Auteur Sujet: Je bouquine !  (Lu 285377 fois)

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Hors ligne Rodrigo

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Je bouquine!
« Réponse #855 le: dimanche 27 juillet 2014, 10:13:19 »
Que de belles lectures !

Bon, tu connais mon opinion sur La Nausée, mais ça reste à ce jour le seul Sartre qui m'ait vraiment gonflé. Toi qui aime écrire, je te recommande vraiment Les mots, autobiographique, et centré sur l'apprentissage de la lecture, puis de l'écriture. Très inspirant. Les Mains Sales, j'en suis complètement fan, mais c'est peut-être du aussi à la nostalgie. En tout cas, si le sujet t'intéresse, Camus le reprend un an plus tard avec sa pièce Les Justes que j'ai adorée également.  :^^:

Pour l'Iliade, si le chant dont tu parles est bien celui avec les jeux et festivités pour honorer la mort d'Hector (?), j'en avais parlé avec ma prof de Latin/Grec, et l'intérêt de ce chant était justement de montrer les mœurs de l'époque, les différentes manières de s'amuser et les processions, plus ou moins religieuses. Ça peut paraître inutile pour "l'histoire", mais si on considère que Homère voulait restituer une époque (bien antérieure à la sienne, mais ça on n'en sera jamais totalement sûr), c'était vraiment important. Et sans trouver ça passionnant, ça m'a plutôt intéressé.

Et pour les Fleurs du Mal, bonne lecture à toi, il est en haut de ma pile de livres à lire en ce moment-même. Après Alcools d’Apollinaire qui m'a pas mal déçu, j'en attends beaucoup. Et en parallèle de tout cela, je me suis replongé dans les Pensées de Blaise Pascal, et autant ses idées sur la religion me laissent de marbre (bien que sa réflexion soit relativement pertinente), autant je suis sous le charme de ses maximes sur l'humanité.  ;D

J'ai fini à grand peine 1984.

J'ai perdu le compte de mes siestes inopinées sur ce bouquin, mais j'ai adoré les messages et l'intelligence d'Orwell. Ce mec a tout compris à l'humanité et ses messages restent parfaitement d'actualités, peut-être même un peu trop.

J'ai aussi perdu le compte des coups de tête contre le mur à chaque passage "concret" avec O'Brien et Julia. Nom d'un chien que c'est mal écrit et pas justifié par le final.

Je lui donne 16/20, et ça me blesse. Ce livre pouvait prétendre au 20/20. :/

Comme Yuan, je ne suis pas d'accord. J'aime beaucoup Orwell, et ce livre en particulier, mais dans le genre "message qui reste parfaitement d'actualité", Le Meilleur des Mondes est un cran au dessus :

(Cliquez pour afficher/cacher)

Alors qu'il fut écrit quinze ans avant (et surtout, avant la Seconde Guerre Mondiale). Après, 1984 ça reste extraordinaire, et ses idées furent reprises dans de nombreux jeux/films/livres/BD, mais je ne pense pas qu'aujourd'hui on puisse en arriver à un tel stade, parce que rien que l'arrivée d'internet change énormément la donne (cf printemps arabe), et qu'on ne pourrait pas aujourd'hui brûler tous les livres, empêcher la communication comme dans 1984. Si un conditionnement se fait, je le vois plutôt dans le style du livre de Huxley.

Ah aussi, la partie 2 est extrêmement importante, puisque c'est dans celle-ci que O'Brien découvre le livre qui lui permet de comprendre comment l'humanité en est arrivée là, et c'est super intéressant et bien pensé. Et chaque partie apporte de toute façon un regard différent sur le Parti et la société décrite, l'histoire d'amour avec Julia n'étant qu'un prétexte assez grossier (Orwell n'est pas un romancier à mes yeux). Et qu'entends-tu par "passage concret" ?
« Modifié: lundi 28 juillet 2014, 09:00:51 par Rodrigo »

Hors ligne Suijirest

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« Réponse #856 le: lundi 28 juillet 2014, 00:00:16 »
"Passage concret" c'est les amourettes avec Julia, les escapades dans la chambre de prolétaire, et aussi les rencontres sur la Fraternité, avec notamment la présentation "êtes-vous prêts à..." rââââh non mais meeeeerdeuh, comment c'est expédié. Parce que la Partie III est effectivement meilleure, vu qu'on retombe dans l'aspect "intellectuel".

Mille mercis à Yorick26 pour la signature !

Hors ligne Trictus McNatret

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« Réponse #857 le: mardi 29 juillet 2014, 14:20:32 »
Bon. J'ai maintenant confirmation d'un fait qui me semblait assez évident : avoir un PC sous la main divise par deux ma vitesse de lecture. C'est marrant parce qu'à une époque, j'avais une machine qui souffrait de ralentissement très longs et très violents, ce qui du coup m'amenait à lire devant l'ordinateur... Bah ça a été l'une des périodes où j'ai dévoré le plus de bouquin. En parallèle, par contre, j'avais une vision très limité du web, mais bon...

Bref. Du coup, j'ai fini y a pas longtemps La Peste de Camus, et heu... Waouh. C'est plutôt surprenant, comme oeuvre, et je vais expliquer pourquoi...
En 1945, une épidémie de peste bubonique a été déclaré à Oran, dans l'Algérie Française. Elle succédait à une épidémie plus sérieuse qui a eu lieu en 1944 à Alger. C'est inspiré de ces faits que Camus écrit son roman. Au début de l'ouvrage, un narrateur qui ne souhaite dévoiler son identité qu'à sa fin, s'annonce comme volontaire pour dresser une chronique d'une épidémie de peste qui s'est abattue sur la ville d'Oran (toujours dans l'Algérie française).

Au début, la lecture de la Peste m'a BEAUCOUP perturbé. Etant un grand fan de l'Etranger de Camus, je m'étais habitué à un style particulièrement sensitif et cognitif, où la narration à la première personne nous immerge dans les pensées et perceptions de Meursault ; la Peste a une écriture qui mêle la recherche d'objectivité et la quête d'une vue d'ensemble, propres à une chronique, et les impressions de son narrateur. Il en résulte qu'après avoir trouvé au début une certaine froideur au récit, on finit par sentir petit à petit l'être humain derrière sa tâche d'historien. J'ai trouvé cette façon de raconter surprenante, mais particulièrement bien pensée et maîtrisée. Un avis d'autant plus conforté par la révélation quand à l'identité du narrateur, qui m'a travaillé tout au long de la lecture avant de me sembler évidente.
Parce que, oui, la Peste est VRAIMENT bien écrit. Si l'oeuvre est plutôt dense et peut parfois prendre des longueurs, elle est aussi forte. Camus a le sens du discours, c'est indéniable : que ce soit dans les dialogues et harangues de ses personnages ou via les impressions du narrateurs, il fait montre d'un grand talent pour dessiner des idées, présenter des opinions, émettre des jugements ou au contraire inviter le lecteur à dresser ses propres opinions, avec juste des mots.
La trame est rudement bien menée, et c'est d'autant plus admirable qu'en ayant choisi de narrer les chroniques d'une épidémie de peste, l'auteur s'est engagé à un travail long et rigoureux, ayant pour but de faire le portrait d'une société entière, qu'un fléau fait évoluer sur une longue période de temps. C'est très exigeant : il le fait merveilleusement bien.
Aux passages dévoués à donner une vue d'ensemble de la ville et de la progression de la peste, s'enchaînent ceux consacrés aux protagonistes, à des personnalités individuelles qui subissent ou luttent contre le fléau. Or les personnages construits par Camus sont juste géniaux. Ils sont particulièrement bien construits et utilisés, et s'il y a une chose que j'apprécie chez Camus, c'est qu'il y a une sorte d'objectivité dans leur traitement, qui amène le lecteur à s'en dresser sa propre opinion. Mieux, les protagonistes ont tous la capacité de surprendre et d'amener à reconsidérer l'avis qu'on s'en est fait au premier abord, tant ils évoluent au fur et à mesure de l'oeuvre, et ça c'est encore un coup de maître. J'ai évidemment été particulièrement touché par le docteur Bernard Rieux ou par le très charismatique Tarrou, selon moi la figure majeure de l'oeuvre ; mais, par exemple, j'ai été plutôt surpris par le père Paneloux ou le journaliste Rambert. Le seul bémol que j'ai, c'est l'absence presque totale de personnages féminins vraiment travaillés, ce que je trouve plutôt dommage.
Enfin, je compte bien applaudir Camus pour le brio avec lequel il a su rendre son oeuvre universelle. Parce que la Peste, ce n'est pas juste une chronique fictive d'une épidémie, qui déjà est susceptible d'intéresser tout un chacun : c'est aussi tout le portrait d'une société frappé par un fléau et amenée à réagir en conséquences. La peste, ce peut être la peste noire à la sombre réputation, mais ce peut aussi être la peste brune du nazisme, qui a rongé des nations. Ca se sent quand on le lit, mais le roman ne parle pas seulement de la maladie des bubons : il y a derrière le mot de peste un sens plus large, et derrière les personnages, des idées qui ne concernent pas que les infections.

Du coup, malgré un début de lecture plein d'appréhension, j'ai fini par adorer ce roman TRES dense, mais qui au final gagne à l'être. J'en suis ressorti agréablement surpris, éprouvé mais satisfait, et positivement marqué par cette oeuvre rigoureusement travaillée, complète et particulièrement riche. Un scénario simple mais mené de main de maître, une narration ingénieuse et bien exploitée et des personnages très humains et utilisés avec brio font de la Peste un roman costaud mais formidable, que je recommande vraiment.

Hors ligne D_Y

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« Réponse #858 le: dimanche 10 août 2014, 09:00:01 »
J'ai lu la première partie de Dune et même si je suis conscient de limite blasphemer, je trouve ce bouquin chiant comme la pluie :coffee:
Même si j'ai déjà lu bien pire dans le genre j'ai beaucoup de mal à adherer aux personnages, à cette histoire de complot trés louche, et j'arrive pas à me plonger dans l'ambiance desertique et aride qui se degage (ce qui est problematique v.v).
Bon la deuxième partie à l'air de bouger un peu plus mais vu le temps que j'ai mis à lire les 350 premières pages, je sais pas quand j'arriverai à bout d'un livre qui me parait interminable...

Pour ne rien arranger, l'edition Pocket est une grosse merde, coquilles à chaque pages, encre qui reste sur les doigts, etc. Sur l'integrale SdA il y avait le même soucis (enfin surtout pour les coquilles), ça commence à m'emmerder, c'est pas parce que c'est du poche qu'il faut bacler les editions à ce point.
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Hors ligne Krystal

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« Réponse #859 le: mardi 23 septembre 2014, 05:15:59 »
Coucou les gens. Voilà, étant donné que je vais faire de longs trajets dans le cadre de mes inventaires, j'ai l'intention de reprendre la lecture et j'aurais aimé savoir, auprès des fan de Tolkien, quelles sont les meilleures éditions des bouquins de l'auteur, notamment le Silmarillion et le Hobbit. J'ai vu qu'une nouvelle édition allait sortir pour le Seigneur des Anneaux, et je vais attendre un peu, voir si elle est bien ou non.

A part ça, auriez-vous des livres à me conseiller, afin de combler mon inculture dans le domaine ? J'ai l'intention d'acheter les 10 Petits Nègres et de relire l'Écume des Jours, mais j'avoue sécher pour savoir quoi lire d'autre...
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« Réponse #860 le: mardi 23 septembre 2014, 08:09:24 »
As-tu sur ta liste de livres à lire Entretien avec un vampire qu'on parlait la dernière fois quand j'étais chez toi ? v.v

Sinon, après il y a les Sherlock Holmes à lire, personnellement, j'aime beaucoup du peu dans ce que j'en ai lu ! :^^:

Hors ligne Kitty

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« Réponse #861 le: mardi 23 septembre 2014, 09:47:03 »
Krystal : Toutes les éditions du Silmarillion sont bourrées de fautes et de coquilles donc tu peux te contenter du poche, je vois pas trop l'intérêt d'investir dans une édition plus coûteuse.
Pour Le Hobbit, j'ai une très grande préférence pour Le Hobbit annoté qui est sorti en 2012 aux éditions Christian Bourgois. Il contient la nouvelle traduction et pas mal d'illustrations. Il peut sembler cher (25 euros) mais il vaut la dépense car c'est vraiment un beau gros bouquin.
Sinon pour le SDA, je te conseille aussi d'attendre la nouvelle traduction (le tome 1 sort le 2 octobre).

Niveau classiques de la littérature indémodables, je te dirais d'aller vers Jane Eyre de Charlotte Brontë ou encore Les Hauts de Hurle-Vent de sa sœur Emily Brontë. J'ai découvert ces deux romans quand j'étais ado et ils m'ont vraiment marqué (et pourtant je déteste les histoires d'amour habituellement !)

Hors ligne D_Y

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« Réponse #862 le: mardi 23 septembre 2014, 12:49:54 »
Le problème c'est que pour les longs trajets, les grosses éditions c'est pas vraiment conseillé.
Le Seigneur des Anneaux, il n'y a que La Communauté de l'Anneau qui a été traduite il me semble ? Du coup pour connaitre la suite de l'histoire c'est pas top. Il existe une édition intégrale assez daubée niveau coquilles mais pas chère. Sinon y'a les 3 pocket classiques. Le Silm la version poche suffit comme l'a dit Kitty, et dernièrement, Pocket a sorti une version intégrale des Contes et Légendes Inachevés. De même les deux tomes des Contes Perdus, traduits par Adam Tolkien, suffisent dans les éditions poches (je suis même pas sûr qu'il y en ai d'autres de toute façon), et celle des Enfants de Hurin est de plutôt bonne facture (qualité papier, encre, et y'a même les illustrations).
Si t'es assez courageuse les versions rosbeef Harper Collins sont assez abordables mais la qualité du papier est pas top, enfin bref c'est plus en complément v.v

Sinon les Edgar Poe sont des classiques (Histoires Extraordinaires, Nouvelles Histoires Extraordinaires et Histoires Grotesques et Sérieuses), pour le reste faudrait connaitre tes goûts pour te conseiller davantage.
Personnellement je te dirigerais bien vers Moby Dick, Dracula/Frankenstein, du Dickens, etc...
« Modifié: mardi 23 septembre 2014, 12:53:33 par D_Y »
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Hors ligne Rodrigo

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« Réponse #863 le: mardi 23 septembre 2014, 14:12:35 »
J'peux pas t'aider pour tout ce qui est Tolkien, et pour le reste, comme le dit DY, il faudrait que tu précises un peu tes goûts : tu aimes l'aventure, la SF, les romans naturalistes, le fantastique, les romans psychologiques, ... ?

Hors ligne Yuan

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« Réponse #864 le: lundi 17 novembre 2014, 15:28:43 »
Coucou, déterrons un peu ce topic !
Ce qui m'a surtout donné envie de le faire, c'est qu'en ce moment à la Fnac, on peut se procurer tous les tomes de A Song of Ice and Fire en VO pour 35€. Je trouve cette affaire absolument affolante, donc j'invite tous ceux qui pourraient être intéressés à se prendre le coffret, c'est donné à ce prix-là !

En dehors de ça, eh bien au final j'ai assez peu lu depuis mon dernier post, mais bon...
  • Les Fleurs du Mal, dont je parlais... Un recueil qui s'est avéré plus qu'à la hauteur de mes espérances, construites sur une réputation dont on ne fait plus l'éloge. Les vers de Baudelaire sont et resteront sans doute toujours pour moi une immense source d'inspiration. J'envisage d'ailleurs d'illustrer une grande majorité des poèmes du recueil un jour, tant je les trouve visuellement parlants. Et ça me ferait un bon exercice en bonus... Enfin, pour faire simple, je le recommande vivement si vous ne l'avez pas déjà lu, ou s'il est trop enfoui dans votre mémoire depuis que vous l'avez étudié à l'école !
  • Cyrano de Bergerac... Oulàh, aïe mon pauvre petit kokoro :'( J'ai saigné de partout. Mais c'est incontestablement la meilleure pièce de théâtre qu'il m'ait été donné de lire, et c'est peut-être mon livre préféré désormais. Cyrano est assurément l'un des personnages les plus touchants jamais écrits, et rien que pour ça, j'ai envie de lui faire des bisous. Il y a un tas de passages qui sont étalés avec énormément de talent et de sensibilité. Enfin, personnellement, tout m'a profondément parlé là-dedans. Et je me suis rendu compte il y a peu que j'étais absolument incapable de lire à voix haute les dernières lignes de Cyrano de l'Acte V sans me mettre à pleurer parce que AU SECOURS MA VIE SAIGNE :cry:
  • L'Apologie de Socrate de Platon, plutôt cool même si j'en ai gardé une approche assez distante. Par là, je veux dire que ça ne m'a pas autant touché que ça aurait pu. Mais ça reste une lecture rapide et extrêmement intéressante, surtout pour quelqu'un aussi fasciné par le personnage de Socrate que moi.
  • Propos sur le Bonheur d'Alain. Au début sceptique, j'ai fini par me rendre compte qu'il était rempli de vérités habilement étalées avec un peu de recul, et je pense pouvoir dire que je l'ai beaucoup apprécié et que je le recommande. J'ai d'ailleurs recensé les passages les plus ouf sur une feuille que je garde précieusement, parce que je pense que c'est un livre auquel on peut revenir à la manière d'une petite Bible, et j'apprécie cette qualité. Si je devais en extirper deux citations particulièrement marquantes, il s'agirait de ces deux phrases : « Qui bénit les dieux bientôt les maudira » (tant de génie, le genre de truc que j'aurais voulu pouvoir sortir moi-même :cry:) et « Et puis de partout, on peut voir le ciel étoilé ; voilà un beau précipice ». La deuxième peut paraître prise hors de son contexte, mais elle rejoint une Pensée de Pascal (dans Misère) qui me parle beaucoup et a tendance à me retourner dans tous les sens. Si si, vous savez, celle sur les espaces infinis que j'ignore et qui m'ignorent, qu'Alexandre Astier a cité au moins 40 fois. Ouais. Celle-là. Parce que j'adore l'astronomie et l'astrophysique, et que tout ce qui touche aux étoiles ça me fait battre le cœur très fort et ça absorbe toute mon attention, alors quand en plus on rajoute des liens philosophiques à tout ça, je pleure.
  • Lettres à un jeune poète de Rilke... qui m'a fait aboutir à un tas de réflexions très intéressantes sur l'art en général. Même si j'ai dû inconsciemment rapporter tous ses propos au dessin, étant donné que ça me parle plus que la littérature et la poésie... au final, ça se rejoint beaucoup. Mais contrairement à Kappus, pour moi, les questions « êtes-vous contraint à votre art ? privé de votre art, devriez-vous mourir ? » ne se posent pas. Puisque la réponse semble être un oui assez aisé dans mon cas, haha. Mais reste que j'invite tous ceux qui sont intéressés de près ou de loin par la pratique d'un art, ou d'une quelconque discipline par passion, à se jeter à pieds joints dans la lecture de ces lettres. Finalement, comme Kappus, on est fort heureux d'y trouver en Rilke un mentor aimant et sévère à la fois, qui aiguille adroitement les réflexions que l'on peut avoir, et qui comprend nos peines. C'est tendrement réconfortant.
Et en ce moment, je suis sur l'Éloge de la Folie d'Érasme. C'est très cool, mais il faut parfois s'accrocher un peu tant les références à diverses mythologies et cultures sont vastes et nombreuses. Les réflexions pertinentes sont en foison, et j'aime bien la façon dont est traité le sujet, en faisant parler directement la Folie.
J'ai aussi dégainé à nouveau le Tao-tö King, chose que je fais de façon assez sporadique depuis que je l'ai lu pour la première fois. Les préceptes qui y sont enseigné ont tendance à m'apaiser quand je suis trop agité, et je le suis beaucoup en ce moment, donc... ça fait du bien. Et il me semble que je ne l'ai jamais mentionné sur PZ avant, donc voilà, sur ce post ça sera fait : lisez-le, bon sang ! Une telle bible, aussi facile d'accès, courte, et aisée à lire, il ne faut pas passer à côté ! Il y a tant de choses à tirer de ce livre !

Enfin, les prochaines lectures sur ma pile sont le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac (parce que Rilke l'a mentionné à peu près autant de fois que Rodin dans ses lettres, et que ça attisé ma curiosité, même si je ne suis pas très friand de Balzac) et, une bonne fois pour toutes, l'Attrape-cœur de Salinger. Ça va faire deux ans qu'on l'a étudié quand j'étais encore aux États-Unis, et accaparé par une flemme sans nom vers la fin de l'année scolaire (et aussi par mes folles nuits passées sur StarCraft II... hum, ça me manque tout ça), je l'ai juste survolé en diagonale pour avoir des notes passables aux interros et commentaires à réaliser en parallèle. Résultat, je sais quels sujets ça traite et comment ça les traite, mais je ne l'ai jamais réellement lu. Et je compte bien réparer ça, parce que j'avais procédé de la même manière pour Huckleberry Finn de Mark Twain, et que je ne l'ai pas regretté. Je ne l'ai tellement pas regretté que c'est un de mes livres préférés à jamais de la vie. D'ailleurs, si vous avez un anglais costaud, cassez-vous de PZ et allez vous le procurer tout de suite. Tout de suite.

Voilà voilà. Tout ça pour dire que le coffret GoT dont j'ai parlé au début de ce post... Ben je vais pas le lire tout de suite. Hum.

Ah the ticking of the clock
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« Réponse #865 le: dimanche 28 décembre 2014, 17:46:30 »
Ça y est j'ai fini Terre et Fondation d'Asimov.

J'ai trouvé la fin un peu anti-climatique et rapide là. Pas exactement satisfaisante donc, même si je n'ai pas détesté non plus, loin de là.
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Bon en fait ce que j'ai préféré, c'est les voyages sur les différentes planètes avec chaque fois des environnements et cultures particulières, ce qui faisait quand même une grosse partie du bouquin, alors c'était bien plaisant de ce côté là.
Il me reste encore deux tomes pour finir le Cycle (publiés en derniers mais chronologiquement, ils se passent avant tous les autres), cependant je crois que ma mère ne les a pas donc je crois que je passerais plutôt aux livres sur les robots qu'elle possède. Ceci dit, avant ça j'ai déjà une pile de bouquins à lire qui grandit donc ce ne sera pas pour tout de suite.

Un peu parallèlement, j'ai aussi lu Roméo et Juliette vu que j'avais remarqué qu'un exemplaire de la pièce se trouvait sur une étagère de ma chambre depuis perpét' (en français... je suppose que ce n'est pas forcément l'idéal mais je l'ai moins lu pour découvrir Shakespeare que parce que je l'avais sous la main)
Comme ça fait longtemps que je n'avais pas lu de théâtre, j'ai été un peu surprise par à quel point ça allait vite au début mais c'était intéressant à lire.

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« Réponse #866 le: lundi 02 février 2015, 13:43:20 »
Je viens de commencer Le comte de Monte Cristo tome 1 suite au film j'ai voulu approfondir en le lisant et je ne suis pas déçu pour l'instant par Dumas qui est un très bon auteur, je trouve quand même plus reposant de lire le comte de Monte Cristo que celui des trois mousquetaire, j'sais pas pourquoi, en tout cas j'adore et j'ai hâte de finir le tome 1 pour commencer le 2. Dumas est un de mes auteurs préféré et aucun livre que j'ai lu de lui ne m'a déçu si vous ne l'avez pas encore lu, lisez le.

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« Réponse #867 le: jeudi 09 avril 2015, 20:27:10 »
Salut on déterre (même si j'ai l'impression d'être tout seul sur ce topic avec l'occasionnel Rictus, c'est la dèche).

Voici mes dernières lectures depuis le post précédent, mes recommandations, mes avis, mes cris. En vrac :

  • L'Éloge de la Folie (Érasme) : En fait, mon avis n'a pas changé depuis mon dernier post jusqu'à la fin de ma lecture. Faut rester chaud pour suivre toutes les références (j'avoue que je suis pas resté chaud). C'est amusant mais voilà, on se fait un peu chier en fait.

  • Le Chef-d'œuvre inconnu, courte nouvelle de Balzac. Personnages surdramatisés (surtout le maître peintre, oh mon dieu on dirait un film hollywoodien), normal pour du Balzac, avec une chute qui m'a laissé perplexe. Enfin bon, ça fait genre 50 pages, donc j'ai pas eu l'impression de perdre mon temps.

  • La Leçon de violon d'E.T.A. Hoffman, qui succédait l'œuvre précédente dans l'édition que j'en ai. Très très court (15 pages de mémoire) avec une chute marrante.

  • L'Attrape-cœur, le fameux de J.D. Salinger (lu en VO comme à mon habitude pour la littérature anglophone). Beaucoup de choses à dire, pour le coup.
    À l'image de Holden Caulfield, ce héros dans la peau duquel le lecteur s’immisce le temps de quelques pages, c'est un livre très difficile à saisir réellement. Et c'est justement là sa plus grande qualité et son plus grand défaut. Il est difficile d'appréhender un ouvrage que l'on ne peut qu'estimer dénué d'intérêt en lisant ses mots tels qu'ils s'enchaînent, ou d'apprécier un personnage comme Holden, qui paraît aussi peu profond et faux qu'il reproche aux autres de l'être. Et pourtant, si on creuse bien la surface, on a réellement là une œuvre très subtile, dans laquelle le lecteur peut à la fois observer et se retrouver dans le héros. Le parallèle est fascinant, et rien que pour ça, je recommande de donner sa chance à l'Attrape-Cœurs.

    Tout le long de ma lecture, j'étais atrocement sceptique. Le style, extrêmement oral, est très peu agréable à lire. L'ouvrage se lit comme on entendrait Holden parler. Mais ici, contrairement à d'autres œuvres ayant une narration orale, comme Huckleberry Finn de Mark Twain, il n'y a pas de réel attrait à cette oralité. Au contraire, il est assez inintéressant de l'écouter divaguer sur sa vie, et de tiquer à chaque fois que reviennent les expressions qui lui sont propres (plus personne ne compte combien de fois reviennent le mot "phony" ou la phrase "that killed me"), les tournures de phrase qui le caractérisent, ou même plus simplement, les répétitions qu'il fait en parlant. Qui plus est, le personnage ne donne pas envie de s'attacher à lui. Il juge tout ce qui l'entoure de façon extrêmement superficielle et hâtive, avec un côté Monsieur-je-sais-tout qui donnerait presque envie de lui coller une claque. Et les péripéties qu'il narre n'ont rien de très palpitant, au contraire. On éprouve très difficilement de l'empathie pour ce que Holden vit. Tout du long, on s'en fout, même.

    Et pourtant, là est l'erreur du lecteur : en se laissant bercer sur la surface du livre, c'est à dire son style et son histoire, il ne regarde pas du tout ce qu'il y a à voir. Holden est quelqu'un de brisé, qui fuit désespérément son passage à l'âge adulte alors qu'il est impossible de l'éviter, et qui est tourmenté entre son désir d'exil d'une société qu'il juge invivable et son besoin maladif de contact humain et d'amour. On méprise Holden parce qu'il juge les autres sur des perceptions superficielles, sans jamais chercher à les comprendre, et en les cataloguant hâtivement comme des faux-culs. Et justement, la force du récit, c'est qu'en se sentant si détaché de Holden, on arrive par là à faire exactement la même chose que lui : on ne cherche plus à le comprendre, et on a vite fait de le trouver con et de n'en avoir cure de ses problèmes. En observant Holden en tant que simple spectateur, on s'est finalement retrouvé dans ses souliers. Et la révélation vient au lecteur aussi désespérément que Holden se contemple lui-même sans jamais se remettre en question, en avançant dans sa vie sans se raisonner ou se comprendre. On se retrouve vite pris en position de faiblesse, et une fois le livre clos, on ne peut plus détester ce héros sans se trouver profondément hypocrite.

    C'est justement ça que j'ai trouvé comme étant un coup de génie dans ce roman : tout au fil du récit, Holden passe du rôle de juge à celui de victime, et le lecteur se retrouve dans la même position. On sombre avec lui d'une façon à la fois terrifiante et paisible. Aux premières pages, on méprisait ce gamin en l'observant se détruire ; aux dernières, on comprend que la chute qui lui est prédite, « plus terrible que toute autre parce qu'il est damné à ne pouvoir ni se sentir ni s'entendre s'éclater au sol, mais seulement à tomber et tomber »... c'est quelque chose que l'on ne peut que trop bien connaître, que l'on n'a déjà que trop bien ressenti. Au fond, on est bien plus proche de Holden que ce qu'on n'aimerait croire.

    Enfin, pour la petite conclusion, c'est une lecture extrêmement facile en anglais. Si vous cherchez à améliorer votre niveau en vous forçant à lire en anglais, je vous le recommande fortement. Aucune idée de ce que ça pourrait donner en français sans l'oralité du style, d'ailleurs.

  • La Métamorphose de Franz Kafka, que j'avais déjà commencé il y a très longtemps sans jamais le finir (sans raison). Je n'ai pas su quoi penser de la chute. En tout cas, c'était cool et sympa à lire, avec une absurdité risible.

  • Crime et châtiment de l'ami Dostoievski. Bizarrement, je n'ai pas grand chose à dire pour un pavé de cette taille, si ce n'est que ça m'a beaucoup plu. Raskolnikov est un personnage fascinant, mais il n'est pas le seul. C'était un peu lourd sur certains passages, et il faut plutôt bien connaître certaines mœurs russes pour profiter de l'immersion. En tout cas, je le recommande vivement. Très bon morceau de la littérature russe.
    Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, elle tient sur un post-it. Raskolnikov, étudiant fauché et quelque peu imbu de lui-même, est persuadé d'avoir un grand destin devant lui, et convaincu qu'il y a moyen de justifier un crime. Il va donc passer à l'acte sur une vieille usurière qui ne manquerait certainement pas à la société.
    Les réflexions faites sur le meurtre sont abordées avec beaucoup de cynisme et de méthode, et tout le style se concentre avant tout sur les dialogues. Il y en a certains qui prennent vraiment au tripes, d'autres qui sont très naturels dans leur caractère de tranche de vie. Belle plume.

  • La Perle, la pire merde de John Steinbeck que j'espère lire, parce que j'estimais beaucoup cet auteur après avoir lu de lui le très bon des Souris et des Hommes, plus jeune. Là aussi, lu en anglais. C'est d'ordinaire un livre qui s'étudie assez typiquement en cours d'anglais avancé de 4ème aux États-Unis, et qu'à l'époque beaucoup d'amis m'avaient signalé comme merdique.
    Triste à dire, mais je suis entièrement d'accord avec les collégiens en question.

    On a de belles descriptions de nature, du Steinbeck quoi, mais c'est peut-être le seul truc à sauver du livre. L'histoire part dans tous les sens et n'a aucun intérêt... Le bébé de Kino et sa femme se fait mordre par un scorpion, un médecin avare et riche refuse de le soigner, mais un jour Kino obtient une perle grosse comme une boule de billard. Sa valeur est estimée comme nulle d'après les méchants blancs qui veulent arnaquer Kino. Mais elle pourrait quand même permettre non seulement au médecin de potentiellement l'arnaquer en prétendant soigner son enfant (la description étant floue, on ne sait pas trop s'il l'a soigné ou pas, et faut dire que c'est grave chelou ce qu'il se passe), mais aussi de rendre Kino la cible privilégiée d'attaques d'hommes inconnus et d'ombres mystiques (???). Kino et sa famille vont donc fuir le village après s'être fait attaquer et avoir permis à l'histoire de placer quelques incohérences que je ne prendrai pas le temps de lister (et qui sont inadmissibles pour un récit aussi court). Ils se retrouveront face à face avec des blancs qui les traquent pour obtenir la perle (sans déconner ? je veux bien qu'une perle soit précieuse mais pas au point d'envoyer une brigade traquer un péquenot dans la jungle), et après avoir tenté de les confronter, Kino va en mettre deux hors d'état de nuire, et le troisième va tirer avec son fusil (i.e. un sniper avec une précision tellement hors du commun qu'il est sorti d'un livre de SF) pour buter son gosse qui se cachait dans une grotte au loin avec sa femme... Finalement, Kino et sa compagne rentrent au village en deuil et balancent la perle à la mer. Tout ça pour ça.

    Alors okay, le symbolisme de tout ce bazar est bien sympathique deux secondes, mais pas au point d'en faire une histoire aussi capillotractée. Et je n'ai fait qu'effleurer la surface, parce que les détails horripilants du genre sont légion. Le livre fait à peine 100 pages et pourtant je n'avais aucune envie de le finir. Qui plus est, un tas d'imageries toutes plus débiles que les autres n'apportant rien au récit se succèdent sans raison : comme par exemple le fait que Kino entende une musique pour tout et n'importe quoi. On a la musique de la famille quand il regarde sa femme et son fils, la musique de l'ennemi quand le scorpion attaque, la musique de la mer quand il plonge, et tout un tas de descriptions foireuses qui entremêlent ces mélodies qui ne représentent rien et qui n'apportent rien de valeur à la narration. Sans parler des personnages qui parlent comme des robots sans le moindre naturel (c'était peut-être voulu mais c'est sacrément laid et ça brise le récit déjà lourdingue pour rien).

    Enfin voilà, je ne sais pas, mais je n'ai rien trouvé à garder là-dedans, à part 2-3 descriptions mignonnes de la nature et le concept de fond de la perle qui est wah trop belle mais qu'en fait grr elle ronge l'âme de l'homme. On repassera quoi.

  • Fondements de la métaphysique des mœurs de Kant. Alors il faut savoir qu'on m'a vendu Kant comme un auteur hyper chiant et complètement débile. Pourtant, mon prof de philo de cette année (qui est génial, vraiment, 10/10, j'aurais jamais pu souhaiter avoir un meilleur prof) nous enseigne ce philosophe comme plutôt cool. Du coup, j'ai décidé que le meilleur moyen de m'en faire une idée était tout connement de le lire par moi-même.
    Et finalement, c'est peut-être le premier philosophe des Lumières que je trouve intéressant parmi ceux que j'ai lus. Enfin un qui ne nous gueule pas le nom de Dieu à chaque page quoi, c'est déjà ça. Ensuite, contrairement à ce que tous les gens m'en ayant parlé ont pu me dire, Kant est loin d'avoir un sens moral idiot ou impossible à appliquer... Tout d'abord, toute l'intro du livre explique clairement qu'il vise à faire de la philosophie sur un aspect théorique, et c'est vraiment très méthodique. Rien à redire sur le plan de la rigueur. De plus, j'estime qu'il est assez évident que la bonne volonté et l'impératif catégorique sont des valeurs à appliquer en soi et non pas à chercher à travers autrui. En gros, c'est un peu une leçon de morale à titre personnel, de Kant à nous. Et je trouve ça bien chouette, d'autant plus que c'est très clair. Évidemment, 2-3 lacunes pour ce que ça vaut de nos jours (je n'estime pas que l'euthanasie puisse être catégorisée bonne ou mauvaise sans parler de cas par cas, et c'est un exemple parmi tant d'autres), mais rien que le fait de chercher des éléments de réponse là-dessus à l'époque devait être très intéressant. Bref, pas grand chose à redire, lecture sympathique. Je recommande de passer par là si vous aimez la philo.

  • Bel-Ami de Guy de Maupassant, et sa mère la pute, c'est le livre le mieux écrit que j'ai lu depuis des lustres ! Maupassant a une pure plume, avec de très belles images et des détails remarquables. C'est une excellente lecture pour en apprendre un peu plus sur la France de cette époque, présentée avec beaucoup de talent. J'ai vraiment aimé. Les personnages sont bien construits et attachants, et leur développement est complètement grisant (surtout le plus évident, celui du héros). Une bonne conclusion en plus, enfin voilà, un régal.

  • Lettres (à Hérodote, Pythoclès et Ménécée), Maximes capitales et Sentences vaticanes du fascinant Épicure. Beaucoup de réflexion, surtout par rapport à son époque. Des concepts très intéressants abordés, et un détachement de la religion incroyablement appréciable. Histoire de répéter la même chose que tous les niais qui l'ont lue, je trouve que la Lettre à Ménécée offre une perspective très apaisante de la vie et sa finalité. Je pense pouvoir dire que c'était une lecture extrêmement importante pour moi.

  • Des poésies de Verlaine :
    Les Amies, petit recueil à tendance érotique. Rien de particulièrement impressionnant à parti pour Le Printemps qui m'a laissé sur le cul. Voyez plutôt :
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    Fêtes galantes, que j'ai franchement assez peu apprécié. C'est même très très nul quand on compare avec le reste du travail de Verlaine, je trouve. Il y a quelques exceptions sur la fin, mais elles ne sauvent pas le reste.

    La Bonne Chanson, le meilleur des trois recueils. Vraiment très très très très bon. Verlaine a tout donné là (normal, c'était pour charmer sa future épouse). Mention au dernier, mon préféré :
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Voilà.

En ce moment, je suis en train de lire les Pensées de ce bon vieux Blaise Pascal, dont j'attendais énormément pour en avoir lu quelques Fragments particulièrement époustouflants. Et autant au début j'étais à fond, à me dire que c'était trop cool, que je voulais faire des bisous à Pascal, etc... Autant là je suis en plein dans les sections théologiques et c'est chiant comme la pluie. Au secours. En plus c'est merdique, ça se résume à du « l'Islam c'est nul, le Judaïsme c'est nul, heureusement que nous on a Jésus, vive Jésus ! »

Franchement, ça fait mal de passer à des trucs comme ça :
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à de la merde de ce genre-là :
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Sérieux, il s'est passé quoi ?
« Et ça Blaise Pascal c'est pour ton petit cul »
Enfin bon, je garde espoir, je n'en suis même pas encore à la moitié. Peut-être que le niveau se redresse par la suite. C'est ce que j'espère en tout cas, parce qu'en-dehors de son christianisme exacerbé, Pascal dit souvent des trucs qui me parlent beaucoup.

Après Pascal, je prévois de lire du George Sand puis les très connues Liaisons Dangereuses de Laclos. En fait, j'ai toute une pile de livres qui m'attend, que j'ai d'ailleurs pris le soin d'expliciter sur SensCritique. Et ça, c'est juste les machins entassés chez moi. Parce que j'ai beaucoup d'autres choses à acheter (j'ai envie de lire du Akutagawa, d'enfin tester du Zweig après tout ce qu'on a pu m'en raconter, du Hesse aussi, etc.).

Bref, lire c'est bien. Lisez les enfants, histoire que je sois un peu moins seul ici.
(PS : Je m'attendais pas à pondre un pavé pareil mais zut, pour une fois. Comme ça c'est encore plus sûr que personne lira. Le plus impressionnant, en vrai, c'est que l'intégralité de ces lectures ont été réalisées dans les transports en commun. Comme quoi, ça en fait, du temps de bouffé par jour...)

Ah the ticking of the clock
And the ringing of the stocks
Are relics of our lives

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Je bouquine !
« Réponse #868 le: lundi 04 mai 2015, 01:18:03 »
J'ai pas lu grand chose de cette liste (presque rien en fait) si ce n'est Bel Ami, pour lequel je partage globalement ton avis. Bizarrement je ne m'en souviens pas beaucoup si ce n'est que le héros est pas mal connard sur les bords. Mais j'appréciais l'atmosphère degagée par le livre, à travers les yeux d'un type passant de la misère à la celebrité grâce à son ambition demesurée.
Rien à voir avec la plupart des livres français de cette époque que je n'aime pas beaucoup (de ceux que j'ai lus du moins). Comme en ce moment ce Madame Bovary qui est le bouquin le plus chiant que j'ai pu lire depuis un bail... Tellement que j'hésite à le finir, car j'ai peur de perdre mon temps et que ma lecture soit aussi "utile" que si je ne l'avais jamais commencée.
C'est assez étrange parce que j'ai beaucoup moins d'interêt envers les auteurs français que beaucoup d'écrivains étrangers. Des hommes comme Flaubert, Zola ou Balzac sont largement considérés comme des piliers solides de la litterature de notre pays alors qu'ils ne m'évoquent qu'ennui. Par contraste j'ai récemment été tellement fasciné par Shakespeare que j'ai lu Hamlet d'une seule traite (recommencé dans la foulée en anglais mais bon, trop hardcore pour moi). Pas le même registre certes mais je pourrais dire la même chose de Dickens ou de Wilde qui sont de vrais génies.
Mais au fond je pense que c'est surtout que Flaubert ou Balzac, c'est beaucoup trop terre-à-terre, pas assez évasif. Parce que la petite vie d'Emma Bovary dans son petit village de cambrousse, je m'en fiche complètement, bien qu'elle soit racontée au milieu de moultes descriptions sur des paysages et la nature (en outre pas très intéressantes non plus, et dont le niveau d'écriture est tellement poussif qu'il gêne la compréhension...).
C'est cette évasion qui manque quelque fois mais qui est le coeur d'un bon récit. J'ai devoré nombre de mes dernières découvertes qui, elles, en étaient pleines : l'Eneide, Perceval ou le Conte du Graal, Les Milles et Une Nuits, Beowulf, Les Fables de la Fontaine, Le Songe d'Une Nuit d'Ete, etc.
Et en écrivant ça je me dis que je n'ai peut être pas dépassé le stade du collégien/lycéen qui ne lisait pas ses livres à cause de l'ennui qu'il en éprouvait. Avec du recul il me semblait clair que les programmes scolaires proposaient de bons récits mais pas à la meilleure tranche d'âge, et que l'intérêt à lire les "classiques" ne se faisaient qu'avec l'âge et par la curiosité personnelle. Et ceci avec la conviction que les écoles proposent forcément des livres de qualité. Aujourd'hui je trouve toujours que les cours dégoûtent plus qu'ils ne poussent à découvrir, mais je suis déjâ beaucoup moins sûr de la qualité objective de certains programmes littéraire.

(bref tout ça pour ne pas dire grand chose au final mais j'étais lancé)

A part ça l'Attrape Coeur me fait de l'oeil depuis que j'ai vu Ghost in the Shell : Stand Alone Complex. Je prends ton avis en compte, même si je me ferai ma propre idée, y compris sur le niveau de l'anglais utilisé. A une époque j'avais lu Gatsby en VO et j'avais pas tout compris, et j'ai pas retenté depuis (excepté Tolkien dont je connaissais déjà les traductions et Harry Potter et son niveau enfantin) de peur de perdre plein d'élements en cour de lecture, ce qui n'est pas trés agréable.

(je savais pas que Kant était si mal perçu. Amha c'est le plus intéressant avec Platon et Descartes)
« Modifié: lundi 04 mai 2015, 01:35:10 par D_Y »
O proud Death ! What feast is toward in thine eternal cell ?

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« Réponse #869 le: samedi 09 mai 2015, 15:35:35 »
Richard Wright est un auteur américain à succès, dont l'oeuvre a marqué l'histoire littéraire et a su s'imposer parmi les grands classiques. En dehors de son indéniable talent, cet écrivain a une particularité qui n'est pas des moindres : il est noir. Premier écrivain à succès de couleur, il a su, malgré son identité ethnique, s'imposer dans le milieu particulièrement fermé et élitiste de la littérature, à une époque où vivre était déjà une épreuve pour les afro-américains.

En 1940, il a écrit Native Son, premier roman à traiter des conditions des noirs aux Etats-Unis ; c'est un succès monstre, qui l'amène à la postérité, et va démarrer la longue lutte de la littérature contre le racisme. Pour donner plus d'impact à son combat et l'ancrer dans la réalité, Wright écrit son autobiographie et la fait publier en 1945. Il y raconte comment il a vécu une jeunesse difficile, et parfois périlleuse dans le sud américain, la faim qui lui a tordu les entrailles, l'âpreté de sa personnalité qu'il a forgé sous les feux de la haine, les conflits qui déchiraient sa famille, la soumission face à l'homme blanc, le désir de lire et d'écrire que personne ne comprend venant d'un homme noir. Il y raconte comment il a grandi dans l'insécurité la plus totale, avec la peur et la rage pour compagne. Il y raconte Black Boy, un témoignage poignant, sorti des tripes d'un génie de la plume qui a énormément à dire et qui a osé le faire alors que le monde entier le lui interdisait.
C'est beau, c'est sensible, c'est viscéral ; de l'innocence de l'enfant qui grandit à la hargne de l'adulte en devenir, qui voit les choses et les condamne, on assiste à l'évolution d'un personnage confronté à la question des races, les interrogations qu'elle amène chez lui ; on est confronté à l'esprit communautaire noir, à cette haine qui gronde en silence et qui s'agenouille au nom de la survie. On assiste à la croissance sourde d'un protagoniste qui s'est fait auteur pour retranscrire toute l'horreur de la misère et de la discrimination qui ont martelé son existence.
L'oeuvre de Wright est percutante, parce qu'elle est dure ; et elle l'est encore plus parce qu'elle est vraie. Parce que, que vous sachiez ou non que c'est une autobiographie n'a pas d'importance : les faits relatés sentent le vrai, ils ont l'odeur âcre d'un passé qui pue la colère et le mépris, et qui n'est pas si révolu que ça. Ce livre est une merveille, non seulement parce qu'il est merveilleusement bien écrit et bien traduit, mais aussi parce qu'il a des choses à dire dont tout le monde devrait prendre connaissance. Alors, oui, je vous encourage vivement à vous le procurer, à le lire et à en parler autour de vous.