de Denna.
    La jeune femme reporta son attention sur la carte qu’elle étudiait. Bien qu’elle y soit habitué, l’immensité du monde qui l’entourait la terrorisait toujours. Sa ville n’était qu’un grain de poussière dans l’univers !
    -Quelque chose te tracasse, denna ?, demanda une voix grave.
    Se soustrayant à l’emprise quasi hypnotique du parchemin, elle leva la tête. L’homme qui lui avait parlé se nommer Uriel. Enfin, se nommait Uriel.
    Un spectre immatériel lui rendit son regard. De couleur bleu transparent, l’hologramme avait l’apparence de l’homme de qui il avait reçu la mémoire.
    -Voulez vous que nous changions de registre ? Qu’est-ce qui vous ferez plaisir ? Mon programme contient nombre de sujet. Voulez vous étudiez les épopées homérique ou bien un peu d’histoire de l’art ?
    -Homérique ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
    Un léger soubresaut parcouru Uriel. Il pencha un peu la tête et une voix de machine sortit de sa bouche.
    -Erreur programme, erreur programme. Question non prise en compte. Changez de requête. Effacement des fichiers système dans dix secondes… neuf…
    -C’est bon c’est bon ! Changement de requête !
    L’hologramme ferma les yeux. Il y eut un léger bip.
    -Je suis votre fidèle serviteur. Que puis-je faire pour vous agréer ?
    Denna tapota son stylo contre sa lèvre inférieur pendant quelques instants, pensive.
    Il viendra du ciel…

    -Eteignez moi ce feu !, tonna Falenz tout en retirant sa chemise en flamme.
    L’incendie se propageait comme une traînée de poudre. Plusieurs matelots avaient trouvé la mort, instantanément carbonisés.
    Le navire volant fit une embardée, sous la poussé d’un vent particulièrement violent, ce qui lui permit d’éviter de justesse un tir ennemi. Le bref flash que la détonation dispensa permit à Falenz de localiser le vaisseau adverse.
    -canonnier, à vos pièces !, ordonna-t-il.
    Les canons alignés le long du bastingage furent rapidement en état de marche. Leurs servants les chargèrent en boulet qu’ils enflammèrent avec de l’huile.
    -Visez ! Feu !
    Les obus s’élancèrent vers leur cible à une vitesse hallucinantes. Depuis sa position et malgré la tempête qui diminuait sa vue, Falenz estima les dégât plutôt important.
    Se retournant vers ses hommes, il avisa ceux subît par son propre navire.
    Les flammes continuaient de dévorer le pont fait de planche en bois tandis qu’elles n’entamaient pas la coque en alliage. Cette dernière était l’aboutissement de plusieurs années de travaux intensifs de la part des mineurs de Kharkag, des nains qui vouaient leur vie au culte des Dieux Machines.
    -Mr Smith ! Quatre vingt dix degrés bâbord ! Armez l’Obusier de proue ! Et éteignez moi ce feu !
    Aussitôt, les hommes s’exécutèrent.

    -Quelque chose te tracasse, Denna ?, demanda Uriel de sa voix grave.
    Ses yeux vides d’émotions fixaient la jeune fille qui s’était levée pour observer quelque chose par la fenêtre.
    -La tempête sera bientôt sur nous, constata-t-elle.
    De lourd nuages d’orages avançaient lentement vers la ville, obscurcissant tout ce qu’ils recouvraient. De temps à autre, de brefs éclats lumineux –qu’elle prenait pour des éclairs- illuminaient le ciel obscure.   
    -Je reviens !, lança Denna à l’hologramme tout en empruntant l’escalier qui menait au rez-de-chaussée.
    Ses parents se tenaient sur le seuil de leur maison, fixant les cieux l’air inquiet.
    -‘man, ‘pa ! Qu’est-ce qui ne va pas ?
    Les deux adultes se tournèrent vers leur fille.
    -Tu as entendu parler de ces pirates des cieux venus de Westmarch ?
    -Ceux qui ont traversé Bilka et Myridion en ligne droite sur un navire à la pointe de la technologie volé au Gouvernement ?
    -C’est ça. Et bien figure toi que ton père pense qu’ils sont en ce moment même en train de livrer bataille à une frégate de l’armée.
    Cette information parut étonner la jeune fille.
    -Mais d’après le dernier rapport ils auraient dû se trouver près de Sandrosis !
    Pour toute réponse, son père lui tendit une petite longue-vue. Portant la lunette à son œil, Denna la dirigea vers la source des présumés éclaires.
    Elle repéra aussitôt l’énorme bâtiment en feu. Sur sa coque était peint deux dents pointus, de chaque côté de la proue et son nom était inscrit en lettre capitale rouge : Nostradamus II.

    L’Obusier était la plus grosse pièce d’artillerie encore jamais conçu pour un navire volant. Fixé à l’avant du vaisseau, sur un plaque tournante lui assurant une mobilité optimale, ce canon était capable de tirer des obus de plus de cinquante millimètres à une vitesse maximale de deux cent kilomètre heure. De plus, un ingénieux système de plaque coulissantes permettait de tirer à répétition avec un intervalle de deux à trois secondes entre chaque coup.
    Les yeux rivés sur le bâtiment ennemie, Falenz supervisait la mise en place du canon.
    -Chargez cinq boulet de trente ! Visez leurs réacteurs, si nous les immobilisons les aborder nous sera facile !       
    Depuis la dernière salve, aucune riposte n’avait été tiré du camp adverse. Cela rassurait le capitaine du Nostradamus car cela signifiait qu’ils leur avaient sûrement détruit plusieurs canons.
    Ses hommes s’affairaient toujours à endiguer l’incendie. Cela s’avérait plus difficile que prévus à cause du vent qui renforçait le feu. S’ils ne parvenaient pas très vite à enrayer la catastrophe, le pont risquait de s’écrouler.
    Et ça, il ne pouvait ce le permettre !
    Quelque chose tira sur son bras et le visage exsangue de la vigie lui apparut. Aussitôt, Falenz su que quelque chose n’allait pas car il avait rarement vu son officier dans un tel état.
    -Que se basse-t-il Mr. Zarok ?
    L’homme pointa son doigt vers le navire ennemie.
    -Notre ennemie est un Capitaine Corsaire…
    Falenz jura entre ses dents serrés.
    Un Corsaire ! Il ne manquait plus que ça !
    Se reconcentrant sur la bataille, il constata avec satisfaction que le feu était maîtrisé petit à petit.
    -Obusier chargé capitaine !, cria un homme de la proue.
    -Parfait ! Visez leurs réacteurs ! A mon commandement… Feu !
    Les canonniers enclenchèrent la mise à feu. Les boulets partirent comme des flèches.
    Des explosions se firent entendrent tandis que des trous impressionnants se formaient dans la coque du navire ennemi.
    Une ovation salua cette performance.

    Denna se remémora sa visite à la Voyante du village, quelques heures plutôt.
    -Comment sera l’homme que j’aimerais ?
    -Il viendra du ciel, c’est tout ce que je vois.
    La jeune fille chassa ces souvenirs.
    Une détonation lui fit lever les yeux. Les deux bateaux des cieux continuaient de se battre, avançant toujours vers son village. Le Nostradamus venait d’envoyer une salve particulièrement bien centrée, qui avait visiblement infligé de lourds dégâts à son adversaire.
    Les villageois s’étaient réunis sur la place du village et tenaient un conciliabule.
    -Que devons nous faire ?, demanda le père de Denna.
    -Il faut les abattre ! Nous avons nos propres armes !
    -Mais s’ils survivent, ils descendront sur nous !
    -Si l’on ne fait rien, ils survivront de toute façon !
    -Parvis a raison ! Que ceux qui tiennent au village me suivent aux canons !

    -Messieurs, à vos armes ! Préparez vous à l’abordage !
    Pendant que son équipage s’armait, le Nostradamus avala la distance qui le séparait de son opposant.
    Falenz pouvait à présent voir les combattant du Rouge de Saliblie –le vaisseau du Corsaire- qui se regroupait en ligne devant le bastingage.
    Le capitaine pirate sourit : Ils étaient nettement moins nombreux !
    La proue du Nostradamus percuta le flan du Rouge de Saliblie. Un tremblement furieux parcourue les deux navires tandis que le Rouge se pliait sous l’impact.
    Falenz fut rapidement de nouveau sur pied.
    Brandissant son arbalète de poing, il visa le premier homme qu’il vit. Le carreau partit comme le vent.
    Falenz était un tireur invétéré et son trait toucha l’homme en plein entre les yeux.
    Deux des ses hommes apportèrent une petite passerelle qui relia les deux vaisseaux.
    Vif comme l’éclaire, Falenz sauta dessus et, tirant son épée, tua l’homme qui voulait repousser le pont. Il bondit au-dessus de son prochain adversaire et le décapita. De l’autre main, il jeta son arbalète sur l’ennemi le plus proche, qui bascula par-dessus bord. Les pirates envahissaient le pont du Rouge. Les combats éclataient partout sur le pont du navire Corsaire.
    Falenz fauchait ses ennemies avec une précisions mortelle, n’accordant que quelques secondes à ses adversaires avant de les achever. Il jubilait intérieurement.
    Comme cela était facile !
    Soudain, un changement dans l’air attira son attention. Par réflexe, il attira son allié le plus proche devant lui, juste avant qu’un éclaire ne le frappe. Réduit à un tas de cendre pulvérulent, ce qui restait du pirate roula sur le pont puis fut emporté par le vent furieux.
    « Un Psychik ! », pensa Falenz.
    Des yeux il chercha sa proie. Il bondit sur le côté, évitant de justesse un autre éclaire.
    Le capitaine pirate arracha son bouclier à un ennemi et fonça vers le jeteur d’éclaires. Il évita d’autres tirs surnaturels puis bondit en avant, bouclier devant le visage et épée brandit. Il sentit un résistance alors que son bouclier prenait subitement feu. Il s’en débarrassa d’une torsion du poignet et retira son épée du corps du Psychik, un homme pouvant commander aux éléments. Enfin, qui pouvait.
    Une secousse particulièrement violente ébranla les navires, jetant tous les combattants au sol. Plusieurs détonations retentirent, suivit par un horrible craquement. Falenz se releva d’un bond et pâlit, assistant impuissant à la chute de son bateau, et avec lui un bon nombre de ses hommes ainsi que toute sa fortune.

    Des cris de joie jaillirent de la foule massée sur la grand’place. Les canons placés à intervalles réguliers sur les fortification étaient braqués vers le ciel.
    Tous les villageois regardaient avec plaisir le grand vaisseau qui chutait doucement, comme dans un cauchemar, vers le sol.
    Denna ne pu s’empêcher de vomir lorsqu’elle vit les petites silhouettes qui tombaient du navire…

    -Mon bâtiment…, souffla Falenz, ahurit.
    Tout le monde était dans le même état d’hébétude que lui. Mais les hommes du Corsaire se reprirent vite, tout comme les pirates. Les combats recommencèrent.
    Malgré les lourdes pertes dû à la chute du Nostradamus, il ne resta bientôt plus que quelques hommes pour tenir tête à Falenz et son équipage.
    D’un pas furieux, il se dirigea vers la cabine du capitaine, deux hommes sur les talon. Il ouvrit la porte d’un coup de pied rageur et entra précipitamment, épée au poing.
    La pièce était spacieuse et élégamment meublée. Une grande carte était étalée sur un bureau, un tapis délicat couvrait le sol et des hublots donnaient vu sur l’extérieur.
    Dans une alcôve, un homme leur tournait le dos.
    De taille moyenne, il caressait une statue de chat en or qui lui arrivait au niveau du torse.
    Falenz pointa son arme sur lui.
    -J’ai pris votre navire… Et pour la perte du mien, vous allez devoir payer de votre vie.
    Le Corsaire se tourna vers lui, un sourire aux lèvres.
    -Je ne vois pas de quel navire vous parlez, par contre je suis sûr d’une chose : Je ne mourrait pas seul.
    Et sur ces mots il s’écarta.
    Falenz écarquilla les yeux de surprise et de peur.
    Une mèche sortait de la tête de la statue et elle était allumée.
    Une bombe ! Le Corsaire voulait faire exploser son navire pour détruire ce qui restait des pirates !
    Jurant, Falenz abattit frénétiquement son épée sur la mèche qui rétrécissait à vue d’œil. Un ting sonore répondit à son attaque. Horrifié, le pirate remarqua que sa cible était protégée par un petit tube en métal transparent –un autre alliage nain.
    Faisant volte-face, il se précipita vers la sortie, tandis que le Corsaire éclatait de rire.
    -Ecartez vous, bande de crétins !, hurla Falenz à ses larbins.
    Comme ils ne semblaient pas comprendre la situation, il les décapita d’un coup, puis enjamba leur corps pour sortir.
    Courant comme un damné, il émergea sur le pont, sous les regards de ses hommes.
    Paniqué et désespéré, il chercha un moyen de sortir de ce mauvais pas. Et n’en trouva aucun. Hurlant comme un fou, il sauta par-dessus bord.
    Au même moment, le Rouge de Saliblie explosa.

    -Ce n’est pas la peine, soupira sa mère, il n’y plus rien ici. L’explosion était trop puissante. Personne n’aurait pu y survivre, et encore moins à une chute pareille…
    Ecartant un buisson, Denna entra dans la clairière où reposaient les restes calcinés du Rouge de Saliblie. Le carnage la fit frissonner.
    Des membres humains à la chair calcinée gisaient un peu partout. Des débris explosés ou encore en feu étaient profondément enfoncés dans le sol.
    -Ba… ce n’est plus notre affaire… Viens, Denna, rentrons.
    -Oui maman…
    Alors qu’elle se retournait, un bruit attira son attention. Son cœur fit un bond lorsqu’elle s’aperçut que quelqu’un était couché dans un fourré.
    S’approchant, elle découvrit un homme de grande taille, aux cheveux bruns. Une épée rougie de sang était encore dans sa main. Des branches cassées gisaient près de lui. L’inconnu remua faiblement.
    Denna se jeta par terre et lui releva la tête.
    L’homme rouvrit les yeux.
    -ça va ?, demanda la jeune femme.
    Il hocha faiblement la tête.
    -Qui êtes vous ?, continua-t-elle.
    -Falenz…
    -Vous êtes un pirate ?
    Il fronça les sourcilles, cherchant dans sa mémoire.
    -Je ne sais pas, avoua-t-il.
    -Ce n’est pas grave. Je vais appeler des secours. Maman ! Il y a un survivant ! Ici !
    L’inconnu lui sourit tristement puis referma les yeux.
    Denna aussi sourît.
    Il viendra du ciel… 
    « Modifié: samedi 18 août 2012, 16:04:06 par un modérateur »

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    La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
    « Réponse #4 le: vendredi 23 mars 2007, 18:57:42 »
    Hop hop, petit double post discret héhé ^^ Je mets en ligne le chapitre 2!

    ____________


    Chapitre 2: Grand père.



    Samyël remontait la petite pente qui le ramènerait chez lui, au bord de la falaise. La senteur des sapins et de la résine qui l’entourait le mettait de bonne humeur. Il avait la tête pleine de magie, de miracles et de rêves. Rirjk lui avait ouvert la porte sur un autre monde, un monde merveilleux, et il comptait bien l’explorer ! Les lapins, bien que mal cuits par endroits, s’étaient avérés délicieux et Samyël était repus. Il s’arrêta un moment pour contempler le paysage qui s’étalait à ses pieds.
    Il apercevait les villages du nord de l’île, à peine plus grands que la Dent, mais pour l’esprit simple de Samyël, qui n’avait toujours connu que la nature et la campagne, ça représentait beaucoup de monde. Le ciel était clair et il parvint à distinguer le port de l’île, le plus au nord de Solanéa. Il était installé au seul endroit où il était possible d’amarrer des bateaux, car les côtes de l’île était faites de falaises qui s’élevait jusqu’à atteindre leur point culminant, ici, à la Dent d’Ours. Elles étaient hautes d’au moins quatre cents mètres ici, mais seulement une vingtaine aux endroits les plus bas de l’île. Ce port s'appelait Gontarion. Pour Samyël, ce devait être un endroit grouillant d’animations, avec des hommes partout, affairés à retaper des bateaux, décharger les produits, commercer… Il s’imaginait un endroit merveilleux, plein de vie. Car, secrètement, et même s’il aimait beaucoup sa chère forêt, ainsi que les hautes falaises où il s’asseyait souvent pour contempler le soleil couchant embraser la mer, secrètement, il rêvait d’autre chose. D’aventures. Son esprit d’enfant l’y aidait beaucoup, stimulant son imagination.
    Et puis il y avait Grand-père.
    Samyël l’adorait, d’une part parce qu’il était sa seule famille, d’autre part parce que c’était un homme bon, doux, tranquille, rieur et un fabuleux conteurs. Et des histoires, il en avait tout un tas. Et un des grands plaisirs de Samyel était d’écouter son grand-père, enroulé dans une couverture, le soir près du feu, lorsqu’il lui racontait une histoire. Sa préférée était la légende d’Aegir le Brave, et de ses fidèles chevaliers. Beaucoup considéraient cette histoire comme une fable, un vieux récit bon à amuser les enfants ou être chanté par les bardes, mais son grand-père tenait un tout autre propos. Pour lui, c’était Aegir (car il croyait dur comme fer que ce personnage avait réellement existé) qui avait forgé le monde d’aujourd’hui. Et il était d’ailleurs vrai que si l’on cherchait parmi les innombrables ouvrages de la Grande Bibliothèque de la cité Royale d’Arendia, parmi quelques tomes de généalogie, l’on pouvait découvrir que l’actuel roi d’Arch’Land était de la ligné d’un certain Aegir, qui aurait vécu durant la période sombre des années onze cent du calendrier. Aegir, donc, aurait fondé l’actuel Arch’Land, et ses nombreuses baronnies, qu’il aurait attribué à ses chevaliers, une fois sa quête accomplie.
    C’était de là que Samyël voulait devenir Chevalier à la court.
    Mais c’était un rêve, et même si le garçon voulait vraiment le devenir, il savait au fond de lui, que c’était irréalisable. Arendia, la cité royale, était si loin, sur le Continent. Le Continent… Ce nom évoquait pour Samyël quelque chose d’inconnu et de terrifiant, une angoisse profonde qu’il ne parvenait pas à refouler. Il se traitait souvent d’imbécile, pour avoir peur pour rien, que ce n’était pas digne d’un Chevalier. Pourtant… Pourtant, chaque fois qu’il posait les yeux sur l’immense masse sombre et terrible qu’était le Continent, s’étendant sur des milliers de kilomètres à l’horizon, chaque fois qu’il posait les yeux dessus, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un doute, une conviction profonde… Mais ça le dépassait et il n’y prenait pas garde.
    Il arriva aux abords de la hutte. Son grand-père était assis sur le perron et fixait l’horizon, avec un léger sourire sur les lèvres. Il regardait souvent vers le Nord, avec dans les yeux comme… un regret. Un peu de mélancolie ou peut être de nostalgie. Samyël ne savait pas trop.
    -Grand-père, je suis rentré !, lança-t-il joyeusement dès qu’il fut suffisamment proche.
    -Ha, enfin. Je t’ai attendu. Il reste de la soupe.
    -Non, ça ira. J’ai mangé avec Rirjk.
    -Comment va-t-il ?
    -Très bien ! Il m’a parlé de la magie ! Il a transformé de la craie en un petit bonhomme ! C’était magnifique !
    -Tient donc, de la magie ?
    -Oui, oui ! Il est magicien, à ce qu’il dit. Il m’a parlé de sept disciplines et de l’Art.
    -Et que t’as-t-il dis ?
    -Heu… beaucoup de chose, mais s’était compliqué et je n’ai pas tout compris. Mais en tout cas, c’était merveilleux ! Tu crois qu’il pourrait m’apprendre ?
    -hum. Sans doutes. Si tu es suffisamment poli et sage.
    Samyël s’assit à côté du vieil homme et ils regardèrent l’horizon qui ne tarderait pas à se teinter d’or.
    - Grand père….
    -Oui ?
    -Qu’est-ce qu’il y a là bas (il pointa son doigt vers le Continent) ?
    -Là bas… Il n’y a rien là bas. Il y a la guerre, la mort, le malheur…
    -Mais… Tu y as vécu non ?
    -Oui… et je regrette.
    -Raconte moi comme était ta vie là bas, s’il te plaît.
    Le vieil homme garda le silence, et l’espace d’un instant, seul le chant du vent fut audible.
    -Non. Je ne peux et ne veux pas. C’est la seule histoire que tu n’entendras jamais.
    -Pourquoi ?
    -J’essaie de l’oublier, voilà tout…
    Cette nuit là, Samyël eu du mal à trouver le sommeil. Il repensait sans cesse aux propos étranges de son grand-père. Qu’y avait-il de si terrible sur le Continent ? Sûrement rien. Mais… pourquoi avait-il cette étrange sensation chaque fois qu’il posait les yeux dessus ?
    Il oublia bien vite ses doutes et ses interrogations. La magie, la magie, la magie ! Ce mot tournait et tournait dans sa tête comme une douce chanson. Pourtant, même s’il se sentait instinctivement attiré par cet art, il n’en oubliait pas moins ses rêves de chevalerie, de duel et d’épée. Et c’est en pensant à cela qu’il s’endormit.

    -Alors le Seigneur descendit en ces terres et Il S’adressa à nous, pauvres brebis.
    La foule était massée sur la place. Il faisait froid, en raison de la bise qui venait du nord. Tout le village était rassemblé là : le tanneur, le forgeron, le tailleur, le cordonnier, les mineurs et même les bûcherons, ainsi que les femmes, les enfants et les vieillards. Tous gardaient le silence et affichaient des visages fermés.
    -Ne les écoutez pas ! Aidez nous !
    Le cri venait du centre de la place. Cinq croix en bois massives étaient dressées, menaçantes, et étendaient leurs ombres noires dans le crépuscule.
    -Silence, engeance du Mal !
    Un gantelet d’acier se leva et s’écrasa sur le visage du malheureux Todd. Il y eu un horrible craquement, et quelques dents volèrent. Le pauvre homme s’écroula sur le pavé, la bouche en sang et ne bougea plus.
    Un regard bleu, froid comme l’acier, parcourut la foule. Il remarqua quelques visages choqués, d’autre larmoyant, et certains regards haineux à son encontre. Il n’en avait cure. Après tout, n’était-il pas Eratius le Juste, grand Ordonnateur du Seigneur ? Il n’avait aucun compte à rendre devant ces bouseux.
    Ce qui l’ennuyait le plus, c’était que ce mage –ce démon !- était peut être mort… Non pas que cela le dérangeait, mais cela pouvait donner une image négative à la populace de la Sainte Expédition.
    Eratius se pencha un peu, dans un crissement d’amure et attrapa Todd par le col. Il le secoua un peu, mais l’autre ne remua guère. Il resta un moment prostré, se demandant que faire.
    -Lâchez le !, cria soudainement un brave dans la foule. Il ne vous a, ou plutôt, vous ont rien fait ! On ne vous a rien demandé. C’est vous, les monstres, et non pas ces malheureux.
    Un murmure abrobatteur parcourut la masse des paysans. Eratius, qui sentait la colère lui montait à la tête, se redressa lentement. Il s’avança, traînant le corps derrière lui et s’arrêta devant le fou qui avait osé braver sa fureur.
    -Vous ne voyez donc pas ?
    Eratius se maîtrisait pour ne pas éclater. Il ne fallait pas faire peur à ces gens, mais leur inspirer de la confiance.
    -Ces créatures… ces mages… Ils vous mentent ! Ils vous parlent de miracles mais ce sont là l’œuvre du Mal !
    -Peut être est-ce le Mal, mais lui nous soigne !
    -Il protége nos champs !
    -Guérie nos bêtes !
    -C’est vous les monstres !
    Eratius senti la colère lui montait à la tête. Ces misérables… comment osaient-ils ? C’était des insultes jetées à la face du Seigneur.
    Il contracta son corps, et fit le vide dans son esprit.
    -Vous ne m’avez pas écouté. Vous ne m’avez pas respecté, disait-il d’une voix calme mais ô combien terrifiante.
    La foule en perdit un moment de sa belle assurance.
    -Vous avez ouvertement refusé les Enseignements du Seigneur, mais pire que tout… Vous l’avez insulté, humilié ! (à présent il beuglait d’une voix forte et puissante)
    Une lueur de fanatisme dément s’était allumée dans son regard.
    -Et pour cela, reprit-il d’une voix monocorde et très faible, vous êtes perdus, j’aurais tenté de vous sauver.
    Il rejoignit son lieutenant au centre de la place et jeta Todd sur le sol.
    -Crucifiez les mages, matez tout début de révolte.
    -Et que faisons nous d’eux ?
    Eratius tira sa lourde épée ornée du symbole du Seigneur.
    -Rappelez les troupes à l’intérieur du village. Ils sont déjà perdus, le Seigneur ait pitié de leur âme.
    Le lieutenant eu un sourire féroce et acquiesça.
    -Nous levons le camp au crépuscule. Qu’il n’y ait pas de survivants.


    Le soir était tombé. La nuit avait repris ses droits et étendu son linceul de ténèbres sur le monde. En cette saison, la nuit était ponctuée du chant incessant de plusieurs insectes estivaux : grillon, criquet… Ici, dans les hauteurs de l’île, l’air était plein de petites lucioles, qui avaient l’étrange caractéristique de se colorer de différentes teintes. Et lorsqu’elles volaient dans la nuit, cela produisait un magnifique ballet de couleurs tournoyantes qui éclairait les alentours de chaudes couleurs : bleu, vert, rouge, jaune…    
    C’était le spectacle favori de Samyël. Depuis qu’il était tout petit, il passait ses soirées d’été assis dans l’herbe à observer la magnificence de la scène.
    Mais ce soir là, quelque chose le dérangeait. Un petit point orangé s’était allumé à l’horizon. C’était la première fois que cela se produisait. Le garçon avait beau y réfléchir, il ne parvenait pas à donner une explication au phénomène. En tous cas, une chose était sûre, cela se passait sur le Continent…
    -Samyël, rentre, il est tard !, lança son grand père depuis la fenêtre de leur petite maison.
    L’enfant hocha la tête et se releva.
    -Dis grand père, commença-t-il en se retournant. C’est quoi ça là…
    Il vit alors quelque chose de bizarre, qui lui fit un peu peur. Le vieil homme regardait fixement le point sur l’horizon, avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Il avait tout de l’homme qui a peur.
    -Ainsi donc il a fallut que cela arrive ?, murmura-t-il, suffisamment fort pour Samyël l’entende.
    -Qu’est-ce qui est arrivé grand père ?
    -Rien, rentre à présent, va dormir.
    Le jeune garçon obéit. Alors qu’il s’étendait sur sa paillasse, il entendit des bruits de courses qui se rapprochaient. Son grand père était campé sur le perron de la demeure, mais il pu apercevoir Rirjk, essoufflé. Les deux hommes tinrent conciliabule en murmurant, si bien que le jeune garçon n’entendit pas leurs paroles. Mais il sentit la tension dans leur voix. Cela dura environ une dizaine de minutes. Après cela, Rirjk repartit et son grand père rentra. Samyël faisait mine de dormir.
    -J’ai parlé à Rirjk, dit soudain le vieil homme. Il accepte de te prendre pour disciple. Tu commences demain…
    Ensuite, il souffla la bougie et ils se couchèrent.

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    « Réponse #5 le: dimanche 25 mars 2007, 18:36:19 »
    Eh bien, Samyël, je dois dire que ton histoire avance pas mal! ^^ C'est très plaisant en tout cas, on en apprend plus sur le méchant de ton cycle, à savoir Eratius le Juste, et sa bande de fanatiques qui sont non me rappeler un certain capitaine Tobias Brogan, chef suprême du Sang de la Déchirure, clan qui traque tous les utilisateurs de magie en prétextant leur appartenance au Mal dans le cycle L'Epée de Vérité. Mais je dois dire que j'aime bien! Aussi on en apprend un peu plus sur la magie, le mage Rirjk est attachant tout comme Samyël, de plus l'ambiance sombre et épique d'un monde en péril me plaît bien, tout comme ces mystères et l'intrigue qui se développe, l'angoisse qui se profile à l'horizon, les ténèbres qui s'appesantissent sur ces contrées fantastiques. Les dialogues sont bien construits et avancent bien, ce qui rend le texte attrayant et lui insuffle une certaine vie. L'écriture est toujours aussi juste et les effets dosés convenablement, c'est agréable à lire et accrocheur, aussi j'attends ta suite avec une certaine impatience, pour constater de la suite des évènements! ^^

    Eh bien, je viens de lire ta nouvelle, et je la trouve absolument époustoufflante! Je suis transi et émerveillé, c'est vraiment du beau travail, empli d'intentions, d'effets, d'une histoire fascinante, de personnages attrayants... L'intrigue est magnifiquement dévolopée, la bataille et ce monde dont tu as inventé les règles, doublé d'une atmosphère toute guerroyante, fantastique et épique sont dépeints d'une manière très plaisante et porteuse. Je ne regrette pas d'avoir lu, sincèrement, c'est très bien écrit et intéressant! :)

    Bonne continuation Great Magician Samyël! ^^


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    « Réponse #6 le: lundi 26 mars 2007, 18:50:42 »
    yop yop^^ Mise en ligne du chapitre 3^^

    PdC (je me permets^^), merci pour tes commentaires^^ Continue, je les adore ; )


    ________________________



    Chapitre 3 :  De la difficulté d’apprendre.

     
      Samyël releva la tête avec un soupir rageur. Il jeta sa plume au loin et il sentit des larmes d’impuissance lui montaient aux yeux. Il les refoula. Il en avait plus qu’assez. Il avait mal au poignet et ses doigts étaient gourds.
    -C’est pas juste !, s’écria-t-il. Tu m’avais promis de m’apprendre la magie !
    Rirjk regarda l’enfant avec des yeux patients et détourna son attention du manuscrit qu’il lisait pour répondre.
    -Ne sois pas si impatient. C’est un passage obligé de ton enseignement. Un magicien ne peut rien faire s’il ne sait pas lire ni écrire. Maintenant reprend ta plume et remet toi au travail sinon tu n’auras pas à manger ce soir.
    Samyël grommela quelque chose dans ses dents mais s’exécuta. Cela faisait deux semaines que sa formation avait commencé. Et il regrettait déjà ! De l’aube au crépuscule, il remplissait des pages et des pages de parchemin. Un jour il ne devait faire que telle lettre car son maître trouvait qu’il ne les faisait pas correctement, un autre il devait écrire les vingt six lettres dans l’ordre des centaines de fois… Et lorsque qu’il n’y avait plus de papier ou d’encre, c’est lui qui devait descendre à Vallon Brumeux, la deuxième bourgade de l’île, située à deux kilomètres plus au nord de la Dent pour acheter les fournitures. D’autant plus que Rirjk lui avait interdit de prendre le sentier, mais de s’éreinter à travers la forêt. « Un magicien doit être fort de corps et d’esprit » avait-il dit…
    A cela s’ajoutait le fait qu’il devait mériter sa pitance en travaillant d’arrache-pied. Mais le pire, c’est que Rirjk ne lui avait encore rien enseigné ! Il n’avait même pas vu un seul petit éclat de magie depuis deux semaines.
    Et pour couronner le tout, son grand père était complètement pour ce traitement diabolique. Le jeune garçon se demandait combien de temps il pourrait survivre à ce régime.
    Cependant, au milieu de la première semaine, Erika accoucha. C’était un petit garçon que ses parents nommèrent Erik. Depuis, Samyël s’émerveillait de voir la vie aux premiers jours. Il posait plein de question à la jeune mère lorsqu’il le pouvait, auxquelles elle répondait volontiers. L’événement lui avait permis de souffler un peu car son maître avait passé plus de temps à s’occuper de son enfant que de son jeune apprenti.
    Samyël se rassit sur le petit tabouret de bois et repris son travail. Cependant, sa main droite était complètement hors d’usage, il décida de ne pas se plaindre pour pouvoir manger et essaya de la main gauche. Ses débuts furent assez périlleux. Sa main tremblait toute seule et son écriture devint presque illisible. Cependant, il persévéra et en fin de journée il commença à avoir du résultat. Certes très peu, mais la différence était là.
    Rirjk se pencha soudainement par-dessus son épaule pour admirer le travail de son disciple.
    -hum… C’est bien ! Continue de t’entraîner avec cette main là. Lorsque tu sauras écrire aussi bien de l’une que de l’autre tu en auras fini avec l’écriture.
    Cette pensée rasséréna Samyël qui travailla avec plus d’ardeur encore.
    Le soir, il quittait la demeure de Rirjk pour retourner dans sa propre maison. Son grand père l’y attendait alors et lorsque le garçon n’était pas trop fatigué, il lui racontait une histoire. Après cela, il s’endormait comme une masse et son grand père le regardait dormir en souriant.      

    Un jour, peu de temps après, son maître déclara que Samyël savait écrire. Après cela, il sortit un nombre impressionnant de parchemins et en étala quelques uns devant le garçon. Il les désigna ensuite un par un, indiquant les dates auxquelles Samyël les avait écrits. L’enfant en resta bouche bée. Sans le remarquer, il avait fait des progrès énormes ! D’autant plus qu’avec son entraînement des deux mains, il avait gagné en dextérité de la main gauche.
    -Je te félicite, dit son maître. Tu apprends très vite. Cependant, ton apprentissage est loin d’être terminé. Il te reste encore beaucoup à apprendre. Mais que cela ne te décourage pas ! Demain, je te laisse te reposer, profite en.
    Samyël se reposa donc, et il fut surpris de voir à quel point il en avait besoin. Il fit part de ses progrès à son grand père qui le félicita.
    L’entraînement repris.  
    Tôt le matin, Samyël se rendit chez Rirjk. Ce fut Erika qui lui ouvra, son bébé dans les bras.
    -Je suis désolée Samyël mais mon mari n’est pas là. On l’a appelé tard cette nuit pour s’occuper d’un enfant malade, à Gontarion. Tiens. Il m’a demandé de te remettre ceci afin que tu le portes à Lex.
    Gontarion… Le seul port de l’île, à l’extrême nord. Ainsi donc la renommée du mage s’était étendue à toute l’île ? Afin de gagner de l’argent, Rirjk utilisait ses dons afin de rendre la vie plus simple aux gens : il soignait des maladies, s’occupait des blessures, réparait des outils… Cependant, il n’utilisait sa magie que très rarement. Lorsque Samyël lui avait demandé pourquoi, il lui avait débité un discours sur l’Equilibre que Samyël ne s’était pas donné la peine de retenir –il n’y avait de toute façon pas comprit grand chose…  

    Lex vivait au Vallon. C’était un petit homme, plutôt grassouillet, mais très gentil que Samyël aimait beaucoup. Ils avaient déjà cheminé ensemble plusieurs fois. Il portait en permanence un manteau en fourrure brune. Cela lui conférait un aspect un peu frustre qui déroutait la plupart des gens qui ne le connaissaient pas. Ce que Erika avait remis à samyël était un petit bout de parchemin sur lequel était juste inscrit « commande ».
    Se demandant ce que pouvait bien être cette mystérieuse « commande », Samyël se mit en route pour le voyage qui allait lui prendre une grande partie de sa journée.
    Il s’éloigna de la maison de son maître pour rejoindre le village d’où débutait la piste. Le village à proprement parler n’était en fait qu’un rassemblement d’une dizaine de maisons. Il possédait un petit forgeron pour répondre aux besoins courants des villageois. Le forgeron avait un fils, de sept ans l’aîné de Samyël. C’était un jeune gars robuste et musculeux, mais taciturne. On ne le voyait pas beaucoup.
    A côté de leur demeure se tenait l’échoppe du tailleur. C’était un vieil homme fermé mais bon, qui avait perdu sa femme et ses deux filles au cours d’un accident.
    A part cela, la populace de la Dent était uniquement constituée de bergers et de paysans. Cependant, il n’y avait presque pas d’enfants de l’âge de Samyël. Juste une fille et un garçon… Elle était plutôt mignonne, mais l’apprenti magicien la détestait, car elle ne faisait rien d’autre de le taquiner… Quant au garçon, Samyël l’appréciait, mais sans plus. C’était un jeune vif, un peu bagarreur et ils s’étaient souvent battus à deux. Cependant, depuis qu’il avait atteint ses sept années, son père le réquisitionnait pour s’occuper du troupeau familial, et donc Samyël ne le voyait plus beaucoup. Cependant, cela lui laissait le champ libre pour s’occuper des voyageurs de « sa » forêt. Même si ces derniers temps il ne pouvait plus s’occuper de cette tâche en raison de son apprentissage.
    La fille, elle s’appelait Rose, était assise sur la clôture en bois à la sortie du village. Elle regarda Samyël qui arrivait avec un grand sourire. Alors qu’il passait devant elle, elle s’écria :
    -Bonjours m’sieur l’Magicien !
    Sur le coup, samyël rougi et jura entre ses dents. Il commença son voyage avec l’écho du rire horripilant de Rose dans son dos. Le jeune homme s’écarta très vite du sentier, comme le lui avait ordonné Rirjk. Il en profita pour admirer le paysage, car la première partie du chemin était simple, vu que ce n’était qu’une pente douce tout du long. Cependant, la remontée arrivait derrière…
    Solanéa était un petit paradis de verdure. Elle était principalement composée de grands pâturages pour les troupeaux, mais quelques forêts avaient poussé çà et là. Il devait y avoir une douzaine de petits villages sur l’île. Les deux plus grands étaient bien évidemment Gontarion, le seul port de l’île et Vallon-Brumeux. A part cela, ce n’étaient que de petits hameaux de quelques dizaines d’âmes.
    Solanéa avait la particularité de s’élever en altitude au fur et à mesure que l’on progressait vers le Sud. Par conséquent, si Gontarion se situé un peu au dessus du niveau de la mer, la Dent qui se trouvait à la pointe sud se trouvait à environ un kilomètre et demi d’altitude.  
    Les côtes de Solanéa étaient très raides et déchiquetées, et de nombreux récifs l’entouraient, ce qui promettait une mort certaine aux malchanceux qui tombaient.
    La faune se composait essentiellement de moutons, mais de nombreuses espèces d’oiseaux, des sangliers, quelques renards et de petits rongeurs avaient colonisé les bois de l’île. Quand à la flore, elle était riche et variée, et faisait le bonheur des herboristes des magiciens, bien que ces derniers temps, pas un seul n’était venu.  
    Après environ une bonne heure de marche hasardeuse à travers la forêt, Samyël en émergea et combla la courte distance qui le séparait de Vallon brumeux. Quelques connaissances le saluèrent, mais la plupart des gens ne faisaient pas attention à lui. Lex vivait dans la cabane douillette un peu à l’est du Vallon, près de la falaise. Samyël frappa à la porte et après un petit moment de silence, la porte s’ouvrit sur le petit homme. Il avait l’air fatigué et il se frottait les yeux.
    -Ha, c’est toi Samyël…
    Silence.
    -Lex ? Mon maître ne vous a pas mis au courant ?
    -De quoi tu parles ?… ha si, la commande ! Ne bouge pas, je vais te la chercher…
    La porte se referma et le jeune garçon entendit le fracas d’un objet en verre qui éclate sur le sol, suivi d’un juron. Peu après, Lex ressorti en tenant dans ses bras un étrange paquet enveloppé d’un linge blanc. La forme de l’objet à l’intérieur était grande, élancée, et recourbée. Samyël se demanda ce que se pouvait être. Il le prit, le cala sous son bras, remercia Lex et repris la route en sens inverse. Comme le paquet le gênait, il s’autorisa à prendre le sentier afin que les branches ne s’accrochent pas dessus.

    Il pleuvait. Un orage d’été, très fort. Une silhouette sombre titubait sur le sentier. Rirjk poussa la porte de sa maison qui s’ouvrit en grinçant. Un bon feu crépitait dans l’âtre et Samyël et Erika s’occupaient du bébé. Un éclair déchira le ciel et Samyël sursauta en apercevant son maître. Il avait l’air anéanti. De profondes cernes sous ses yeux indiquaient qu’il était fatigué, ses membres tremblaient, un début de barbe recouvrait son menton et ses joues, il était trempé, mais le pire était ses yeux. Ils exprimaient une tristesse sans fin, mais il y avait une pointe de rage, d’amertume. Cela fit peur à Samyël.
    -Erika, fais-moi à manger, s’il te plaît, dit Rirjk d’une voix rauque. Samyël, approche.
    Le gamin obéit. Rirjk s’accroupit devant lui et posa ses deux mains sur les épaules du garçon. Puis il fixa son regard sur celui de son apprenti. C’était la première fois qu’il était aussi solennel.
    -Samyël… Sache… Sache que la magie est loin d’être toute puissante. Ne te fie jamais trop à elle…
    Il avait détourné les yeux, mais Samyël y avait vu des larmes.
    -C’est tout ce que j’ai à te dire pour aujourd’hui. Rentre chez toi, et reviens demain. Je ne suis pas en état de t’enseigner quoi que ce soit ce soir…      
    Le jeune garçon acquiesça en silence.

    C’est plus tard qu’il apprit que Rirjk avait échoué à sauver une vie

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    « Réponse #7 le: vendredi 06 avril 2007, 20:23:01 »
    Hi people : ) Mise en ligne du chapitre 4. A partir de maintenant, les choses sérieuses débutent, mais je n'en dis pas plus ^^ Le chapitre 5 devrait arriver dans le courant du week-end, voir fin de semaine prochaine. Enjoy!



    _______________________


    Chapitre 4 : Peur dans les ténèbres.



    -Maître… qu’est-ce que c’est ?, demanda Samyël en levant de grands yeux interrogateurs vers son maître.
    -Hé bien…c’est un arc.
    Pour le jeune garçon, ce n’était rien d’autre qu’une branche de bois recourbée à laquelle on avait tendu une corde à chaque extrémité. C’était ce que renfermait le paquet de Lex. Il y avait également un carquois en cuir doublé de fourrure où une trentaine de flèches étaient rangées.
    -Bon, donne moi ça, repris Rirjk en tendant la main. Tu vois, tu le tiens comme cela, tu y mets une des flèches comme ceci, tu tends la corde ainsi, tu vises… et tu relâches.
    Le trait parti et se perdit dans l’herbe.
    -Bon, je ne suis pas très bon. Mais tiens. La suite de ton enseignement consistera à maîtriser la pratique du tir à l’arc. Tu auras pour cela deux objectifs. Primo, tu devras tirer un sanglier et le ramener ici même. Secundo, tu devras être capable de tirer deux fois de suite au centre d’une cible. Enfin, économise tes flèches car ce sont toutes celles que tu recevras de ma part ou de n’importe qui d’autre. A partir de maintenant, tu n’auras le droit de te présenter devant moi que lorsque tu auras accomplie l’un de tes objectifs. Je te donne aussi comme consignes de devoir te débrouiller seul en journée. Par conséquent, si je te vois rôder autours du village ou près de chez moi ou de chez ton grand père, j’arrêterais aussitôt de t’initier.  Cette consigne prend fin après le crépuscule, et recommence à l’aube. Sur ce, je te souhaite bonne chance jeune disciple.
    Et sur ces mots, Rirjk repartit en sifflotant, laissant un Samyël abasourdi, tentant de comprendre le flot d’informations que venait de lui débiter son maître en moins de deux minutes.
    Lorsqu’il eu enfin tout compris et saisit le sens de ces paroles, il maudit son maître et son entraînement diabolique.
    C’était le début de la journée, peu après l’aube. Il faisait encore un peu sombre, mais l’activité sonore de l’île avait déjà repris : bruits d’insectes, chants d’oiseaux, la mer s’écrasant inlassablement contre la falaise…
    Il avait pris un solide petit déjeuner avec son maître, qui s’était totalement remis de ses émotions de la veille. D’ailleurs, Samyël aurait dû se douter de quelque chose à ce moment là : c’était la première fois que le magicien se montrait aussi généreux sur la nourriture…
    Le jeune garçon soupira et saisit son arc –qui était un peu trop grand mais qui atteindrait une taille idéale lorsqu’il grandirait un peu. Il passa ensuite son carquois en bandoulière et alla récupérer la flèche que Rirjk avait tirée. Il chercha une dizaine de minutes avant de la trouver. Il se dit alors qu’il devrait faire attention afin de ne pas en perdre lorsqu’il louperait une cible.  
    Il passa le reste de la journée à chercher dans les bois de quoi se faire une cible. Il dénicha de grosses branches et il ramassa quelques poignées de hautes herbes pour les lier entres elles. Cependant, il constata rapidement que ses flèches, très sommaires, guère plus que des bâtonnets taillés, ne parvenaient pas à se ficher dans le bois.
    Le soir venu, il récupéra un vieux sac de blé vide qu’il bourra de paille auquel il fixa les branches grâce aux herbes. Le lendemain, il trouva une petite clairière dans la forêt où il positionna sa cible à forme humaine grâce à bâton épais.
    Après cela, il décocha ses premiers traits.
    Les débuts furent assez difficiles : il n’arrivait pas à tendre la corde suffisamment si bien que la flèche retombait mollement sur le sol quelques centimètres plus loin, ou bien encore que sous l’effort intense que lui demandait la corde pour rester tendue, il n’arrivait pas à viser…

    En fin de journée, Samyël était épuisé. Il ne sentait plus ses bras et celui de droite était complètement rouge à cause du frottement de la corde, et ça le démangeait en plus de lui faire très mal. Il n’avait touché qu’une seule fois au but et encore, c’était dans la jambe… Des larmes de frustration et d’impuissance lui montaient aux yeux, mais il restait déterminé, prêt à montrer de quoi il était capable.
    Alors qu’il ramassait ses flèches, il remarqua qu’il en avait perdu douze sur ses trente… S’il continuait à ce rythme, il viendrait rapidement à bout de sa réserve…
    Le crépuscule étant tombé depuis un bon moment, Samyël se décida à rentrer.
    Dans la forêt, tout était toujours plus sombre qu’à l’extérieur. Cependant, depuis le temps qu’il s’y aventurait, Samyël s’y était habitué. Ses yeux s’adaptaient d’ailleurs presque instinctivement. Alors qu’il remontait le sentier, baigné de la lumière lunaire, il entendit un bruit.
    Ho, rien de bien extraordinaire, juste le léger froufroutement d’un fourré, comme lorsque le vent souffle ou qu’un animal le traverse.
    Cependant, à cette époque de l’année, le vent ne soufflait quasiment plus, et la faune nocturne de Solanéa n’était composée que de chouettes à cette altitude.
    Sachant cela, Samyël pris soudainement peur et s’enfonça à travers bois, à l’opposé du son. Il courut un moment, puis s’arrêta, essoufflé. Son arc qu’il avait passé en bandoulière le gênait dans ses mouvements, d’autant plus qu’il s’accrochait aux buissons.
    De nouveau, le bruit.
    Le cœur de Samyël s’emballa. Il avait cru distingué des yeux jaunes dans la pénombre. Aucun animal n’avait ce type d’yeux ! Son esprit s’affola, il repensa soudainement à toutes les histoires, les fables que l’on racontait sur les démons, les esprits, les racontars de paysans superstitieux…
    Le bruit, plus près cette fois.
    Une sourde angoisse s’empara insidieusement de lui, éclipsant sa raison. Il crut entendre une espèce de grognement, un bruit d’aille dans le noir.
    Il hurla lorsque quelque chose lui frôla la jambe.
    « Il y a si longtemps… »
    Les paroles avaient explosé dans son esprit, masquant son regard d’un voile de douleur. Il s’écoula.
    « Ceux de ton espèce… Tu vas payer pour eux… »
    Chaque mot, chaque son était semblable à un coup de marteau sur son crâne. Il sentit quelque chose sur son torse, puis un éclat lumineux.
    La douleur… Les ténèbres…

    **

    -M’sieur Jirk, m’sieur Jirk !
    Rirjk leva la tête de son ouvrage. Quand allaient-ils enfin prononcer son nom correctement ?
    Colin était en train de remonter le sentier en courant.
    « Un brave garçon… » pensa Rirjk en refermant le livre qu’il étudiait. Colin agitait ses bras de façon frénétique «  M’sieur Jirk, m’sieur Jirk ! »
    -Allons, calme-toi mon garçon, dis le mage lorsque le jeune homme se fut arrêté à son niveau, essoufflé. Raconte moi ce qui te met dans cet état.
    -C’est Samyël m’sieur, il… il…
    -Il… ?
    -Il est mort, m’sieur !
    Rirjk se pétrifia. Qu’était-il en train de lui raconter là ? Il le saisit par le collet et le souleva du sol.
    -Mais qu’est-ce que tu racontes ? Explique toi ! Vite !
    Colin se mit à sangloter.
    -Je vous en prie, m’sieur, ne me faite pas de mal ! Je… Je remontais le sentier, comme tous les matins pour livrer mon lait, et pis j’ai vu une forme sombre, pas très loin, dans les broussailles, vous savez, dans la forêt. Alors je me suis avancé, et il était là, mort !
    -Mais… Où ? Comment ? Je veux dire, tu es sûr ?
    -Aussi sûr que peut l’être un homme Samyël ! Je vous le jure !
    Rirjk le lâcha, et il s’effondra dans la poussière en pleurant. Rirjk rentra chez lui et en ressortit avec son bâton de marche, ainsi que quelques bourses qu’il pendit à sa ceinture.
    -Conduis moi à lui, dis-t-il d’une voix calme, mais légèrement tremblante.
    Colin acquiesça en reniflant, se releva en chancelant, et repartis en courant. Rirjk le suivit aussi vite qu’il pu. Ils arrivèrent bientôt à l’endroit où Colin avait laissé sa carriole pour s’enfoncer dans la forêt. Quelques personnes étaient déjà là. Lorsqu’elles virent Rirjk, elles enlevèrent leur chapeau.
    Le cœur de Rirjk s’arrêta un instant lorsqu’il vit le petit corps sur le sol. Pas de doutes possibles. L’arc en bandoulière, cheveux rouges… Tremblant, il s’agenouilla près de son apprenti. Trois plaies rigoureusement parallèles barraient son torse. Cela ressemblait aux griffes d’un animal. Mais aucun animal de l’île n’avait trois doigts… Rirjk chassa ces pensées pour s’occuper de choses plus urgentes. Il posa deux doigts sur son cou. Plus de pouls. Plus de respiration non plus… Il lui ferma les yeux. C’est alors qu’il remarqua l’expression d’effroi inscrite sur son visage. Il se releva.
    -Apportez le corps chez moi, je vous prie…
    Les hommes présents acquièrent sans bruit, l’air grave, puis s’exécutèrent.

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    « Réponse #8 le: samedi 07 avril 2007, 11:07:03 »
    Eh bien, le début des péripéties tend à débuter, c'est très bien! L'apprentissage de la magie n'est pas chose aisée avec ce brave Rirjk, Samyël en bave on dirait. Et le pauvre qui se voit frappé par une bête sauvage et dangereuse, cette suite me plaît bien GMS (bah quoi, tu m'as bien appelé PdC! ^^). Il est un peu tôt pour que je juge, puisque ce n'est là que le départ des aventures de notre cher chevalier-magicien aux cheveux vermeil, mais ça démarre bien, c'est plaisant, et tu n'as bien sûr perdu en rien ta façon d'écrire, continue ainsi, je te surveille! :)

    Mais dis moi, je me sens un peu seul à commenter ici... Bon, je sais que GdO est affairé... ^^ Mais ne te décourage pas, moi je te suis!


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    « Réponse #9 le: samedi 07 avril 2007, 15:39:44 »
    Bon, je mets en ligne le début du chapitre 5 (qui est très long^^)! Un chapitre qui se veut sombre, angoissant, j'espère qu'il vous plaira. Il ouvre de plus le début des véritables hostilitées : p

    PdC (vive les pseudos longs lol^^), merci pour tout tes commentaires^^ Ne t'inquiète pas, quelque soit le nombre de commentaires que je reçois, je suis determiné à aller jusqu'au bout! ^^ (mais vous pouvez quand même commenter hein!, ça fait toujours plaisir^^)



    __________________


    Chapitre 5 : La bête d’Ur-Les-Ombres (première partie).


    -Qu’allez vous faire ?, demanda le grand père de Samyël à Rirjk.
    Le vieil homme était calme, trop calme. Il n’avait même pas cillé lorsque le mage lui avait annoncé la nouvelle.
    -Vous ne devez pas être sans savoir que dans ce cas, c’est au maître qu’il revient la tâche e sauver son disciple.
    -Je sais, je sais, répondis Rirjk, un brin agacé. Peut être n’en ai-je pas l’air, mais je suis Mage ! Et vous non pl…
    -Nous savons tout cela. La question est : qu’allez vous faire ?
    Cette question, Rirjk y avait pensé toute la nuit de la veille, alors qu’Erika préparait le corps pour l’embaument. Et la nuit il n’avait pas dormi. Mais il avait pris sa décision. Il ira jusqu’au bout, quoi qu’il lui en coûta.
    -Je vais faire usage du 8ème Art, il n’est pas encore trop tard.
    -Vous seriez prêt à braver l’interdit ?
    -Il n’y a pas d’autre solution. Je suis prêt à payer pour ça. C’est ma faute.
    Silence.
    -Savez vous ce qui lui a infligé de telles blessures ?, demanda le vieillard.
    -Oui. Cela me regarde aussi, j’en fais mon affaire.
    Le vieil homme le regarda un instant.
    -Avez vous pensé à ce qui arrivera si vous échouez ?
    -Bien sûr, j’y pense sans cesse… Mais ça n’arrivera pas, vous avez ma parole de mage.
    Sur ces mots, il fit voleter sa grande robe auburn et s’en détourna sur le sentier.
    -Je l’espère mon ami, je l’espère…

    Rirjk ouvrit la porte sans un bruit. La nuit était noire, noire comme les doutes qui hantaient le cœur de cet homme silencieux.
    Erika frissonna sans son sommeil. Rirjk lui remonta la couverture jusqu’au menton. Il la regarda un instant, en souriant doucement. Puis il lui déposa un baiser sur le front. Il fit de même avec son fils.
    Soudain, un éclair déchira le ciel nocturne, et une averse torrentielle éclata.
    -C’est peut être mieux ainsi, murmura Rirjk.
    Il ouvrit le coffre qu’il avait acheté à son arrivé sur l’île. Il en sortit le contenu : un épée courte, dans un fourreau de bonne facture, un talisman en argent, où était gravé une rune qui flamboya un instant lorsqu’il la toucha, diverses bourses de en peaux, lourdes. Alors qu’il passait l’épée à son côté, de douloureux souvenirs remontèrent à la surface. Il les refoula avec toute la volonté qu’il disposait, mais ce ne fut pas assez. Ils continuèrent de le harceler, lui renvoyant des images de son passé dont il aurait préféré ne jamais se souvenir.
    -Tu connais le prix…, susurra une voix démente dans son esprit. C’est toi qui as choisi…
    Une goutte de sueur perla à son front tandis qu’il fermait les yeux afin de se calmer. Il pensa à des choses agréables : la douceur d’Erika, son tout jeune fils, le rire de Samyël…
    Il rouvrit les paupières, avec un regard plus déterminé que jamais. Il bloqua ses souvenirs derrière une porte de son esprit et se concentra sur la tâche qui lui incombait. Il suspendit le talisman à son cou, et accrocha les bourses à sa ceinture. Il vérifia que l’épée coulissait bien dans son fourreau, puis il se tourna vers le fond de la pièce. Le corps de son disciple gisait sous une couverture blanche. Il s’en approcha doucement, puis il se baissa. Il l’emmaillota dans la couverture et le pris dans ses bras. Il le tint un moment contre son cœur, puis il lui caressa les cheveux.
    -Rassure-toi, j’arrive, murmura-t-il.
    Le corps toujours dans les bras, il se dirigea vers la porte. La pluie n’avait pas cessé, et des éclaires illuminaient le ciel nocturne à intervalle régulier. Rirjk saisit son bâton derrière la porte. Il passa ses doigts sur le bois sinueux, et des runes, longtemps cachées sous la surface reparurent. Elles illuminèrent la pièce d’une chaude lumière rougeoyante.
    Rirjk sourit puis franchit le seuil. L’eau glacée le cueillit aussitôt, le trempant intégralement en quelques secondes. La couverture glissa, révélant le visage pâle de Samyël. Le mage déglutit puis referma la porte. Au passage, il frôla les runes qu’il avait gravé le matin même sur le linteau: Zorund, la Défense, Lorund, le Soleil, et Ira, le Calme. Il espérait que ce serait suffisant, sans vraiment y croire. S’il avait eu plus de temps…
    Il secoua la tête et d’ébroua. Il avait des choses plus importantes à faire que de se miner l’esprit avec des choses aussi futiles.
    Il se mit en route dans la nuit.

    Solanéa la nuit… C’était l’inverse de l’île en journée. Un lieu d’angoisse, d’ombres mouvantes, de ténèbres, de bruits inconnus émis par des choses dans le noir. La forêt, déjà peu rassurante de jour devenait un véritable lieu de cauchemar pour les âmes sensibles. Mais Rirjk n’en avait cure. Il avançait d’un pas pressé, l’œil aux aguets, sans s’occupait du reste. Il n’avait pas le temps. Il arriva bientôt dans la clairière où Samyël s’entraînait au tir à l’arc. La cible était toujours debout. Le mage en fit rapidement le tour du regard. Cela suffira.
    Il déposa le corps froid de Samyël au centre. D’un coup de pied, il déracina la cible et de deux mots de pouvoir, l’envoya voler dans les hautes herbes. Il ouvrit une de ses bourses et en sortit une douzaine de bougies, qu’il disposa en cercle autour du cadavre avant de les allumer. Étrangement, la pluie ne parvenait pas à les éteindre. Loin de là. Rirjk sortie d’une autre bourse deux bâtonnets de craie, une blanche et une noire. Il dessina sur le sol deux étoiles à cinq branches des deux couleurs, qui se superposaient de manière à former une étoile à dix branches, avec Samyël au centre. Dès qu’il eu fini, un vent froid comme la mort se leva sur la clairière. Rirjk frissonna. Au bout de chacune des branches, il traça une rune différente : la Mort, l’Âme, l’Esprit, la Vie, le Cœur, la Nuit, la Lune, le Spectre, le Corbeau et le Chant Funèbre.
    Chacune s’embrasa un instant avant de s’enraciner dans le sol. Le vent hurla dans les arbres.
    Rirjk se positionna à l’écart. Il ficha son bâton dans le sol et dégaina l’épée. Des runes mouvantes parcouraient perpétuellement la lame. Cinq d’entre elles s’embrasèrent et se positionnèrent de façon à former : Haz’Rael, l’Honnie.
    Rirjk se passa le fil de l’épée au creux du bras, et fit couler son sang au dessus de chacune des runes. Après cela, il rengaina sa lame et commença à chanter. L’averse redoubla d’ardeur. Les arbres étaient ballottés comme des herbes. Malgré cela, la voix du Mage s’éleva dans la nuit, grave, puissante, triste. C’était un très vieux chant, de ceux qui avaient été composés à l’époque Samyël Une mélopée funèbre, dans une langue depuis longtemps oubliée.
    Au plein cœur de la tourmente, Rirjk ferma les yeux.
    Soudain, il n’y plus rien d’autre que le silence.
    Il ouvrit les yeux.
    La voie lactée s’étalait devant lui dans l’air nocturne. Des étoiles que nul être humain n’avait jamais vu. Leur disposition était totalement différente de l’ordinaire. L’air, l’espace était plus sombre, comme si un voile gris y avait été apposé. Rirjk fit des yeux le tour de son environnement. Il se trouvait dans une plaine, une très grande plaine, une plaine immense. On n’en voyait pas le bout. Une herbe rase et maladive tapissait le sol, jusqu’aux rives d’une rivière aux eaux noires. De l’autre côté, ce n’était qu’un désert de poussière et de rocaille. Dans le lointain, on pouvait apercevoir la forme sombre qu’était Murmure, la ville des morts. Aucun son n’était jamais émis dans ce monde.
    La Mort…
    Il n’aurait jamais pensé y remettre les pieds un jour. Du moins, pas de lui même.
    Son âme s’emplit d’une mélancolie profonde, trop grande. Des larmes coulèrent sur ses joues, sans raison. Le corps lourd, il se mit en marche. Ses pas ne produisaient aucun bruit, l’herbe qu’il foulait, pas plus. Ce n’était que le silence, rien d’autre. L’air était lourd, exerçait sur les corps une pression forte.
    Lentement, difficilement, Rirjk avançait. Il se dirigeait vers le fleuve. S’il n’était pas déjà trop tard, c’est là-bas que devait se trouver Samyël. Dans la Mort, le Temps n’est qu’une illusion. La nuit y est perpétuelle. Difficile de jauger le temps que l’on y passe. Et pourtant, si l’on ne voulait pas y rester prisonnier à jamais, il fallait faire vite. Quelques personnes, l’air hagard, erraient de-ci de-là. Il n’avait pas vraiment de consistance, ils se contentaient de marcher, sans savoir où aller. Rirjk pria pour eux.
    Il continua sa marche vers le ruban noir qu’était le fleuve à l’horizon. Soudain, il apparut devant lui.
    Samyël.
    Ses cheveux illuminaient l’espace autours de lui, créant un halo rougeoyant. Rirjk écarquilla les yeux. Nulle couleur ne pouvait exister dans la Mort. Il ferma les yeux un instant, face à la violence de cette image dans le monde gris qui l’entourait.
    Il les rouvrit. Son disciple ressemblait à une apparition éthérée, sorti d’un rêve. Il respirait la puissance, mais une puissance tranquille, endormie. Face à cela, Rirjk pris peur.
    Il l’appela, longuement, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Samyël ne semblait pas le voir. Rirjk lui fit signe de la main.
    Samyël se détourna. Il repris sa marche vers le fleuve, telle une étoile dans le ciel. Le mage le suivit, mais le jeune garçon semblait s’éloigner de plus en plus. Il le perdait.
    Tout à coup, le fleuve fut devant lui. Une chape de brouillard masquait ses eaux sombres, comme un linceul. Une file d’hommes et de femmes s’étirait devant un petit ponton en bois. Ils affichaient des mines peinées, tristes. Un spectacle effroyable. Samyël se tenait devant la file, sur le ponton. Il semblait attendre. Rirjk remonta la colonne péniblement. Soudain, le son d’un carillon s’éleva dans l’air. Un son clair, vif, atrocement douloureux et plein d’amertume. Le cœur de Rirjk se pétrifia.
    Le carillon continuait de sonner. Un chœur de lamentations vint s’ajouter à sa musique. Le brouillard se leva. Une embarcation noire évoluait sur le fleuve, silencieuse, inquiétante. Une grande silhouette, noire également, enveloppée d’une robe de même couleur se tenait à la proue. Elle manœuvrait une lourde rame.
    Une arche en bois s’élevait sur le côté droit du bateau, face à la rive. Le carillon y était accroché. Le bateau se stoppa devant le ponton. L’arche faisait office d’entrée. La silhouette arrêta de ramer. Elle se tourna vers la file qui attendait. Un crâne grimaçant apparut sous la capuche. Ses yeux étaient comme deux puits sans fond. Elle darda un doigt squelettique sur la foule. Un murmure malsain se répandit dans l’air. On aurait dit un dialecte, mais ça vous glaçait les os, remuer les entrailles.
    Rirjk repris son avancée. Il n’avait plus beaucoup de temps. Le Passeur emmenait les morts vers Murmure, leur demeure éternelle. Si Samyël monter dans le bateau, s’en était fini.
    Soudain, une forme sombre apparut aux côtés de Samyël. Ce n’était qu’une masse de ténèbres, avec des ailles indistinctes Elle posa ce qui aurait pu être une patte sur les épaules du jeune garçon, qui continuait d’irradier sa lumière alentours. Deux petits yeux rouges apparurent, fixant Rirjk. Celui-ci appela Samyël.
    Un ricanement s’éleva de la chose noire.
    « Tu arrives trop tard, Mage… Il est à moi… Tu ne peux plus rien pour lui… »
    Devant les yeux horrifiés de Rirjk, Samyël effectua un pas vers le bateau.
    « Ça ne peut pas être vrai, ce n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller », pensait le Mage tandis que la scène se déroulait devant lui, comme au ralentit.
    Tout à coup, Samyël vacilla. La lumière qui l’entourait diminua, clignota. Et il bascula dans le fleuve.
    Un cri strident déchira l’air. La forme sombre se brouilla. Elle s’agitait dans tous les sens, se tordait. Elle cria de nouveau. Puis disparut.
    Les yeux de mort du Passeur se fixèrent sur Rirjk. Le murmure repris. Il semblait lui être destiné. Le mage ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Quelque chose en lui se réveilla subitement, lui faisant l’effet d’une claque. Il se boucha les oreilles pour ne pas entendre les paroles du Passeur, puis se précipita. Il se jeta dans le fleuve à son tour.

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    « Réponse #10 le: samedi 07 avril 2007, 17:01:08 »
    Voilà, entre les révisions d'Histoire et celles de Français pour mon Brevet Blanc je me permet de poster ici un commentaire, bien que je n'aie lu que les deux premiers chapitres et la moitié du troisième, ou tout le troisième ? La mémoire me fait défaut.

    Commencons par les mauvais côtés et mauvais points .... Il n'y pas foule ici ^^.

    Bien bien, passons maitenant aux choses positives puisqu'il n'y a pas de choses négatives. Alors premièrement l'écriture est plutôt belle, les personnages attachant (surtout le mage au nom imprononcable Rirjk), eet le monde haut en couleurs. C'est très plaisant de voir l'évolution de Samyël dans ce jolie décor !

    Et secondement, enfin en français cela donne deuxièment, j'apprécie beaucoup le "mauvais" de l'histoire qui semble être un fou religieux qui se rapproche beaucoup de l'attitude des religions humaines dans les âges obscures du moyen-age.

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    « Réponse #11 le: samedi 07 avril 2007, 17:28:45 »
    Très plaisant à lire . On se laisse entrainer par les aventures du petit apprenti .Les mots sont bien choisis et on a l'impression que ça coule de source . Je trouve ton vocabulaire assez riche en expression et tu utilises des mots assez recherchés .Fais toutefois attention aux fautes d'orthographe ,sans y faire attention ,j'en ai quand meme rencontré .  Sinon sur les personnages ,je trouve Samyel sympathique mais peu charismatique . Je lui préfère son maitre qui a l'air assez classe et dont le savoir semble etre intarissable.Au niveau de l'histoire ,j'aime bien le concept d'apprenti qui s'entraine dur ,ça me fait penser aux mangas. La mort du héros montre le détachement de la vie monotone et gentille des personnages .Je suis juste déçu par le coté trop présent de la magie noire dans le dernier chapitre ,ça fait perdre un peu de charme à l'histoire je trouve . J'ai trouvé ce passage inutilement compliqué et impossible à comprendre au stade ou nous en sommes .

    Voila , continue ton histoire ,c'est très bien parti . Et si tu peux ,montre la carte du monde .

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    « Réponse #12 le: mardi 10 avril 2007, 19:19:28 »
    GdO===> merci^^

    Floax===> Tout d'abord, merci pour le com^^ Pour les fautes, j'essaie d'en enlever un maximum, mais je suis loin d'être un expert en grammaire et en orthographe donc... ba je m'excuse pour ce point^^ Je suis content que tu aimes Rirjk (d'ailleurs, je vois qu'il a l'air plutôt populaire parmis mes quelques lecteurs :p) Pour ma part je l'aime beaucoup aussi^^ Le manque de charisme de Samyël tient du fait de son jeune âge, et de son manque d'experience de la vie, ça viendra... ; ) Pour ce qui est du chapitre 5, cela... "ouvre" en quelque sorte le début véritable du récit. Car la suite s'éloignera beaucoup de la petite vie pépère de quelques paysans sur une île reculée. Je tiens à préciser que l'ambiance générale du récit va beaucoup se noircir par la suite, désolé pour ceux qui n'aiment pas ^^' Enfin, pour ce qui est de la difficulté de compréhension de la fin de la première partie du chap' 5, je l'ai voulu. Je m'excuse si vous n'avez pas aimé. La suite directe apportera déjà quelques éléments de réponses pour eclairicir un peu tout ça^^

    M'enfin, j'espère que mon histoire vous apportera toujours autant de plaisir, je m'y efforcerais^^
    Je posterais la suite demain ou jeudi, voir ce week-end^^
    Pour ce qui est de la carte, ce n'est pour le moment qu'une ébauche de ce qu'elle sera véritablement. Il n'y pas encore grand chose dessus, en termes de fleuves, de villes et tout le tralala. Cependant, j'y boss avec ma  cartographe attitrée (:p) donc, on fera aussi vite que possible^^

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    « Réponse #13 le: samedi 14 avril 2007, 14:03:34 »
    Comme convenu, voilà la suite et fin du chapitre 5^^ Bonne lecture^^


    __________


    Chapitre 5 : La bête d’Ur-Les-Ombres. (deuxième partie)


    Il pleuvait toujours, et il faisait toujours nuit. Ce furent les premières pensées qui assaillirent Rirjk lorsqu’il ouvrit les yeux. Une abominable odeur de charogne lui agressa les narines, à peine diluée par la pluie.
    Il vomit.
    Son corps tremblait tout seul, il se sentait épuisé, vidé de ses forces. Un horrible crissement retentit. On aurait dit des ongles raclant un tableau noir.
    Rirjk releva la tête. Il remarqua que les bougies s’étaient éteintes, et que les deux étoiles à cinq branches, ainsi que les runes et le cercle avaient disparu. Une ombre plus noire que la nuit apparut alors dans son champ de vision. Elle avait vaguement forme humaine, avec des ailles déchiquetées sur les bords. Une masse de ténèbres, d’ombres. Une silhouette grotesque et difforme. Elle avait une de ses grosses pattes posées sur le torse de Samyël.
    Samyël !
    L’espace d’un instant, Rirjk l’avait oublié. Tout n’était pas encore très clair dans son esprit. Il se rappelait vaguement le contacte d’un élément liquide… Mais à présent tout lui revenait en mémoire. Cependant, il constata avec un sentiment mêlé de joie et d’inquiétude que, malgré qu’il soit encore inconscient, la poitrine du jeune garçon se soulevait régulièrement. Ca prouvait que Rirjk avait accompli son objectif. Mais à quel prix ?…
    De nouveau, le crissement retentit. Il provenait de la forme sombre.
    Un rire.
    « Je te félicite, mage… » La voix parlait directement à l’intérieur de son crâne. Rirjk chancela sur ses jambes par encore tout à fait stables. Le choc mental était fort, et il usa de toute la volonté et le peu de force qui lui restait pour combattre cet assaut.
    « Je ne savais que je trouverais un pratiquant du 8ème art sur cette petite île, kss kss… »
    -Garde tes viles paroles pour toi démon, répliqua Rirjk avec toute la voix qu’il pu. Rend moi l’enfant.
    « Toi et tes semblables, vous m’amusez beaucoup. L’enfant est à moi. C’est moi qui l’ai tué. »
    -Dans ce cas je te tuerais toi.
    « Je suis impatient de voir ça… Kss kss… »
    Rirjk porta la main à la garde de Haz’Rael et la dégaina. Les centaines de runes qui parcouraient la lame s’embrasèrent. Le temps se figea.
    -Que fais-tu ici, si loin hors les murs d’Ur-Les-Ombres finit par demander Rirjk.
    « J’ai été envoyé pour l’enfant. Mais si tu veux, je peux commencer par toi… »
    Rirjk glissa un regard en direction de son bâton, toujours planté dans le sol un peu plus loin. Il calcula rapidement le temps qu’il lui faudrait pour l’atteindre. La forme sombre sembla deviner ses pensées et se rua sur lui, sans un bruit, glissant dans la nuit. La vitesse et la violence de l’assaut surprirent Rirjk, qui para difficilement le coup de griffe qui visait sa tête. Au contact du monstre, des gerbes d’étincelles jaillirent de la lame. Rirjk se dégagea du corps à corps, et il tenta de lancer un sort en traçant rapidement dans l’air quelques runes. Il n’eut pas le temps. Il sauta de côté pour éviter une nouvelle attaque. Il en profita pour donner un large coup circulaire de sa lame. Le fer mordit dans les ténèbres avec une joie sauvage, vibrant de plaisir tandis que la bête hurlait de douleur, un cri terrible et horrible, qui déchira la nuit et réveilla les villages alentours.
    Le monstre se replia sur lui même et s’élança dans la forêt, tentant de fuir. Sans réfléchir, Rirjk se lança à sa poursuite, toute fatigue envolée, seules restant l’adrénaline et la soif de sang que lui donnait son épée. Il courut, courut, sous la pluie, et bientôt les ténèbres de la forêt l’enveloppèrent.
    Un étau glacé se referma sur son cœur, qui s’affola. La frénésie qui l’habitait s’évanouit aussitôt lorsqu’il comprit qu’il s’était stupidement piégé lui même. Il voulut faire demi tour. Une ombre passa devant lui, que suivit une vive douleur à la poitrine. Un liquide chaud lui éclaboussa le visage tandis qu’il s’agenouillait en criant sous le coup de la souffrance. Il haletait.
    Le rire de la bête s’éleva de nouveau, non loin, mais sans provenance précise.
    « Tu me fais rire petit homme. Tu es aussi stupide que tous tes semblables »
    -Si… Silence, démon, parvint à articuler Rirjk.
    Il s’aida de son épée pour se remettre debout, il chancela. Il s’adossa contre un arbre et essuya la pluie qui lui rentrait dans les yeux.
    « C’est ma faute, je n’ai pas été assez prudent. » Voilà la pensée qui l’obsédait alors qu’il se savait proche de la mort –définitive cette fois. C’est peut être ce qui lui donna la force d’ordonner à ses jambes de se remettre à courir. Il sentait la présence du démon derrière lui, il entendait son abominable rire. Bientôt, la nuit s’éclaira un peu. Il s’approchait de l’orée de la forêt.
    Alors qu’il croyait s’élancer sur le sentier, il s’arrêta net et adressa une prière aux dieux.
    La falaise.
    La falaise, là, juste devant lui. L’immensité sombre de l’océan chatoyait sous la lumière lunaire. Il était piégé.
    « Au moins, c’est un bel endroit pour mourir » Se dit-il aigrement.
    « Nous y voilà, mage, kss kss… »
    Rirjk se retourna et fit face au monstre. Deux petites lueurs rouges s’étaient allumées là où auraient dû se trouver les yeux.
    -Fais vite, démon. Je n’aime pas la douleur.
    Un pâle arc de cercle s’ouvrit dans la masse sombre. Un sourire. Elle se tassa sur elle même, puis bondit. Au moment du choc, une chose incroyable se produisit. Une lumière aveuglante jaillit du torse de Rirjk, déchirant la nuit avec violence. La bête poussa un cri strident de douleur et recula vivement, se tapissant dans les ombres de la forêt. Rirjk porta une main à ses yeux pour se protéger de la vive lumière. De l’autre, il chercha sur son corps l’origine de ce prodige. Ses doigts effleurèrent des entailles assez larges, suintantes de sang, puis se refermèrent sur un petit objet métallique.
    Le talisman !
    Un fol espoir naquit de nouveau dans son esprit. Il arracha la chaîne qui suspendait l’artefact à son cou et la tint fermement devant lui. Le rayon de lumière balaya les ténèbres, et le démon se recroquevilla au pied d’un arbre, criant et sanglotant, réduis à l’ombre de lui même. Il implorait dans sa langue, demandant pardon, jurant sur tous les dieux qu’il se repentirait.
    Rirjk le contempla un moment, l’œil dur.
    -N’emploie pas des mots que tu ne comprends pas.
    Il leva son épée, et embrocha la bête. Les runes sur la lame s’embrasèrent et se répandirent sur tout le corps du démon, qui hurla, se tordit, se débattit. En vain. Rirjk ferma les yeux pour ne pas assister à la scène.
    Ce fut fait en quelques secondes. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il ne restait plus que son épée, enfoncée dans le sol. Comme si rien ne s’était passé. Comme si tout cela n’avait été qu’un rêve…
    Soudain pris d’une grande fatigue, il s’agenouilla et pleura en silence.

    Rirjk regarda la mer avec dans les yeux de la mélancolie. La pluie avait cessé. Lui avait succédé une douce brise qui réconforta l’âme et le cœur du mage. L’aube pointait doucement, parant l’océan de couleurs miroitantes. Il sourit.
    Il lui restait une chose à faire. Et tout serait terminé.
    Il empoigna d’une main lourde mais ferme la poignée d’Haz’Rael. De nouveau, les souvenirs douloureux d’un passé qu’il avait oublié refirent surface. Il les ignora.
    -Tu connaissais le prix, tu connaissais le prix !, susurra la même voix démente qu’il avait entendu quelques heures plus tôt –des jours !-, chez lui.
    Il fixa la lame où apparut bientôt le nom de l’arme.
    -Bien sûr que je le connais. Mais je l’ai payé. Au centuple. Remercie ton créateur pour moi.
    Et sur ces mots, il jeta l’arme du haut de la falaise. Il la regarda tournoyer dans l’air puis disparaître sous la surface des eaux.
    Avec elle disparurent les souvenirs. Libre. Il s’était enfin affranchi de son passé. Du moins il l’espérait.
    Il regagna d’un pas lourd la clairière où Samyël gisait toujours. Il s’approcha de lui, mit un genou en terre et lui toucha le front. Il murmura un mot de pouvoir.
    Un temps. Samyël ouvrit les yeux, ces mêmes yeux intenses qui avaient surpris Rirjk lors de leur première rencontre.
    -Hum… Maître ? Qu’y a-t-il ? Quelle heure est-il ? Vous allez bien ? Pourquoi pleurez vous ? Et ce sang ? Que vous est-il arrivé ?
    Le mage pris son jeune disciple dans ses bras, et éclata de rire, tandis que sur ses joues s’écoulaient doucement des larmes de joie.
    -Rien. Il ne s’est rien passé. Viens, rentrons. Erika doit s’inquiéter. Aujourd’hui, tu es dispensé d’entraînement. Tu viendras chez moi. J’ai des choses à te dire. Beaucoup de choses. Oui. Beaucoup, beaucoup de choses…
    -D’accord.
    Main dans la main, ils entamèrent le voyage qui les ramènerait chez eux. Mais, à peine quelques pas plus tard, Rirjk s’effondra, un sourire sur les lèvres.

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    « Réponse #14 le: mardi 01 mai 2007, 23:03:10 »
    Yop yop^^ Voilà, après une absence de deux semaines dû au vacances, voici la suite du récit, avec la première partie du Chapitre 6! Un chapitre purement descriptif qui a pour but de décrire le monde de Samyël, ainsi que son histoire récente, dans un premier temps, puis dans la deuxième partie, se penche sur ce personnage qui apparemment plaît, j'ai nommé Rirjk^^ Bonne lecture, en espérant que cela vous plaise tjs^^
    EDIT: vive les triples posts^^


    _______________

    Chapitre 6 : L'approche de l'hiver. (première Partie)



    -Nous serons bientôt prêts à lever l’ancre, messire.
    -Fort bien. Dites aux hommes de se préparer.
    Un vent froid et mordant balayait le port. C’était le début de l’hiver. La neige n’était pas encore tombée, mais ça ne saurait tarder. Le ciel était gris et bas. Ils prendraient bientôt leur quartier d’hiver. Mais il leur restait une dernière tâche à accomplir avant cela.
    Solanéa.
    Une petite île perdue à la pointe sud du Continent. A Des kilomètres de leur position actuelle. Le voyage leur prendrait au moins un mois, sûrement plus. Mais c’était les ordres de Sa Sainteté le Pontife d’Arch’Mark. Il le ferait.
    Eratius balaya la Baie aux Sirènes de son regard bleu, tranchant comme une lame de sabre. Une agitation frénétique régnait sur les quais, et ce malgré la bise glaciale. On affrétait un énorme navire, un trois mâts, payé par les bons soins du Pontife en personne afin de faciliter les manœuvres de la Sainte Expédition. Il était suffisamment grand pour transporter cinq cents soldats, en plus de l’équipage et des nombreux rameurs nécessaires pour le maniement des lourds avirons. De petites catapultes s’alignaient le long du bastingage et un énorme pieu en bronze était dissimulé sous la coque à l’avant du navire. A la proue, une représentation en or du Seigneur Illuminant La Terre guidait ses envoyés en leur montrant le chemin de la Justice.
    Eratius se sentait fière de naviguait sous cette égide. Il se recueilli un moment et adressa une prière à son Seigneur avant de se diriger vers les baraquements où étaient stationnés ses hommes. A chaque fois qu’il passait devant un honnête citoyen, celui-ci s’inclinait avec respect et prononçait la formule rituelle : « Je vous salue Messire. Puisse la Lumière du Seigneur illuminer vos pas ».    
    Eratius était heureux lorsqu’il se trouvait dans sa contré natale, l’Arch’Mark. La Justice régissait la vie de chacun, et la Parole du Seigneur était respectée par tous. Et puis ici, cette engeance démoniaque qu’était la magie était bannie de ces terres sacrées. Et tout cela grâce au vénérable Pontife Arabéus II.
    Eratius s’enorgueillissait secrètement du fait qu’il en était en partie responsable.
    Cependant sa joie était gâchée dès qu’il songeait aux peuples Infidèles qui continuaient de pratiquer cette magie honnie, partout en dehors de l‘Arch‘Mark… Mais bientôt tout cela allait changer. Les seigneurs des baronnies et des comtés avaient juré allégeance au Pontife, instauré le culte du Seigneur, organisé des Purges et surtout renié le Roi d‘Arendia, ce pantin contrôlé par ce maudit Archimage. Il y avait bien eu certains barons, certains ducs pour se lever contre les envoyés du Seigneur.
    Ils y avaient perdu la tête ou avaient rapidement fait profil bas. Tous sauf un.
    Le général Kalenz de Fort-Argent. Depuis le début, il tenait tête aux hommes d’Eratius, se battant avec courage, défaisant les Armées Saintes. Le dernier des dix Chevaliers. Le dernier sur qui le roi pouvait encore compter.    
    La seigneurie de Fort-Argent se situait au sud de la capitale royale d’Arendia. Elle tenait son nom du château entouré d’arbres à l’écorce d’argent qui gardait le défilé menant jusqu’à la capitale.  
    Eratius pénétra dans le bâtiment où étaient stationnés ses hommes. L’ambiance était bonne, les soldats prenaient leur repas en conversant joyeusement. Si pour le paysan l’hiver était synonyme d’ennuie et de froid, pour le soldat c’était la promesse de quelques mois de tranquillité et de relatif confort. Et c’était justement ce qui motivait les hommes d’Eratius. D’autant plus que d’après la rumeur, les mers du Sud était chaudes, même à cette période de l’année.
    On leva sa chope lorsqu’on aperçut le Commandeur. Eratius les salua à son tour d’un signe de main et d’un de ses rares sourires.
    Quelques heures plus tard, ils embarquaient dans le brouhaha des conversations.


    Rirjk fit la grimace et s’apprêta à recracher le liquide épais et malodorant. Erika posa délicatement un doigt sur sa bouche et l’obligea gentiment à tout avaler.
    -La guérisseuse a dit que ça calmera la douleur, alors ne fais pas l’enfant, dit-elle en souriant.
    Le mage grommela quelque chose d’incompréhensible mais s’exécuta. Il fulminait sur place. La vieille bique qui se prétendait guérisseuse lui avait ordonné de garder le lit pendant quelques jours, le temps que les plaies se referment.
    Finalement, il ne s’en était pas trop mal tiré. Les plaies s’étaient avérées moins profondes que de primes abords.  
    Cependant, il avait eu plus de mal à trouver une explication plausible à son piteux état de la veille, et à la résurrection miracle de son apprenti.. Il avait raconté à Samyël qu’il avait voulu grimpé à un arbre pour cueillir un fruit et était tombé, ce qui avait provoqué une amnésie partielle, et les branches lui avaient fouetté le torse, afin d’expliquer les blessures dues à sa rencontre avec le démon -épisode dont le jeune garçon n’avait curieusement gardé aucun souvenirs. Rirjk avait ensuite embobiné le reste des villageois avec un discours sur l’Equilibre, ce dont la magie était capable et ils n’avaient plus posé de question. Pour ce qui était de lui-même, il avait prétendu avoir été attaqué par un ours, le tout accompagné d’un sort de confusion de l’esprit et le tour était joué.
    Mais il s’en voulait un peu d’avoir eu à mentir à ces braves gens, et surtout à sa femme. Quant au grand père de Samyël, il n’avait pas posé de question. Juste un bref hochement de tête.
    Le Grand Père…
    Un homme étrange, difficile à cerner, empli de mystères. Mais pourtant bon et doux, quoique sage. Lorsqu’il s’était présenté, il avait prétendu s’appeler Henry. Un faux nom, Rirjk en était sûr, sans trop savoir pourquoi. L’instinct sans doute…
    Alors qu’il ressassait tout ça dans son esprit, Samyël entra dans la demeure, son arc en bandoulière. Il salua Erika à la mode mondaine du Continent, comme le lui avait appris Rirjk, incliner le buste vers l’avant, un bras sous l’abdomen, l’autre derrière le dos, en gardant la tête vers le sol.  Après quoi, il se dirigea vers le chevet de son maître. Tout comme à Rirjk, la guérisseuse lui avait bandé le torse et le bas ventre avec des bandes de tissus trempées dans une espèce de mixture censée aider à la cicatrisation. Mais elle avait comme désavantage d’empester à des lieux à la ronde…
    -Bonjours maître.
    -Bonjours, disciple.
    Un temps.
    -Vous m’avez dit hier de venir vous voir aujourd’hui, vous aviez quelque chose à me dire…, reprit Samyël.
    -Ha oui, c’est exact. Prend le tabouret et installe toi. Pose ton arc là bas. Non, pas là. A côté. Bien. Hum… J’ai tellement de choses à te dire que je ne sais pas par où commencer.
    -Peut être par le début mon amour, ce serait une bonne chose, intervint Erika.
    -Ha oui, tu as raison, comme toujours. Merci chérie. Le début donc. Hum… Laisse moi le temps de mettre de l’ordre dans mes pensées… J’aimerais… J’aimerais te parler de moi, de ce monde qui t’entoure, et éclaircir quelques points sur ce qui est de la magie.
    Samyël hocha la tête.
    -Nous sommes ici sur l’Île de Solanéa, au large de la côté Sud de ce que nous appelons couramment le Continent. Ce même Continent n’est en fait rien d’autre qu’une immense étendue de terre émergée hors de la surface de l’Océan. Au nord de l’île se trouve Gontarion, notre port. Plus au nord, à l’extrémité de la Queue du Serpent -c’est ainsi que l’on homme l’extrême sud du Continent, à cause de sa forme en pointe de flèche- se trouve Port-Ebène. C’est un des grands axes de commerce maritime du monde, car c’est par là que passent tous les navires voulant se rendre d’une cote à l’autre. L’espace séparant ces deux ports est appelé le Cap Solaire. D’ailleurs, en ancien langage, Solanéa signifie littéralement la Terre du Soleil. Mais je m’égards. Tu me suis jusqu’ici?
    -Oui… Oui, je crois.
    -Parfait. Jusqu’à récemment, tout le Sud du Continent, de Port-Ebène jusqu’aux Montagnes de l’Infinie, n’était qu’un seul et même royaume, celui-là même qui fut fondé par Aegir durant l’âge Sombre à la suite de son combat contre Nagür le Noir et ses Seigneurs Nécromants. Mais tu connais l’histoire, ton Grand Père a déjà dû te la raconter. Le royaume était gouverné par le bon roi d’Arendia, la cité royale, qui lui-même était conseillé par l’Archimage. Afin de gérer au mieux cet immense empire, les terres furent divisées en plusieurs petits royaumes, à la tête duquel on plaça un compte, un duc ou un seigneur selon l’importance du fief. Bien évidemment les plus grandes terres revinrent aux Dix Chevaliers Servants d’Aegir et leurs lignés continuent de gouverner avec sagesse tandis que les fils jurent allégeance au roi et siègent au Conseil. Ces terres sont principalement regroupées autours d’Arendia, afin de prévenir toute attaque contre la cité mère. Il en était ainsi jusqu’à ce que le peuple du comté d‘Arch-Mark, situé dans la grande plaine d‘Arch-Land, se révolte. Un homme était à l’origine des troubles, Arabéus. Il était le créateur d’une religion basée sur la vénération d’un seul dieu, communément appelé le Seigneur. Arabéus proclamait que l’Homme se doit de se rendre maître de son destin, en destituant la place prédominante de la magie dans la vie des gens, tout bonnement en l’éradiquant, ainsi que toutes les créatures qui dépendent d’elle. (Samyël buvait les paroles de son maître, la bouche légèrement ouverte, l’air à la fois choqué et ahuri). Les Dieux seuls savent comment Arabéus parvint à convaincre autant de gens de la véracité de ses dires mais il ne tarda pas à destituer le Compte de l’époque et à prendre sa place. Arabéus était un homme dément, mais qui savait parler aux foules. Il prétendit apporter les Bonnes Paroles du Seigneur et convainquit le peuple que le Mal se tapissait derrière chaque mage, chaque magicien, derrière le moindre petit sortilège. Il mit en place les Purges, qui ne sont rien d’autre que des chasses à l’homme dont les proies sont les jeteurs de sorts. Les malheureux qui étaient pris étaient amenés en place publique où ils étaient torturés devant la foule avant d’être mis à mort. Le supplice le plus courant était le fouet, suivi d’une séance d’écartèlement. Après quoi le pauvre bougre était laissé au bon soin du bourreau qui lui arrachait les yeux avec la pointe d’un couteau consacré avant d’être pendu.
    Mais Arabéus ne s’arrêta pas là. Il se proclama Pontife, et par la même chef de tout les croyants. Après avoir éradiquer la magie de son domaine, il tourna son regard vers les autres fiefs où la magie était une chose courante et où il n’était pas rare de voir un magicien à chaque coin de rue. C’est là qu’Arabéus créa la Sainte Expédition. Elle est composée des guerriers les plus pieux et les plus fanatisés. C’est une véritable armée qui n’a peur de rien, étant donné que chacun de ses soldats croie que le Seigneur veille sur eux et que rien ne peut leur arriver. A leur tête se trouve le Commandeur, le pire de tous. La sainte Expédition fut chargée de convertir les populations au culte du seigneur, tout en organisant des Purges partout où elle allait. Ses débuts furent difficiles. Aucuns dirigeants ne voulait se soumettre à l’autorité d’Arabéus. De nombreuses batailles eurent lieux, faisant beaucoup de victimes. Les armées du Pontife semblaient inépuisables, car lorsque les soldats croyants se firent rares, de nombreux mercenaires vinrent grossir les rangs, alléchés par la promesse de l’or qu’ils pourraient récupérer lors du pillage des terres. Petit à petit, l’empire d’Arabéus gagna du terrain, conquérant des terres, étendant l’influence de sa religion et des idées qu’elle véhiculait. Les peuples commencèrent rapidement à avoir peur de la Sainte Expédition. Dès qu’on voyait les étendards blancs au loin, on déposait les armes et on expulsait les magiciens hors des murs des villes. Beaucoup de seigneurs et de ducs trahirent leur serment au roi, adoptèrent la religion Seigneuriale et aidèrent à financer la Sainte Expédition. Seuls résistèrent les descendants des Dix Chevaliers Servants, fidèles à la tradition. Ils rassemblèrent une grande armée, et défièrent les forces d’Arabéus dans la grande plaine d’Arch’Land, aux portes de la capitale pontificale. La bataille dura trois jours. A l’aube du troisième, les têtes des neufs Chevaliers ayant participé à la bataille furent envoyées sous escorte au roi en personne. On nomma cette bataille les Trois Jours de la Chevalerie. A la suite de cela, l’influence d’Arabéus ne rencontra plus aucune résistance, et la race des magiciens, des gens comme toi et moi, diminua fortement en quelques années. Le dernier refuge des pratiquants des Arts se trouve désormais dans la Citadelle Blanche, à Arendia. Ce n’est autre que la seule école où l’on enseigne la magie, c’est aussi la demeure de l’Archimage, notre chef. Mis à part cela, quelques uns d’entre nous vivent encore dans leurs terres d’origines, en se cachant.
    A présent, Rirjk parlait avec dans la voix de l’amertume.
    -Cependant, les rêves et les plans d’Arabéus s’achevèrent brutalement lorsqu’il fut assassiné, il y de cela trois ans.  Malheureusement, son fils se révéla être un digne successeur, et il s’empressa de reprendre les activités de son père. Malgré tout, la mort subite d’Arabéus premier fit une brèche dans la foi du peuple, car si le Pontife, censé représenter le Seigneur en ces terres pouvait être tué, les pouvoirs du Dieu n’était pas aussi puissants qu’on le prétendait. C’est dans cette brèche que s’empressèrent de s’engouffrer de nombreux agitateurs, un peu partout sur le Continent. Certains royaumes trahirent une fois encore leur allégeance, renièrent les enseignement du Seigneur, et arrêtèrent de financer la Sainte Expédition Certains mages audacieux sortirent de l’ombre et prirent par au conflit.
    -Et le nouveau Pontife laissa faire? demanda Samyël, subjugué par le récit.
    -Bien sûr que non. Arabéus II mit à la tête de la Sainte Expedition un nouveau Commandeur. Celui-ci refit la même chose que le premier avant lui. Il parcourut le Continent, traquant les magiciens et restaurant la religion Seigneuriale. La puissance du Pontife ne tarda guère à redevenir celle qu’elle fut du temps d’Arabéus premier. Aujourd’hui, presque tout le Continent est tombé sous son joug. Seuls résistent encore Fort Argent, au Sud d‘Arendia, et Arendia elle-même. Et Solanéa, bien évidemment.
    Samyël acquiesça, l’air grave. Il se sentait plus troublé qu’il ne voulait bien le reconnaître. Peut être était-ce cela l’origine de son malaise vis-à-vis du Continent…