Je viens de visionner l'épisode 5 de
Ranpo Kitan : Game of Laplace, une série principalement tournée enquête/détective produite par Aniplex et dirigée par Kishi Seiji. Apparemment il a bossé sur les adaptations de Persona 4.
Contrairement à d'autres membres je ne connais presque rien de l'univers Persona, et je n'ai de ce fait jamais regardé les éventuelles adaptations animées. On m'en a souvent dit du bien au niveau de la réalisation et de la mise en scène au service d'un propos mature.
Force est de constater que ça se vérifie en tout cas pour cette série. L'opening et l'ending très bien travaillés, le jeu de couleurs utilisées, ... beaucoup d'éléments graphiques se démarquent du lot par rapport aux autres sorties de cet été. La série tournant principalement autour de la folie des meurtriers, la mise en scène est très souvent perturbante (ça fout des fois clairement un malaise), sans pour autant avoir une once de gore. Bref, c'est bien ficelé.
Au bout de 5 épisodes, on observe déjà un schéma narratif établit : découverte de la scène de crime (ambiance froide et réaliste), phase de reconstitution du crime (mise en scène théâtrale osée, en contraste de la légiste qui fait office de comic relief), phase de déductions, stratagème pour démasquer le meurtrier, scène d'action, dénouement. Classique, mais avec énormément de contrastes selon les scènes, ce qui est assez rafraîchissant.
Je ne saurai trop conseiller cette série... sans toutefois vous faire part de mes inquiétudes quand au message délivré par cette oeuvre. Il faut savoir que cette série est diffusée dans le cadre du programme
noitaminA de la chaîne Fuji TV. Ce programme est diffusé le vendredi de 0h45 à 1h45 heure locale, et a entre autres comme but de refidéliser un public adulte avec des animes au propos mature.
Psycho-Pass fait à titre d'exemple partie des séries qui sont diffusées dans le cadre de ce programme. Tout ça pour dire que
Ranpo Kitan : Game of Laplace ne vise pas un public adolescent - en témoigne son horaire de diffusion - mais bien à un public qui cherche d'avance à réfléchir sur les thématiques abordées dans les séries qu'il regarde. C'est important à signaler, car l'anime ne peut vraiment se cacher derrière l'étiquette
Tous publics qui pourrait justifier certaines maladresses.
Deux éléments m'ont principalement gêné dans cette série pour le moment. Premièrement, il s'agit du personnage principal, Yoshio Kobayashi, qu'on peut présenter de la manière suivant : jeune lycéen androgyne, lassé de sa vie sans histoire, excité à l'idée d'enquêter sur des crimes originaux, soutenu par un ami de classe à la sexualité incertaine, un mentor trop mystérieux, et quelques agents de police secondaires. Je n'ai rien contre les personnages androgynes, au contraire, on apprécie d'autant plus leur design quand le reste du personnage est bien construit (par exemple dans
Assassination Classroom qui a eu récemment une adaptation très satisfaisante). Mais quand le personnage est vide d'intérêt, et que c'est cramé dès le début qu'il n'a été conçu que pour satisfaire un éventuel fantasme d'une partie de l'audience, ça passe moyen. Je trouve clairement que ce personnage dessert totalement les raisons pour lesquelles les personnages androgynes sont devenus progressivement populaires depuis l'époque des badass à gros muscles.
Deuxièmement, le traitement du background. La plupart des affaires relèvent bien plus de la folie que de sentiments de vengeance. Une grande partie des séquences de dialogues insistent sur le caractère fou des meurtriers, et en vient à développer une thématique encore très controversée aujourd'hui : la relaxe des meurtriers pour des motifs psychologiques. Le problème avec un tel sujet, c'est que quand tu le destines à un public qui recherche ce genre de réflexions, il faut faire gaffe à ce que tu montres. Et pour l'instant ils se sont bien plantés. Si les meurtriers sont, comme on peut s'y attendre, physiquement vulgaires et peu développés, on peut se dire que c'est fait exprès en vue d'inspirer de la crainte chez le spectateur. Sauf qu'on nous les présente systématiquement comme des fous... qui ont conscience d'être fous, donc qui se sentent libres de leurs actes. À ce moment-là, la réalisation prend clairement le parti pris de ne nous montrer qu'un seul aspect de la thématique qu'elle développe, en faisant à chaque fois des antagonistes des personnages détestables, avec un certain manque de finesse qui plus est. À chaque fois que je finis un épisode, j'ai juste l'impression que les réalisateurs ont voulu me faire penser "Les fous sont inhumains, la société ne peut nous en protéger
il faut les tuer". Et ça me dérange.
Parmi les autres défauts, on peut évoquer la fâcheuse tendance de l'anime à en faire trop : il n'y a jamais de silence entre les personnages, tout se dit par des mots ou des gestes appuyés (ce qui rend certaines scènes riches en émotions complètement niaises). Un truc qui m'a particulièrement fait bondir, c'est l'utilisation de scènes de reportages TV en mode débat américain pour développer la thématique des fous. C'est plutôt habile dans l'idée je trouve, d'autant que ça rentre dans de nombreux détails (comme par exemple ce qu'il devient d'un meurtrier placé sous surveillance psychiatrique). Sauf qu'à chaque fois qu'une telle scène apparaît, elle est noyée par une conversation franchement dispensable entre les protagonistes. Dafuq ?
Je vais malgré continuer de suivre cette série, histoire de voir où elle veut en venir... Notamment avec l'antagoniste principal dénommé 20 Visages.
Un petit mot sur
Ore Monogatari!!, série typée romance que j'ai ignorée jusqu'à la sortie de l'épisode 3 ou 4, je ne sais plus. À la base, c'était clairement le design de l'affiche promotionnelle qui m'en a tenu éloigné, rien de plus. Je vous laisse laisse deviner pourquoi.
Au final, je ne regrette pas le visionnage. Les premiers épisodes sont juste à mourir de rire tant l'utilisation du personnage principal, à première vue grotesque, me paraît assez couillue pour un shojo. Sans appuyer sur cet aspect, j'ai vraiment eu l'impression que les réalisateurs ne ciblaient pas vraiment de public en particulier, qu'ils se contentaient juste de découdre le genre en s'éclatant un max.
Mais la hype pour cet anime s'est vite dissipée. À cause notamment du fait que les personnages dans leur ensemble deviennent très aseptisés voire débiles à partir du moment où
les deux personnages principaux se mettent ensemble...
ce qui se fait aux alentours des épisodes 3-4-5 quand même (sur 24 de prévus a priori) ! Un comble pour une série qui était bien partie pour développer un propos intéressant. La mentalité des lycéens vis-à-vis des physiques ingrats, c'est quand même pas souvent qu'on y a droit.
Pour finir, je ne peux que vous conseiller d'aller mater
Gangsta., créé par Kohske et publié dans le magazine @Bunch (qui a l'air de contenir pleins de manga typés nouvelle génération intéressants). L'adaptation est produite par Manglobe et dirigée par Murase Shukou. Ce n'est pas objectif, mais tout déboîte dans cette série : la densité de l'univers, la propreté de son animation, l'OST varié qui déchire, un soucis de mise en scène irréprochable. Foncez, ça se passe en toute légalité par ici :
http://www.crunchyroll.com/gangsta. Et sachez que si ça vous plaît, c'est également édité chez Glénat. On en reparlera ptet' d'ici que la série soit plus avancée.