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[Livres] Guy Gavriel Kay

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Maedhros:

J'ai donc lu Un Éclat d'antan, le dernier livre de Guy Gavriel Kay traduit en français. Et encore une fois, c'est un excellent livre qui montre que Kay est encore et toujours aussomet des auteurs de fantasy. Si je trouve qu'il est encore difficile de se plonger de prime abord dans le livre qui alterne les points de vues de multiples personnages en même temps, qui parfois va se plonger dans le futur d'un personnage tertiaire (ou même d'une ville) pour conclure un arc scénaristique pouvant se futur une vingtaine d'année après la fin du roman ou encore dans des réflexions du narrateur, ou des personnages, c'est le style de Kay qui fait son charme et fait en sorte que je me souviens de ces romans longtemps après les avoirs fini.

On a toujours cet mélancolie qui poursuit ses derniers romans, avec la chute de Sarance, les réflexions sur sa vie que fait le narrateur, sur ses pertes et ses erreurs. Je le trouve cependant peut-être plus artificelle que dans la fin de Sous le ciel, sans doute car je n'aime pas la phrase d'introduction. J'avais aussi peur en lisant la quatrième de couverture, car je n'aime pas quand on a le roman est une sorte de "préquel" de la vie du narrateur, celui-ci se souvenant de certaines partie importante de sa vie. C'est le cas ici, mais je trouve ça très bien fait, principalement car les élipses temporels sont assez faible (seulement de quelques mois), le roman se déroulant sur une année environ, et que au final, il n'y a pas d'action dans le présent et que l'on a les différents changements de points de vue entre les personnages qui font la force de Guy Gavriel Kay. Ça laisse cependant à se demander pourquoi avoir prit un narrateur présent réfléchissant sur son passé, surtout considérant que l'on a plusieurs points de vue, pas seulement celui du personnage principal, c'est un peu incohérent et je pense que le livre aurait été meilleurs sans ce narrateur présent. Surtout qu'il semble seulement servir pour racrocher l'histoire avec Enfants de la terre du ciel, ce qui est totalement inutile. Une des grandes forces de Kay est de faire incarner des personnages qui cotoyent les grandes figures de son monde, sans non plus être eux-même l'une d'entre elles (excepté dans Le Fleuve des Étoiles). Leurs actions ont une influence sur le monde, mais uniquement à rebourd, car ils influent sur le destin de ces grands personnages (par exemple dans le climax du Seigneur des empereurs et dans celui des Enfants de la terre et du ciel), par conséquent je ne vois pas vraiment pourquoi il faudrait racrocher les wagons avec un roman précédent. Certes les deux romans ont genre seulement 20 ans d'écars, certe le personnage principal d'Un Éclat d'antan n'est même pas nommé dan Enfants de la terre et du ciel, mais je ne trouve pas que ce soit non plus une idée incroyable de les liée autant.

 Au-delà des péripéties vécues par ses protagonistes, Un éclat d'antan est une réflexion sur le pouvoir, la mémoire et le destin. Une réflexion qui semble poursuivre Kay depuis je dirais la Moaïque Sarentine, avec des personnages qui ne font que cotoyer les puissants, peuvent juger de leur utilisation du mémoire, se questionne sur la mémoire qu'ils vont laisser et sur le destin qui les a ammener là, qu'un petit grain de sables peut changer le cours du monde. L'auteur excelle à construire des personnages complexes et cohérents. En fait, c'est avec tristesse qu'on referme les dernières pages du roman tellement on s'y attache. C'est une grande force de l'auteur qui encore une fois le montre dans ce roman.

Maedhros:

La Route Obscures est un roman de Guy Gavriel Kay, dernier livre de la trilogie de la Tapisserie de Fionavar. J'ai bien aimé et je le trouve supérieur au second volume, cependant il est clair pour moi que cette trilogie est l’œuvre la plus faible de Guy Gavriel Kay.

Déjà je trouve que l'on retrouve beaucoup plus ce que j'aime dans Kay dans cet ouvrage que dans les deux précédents. Les phrases sont claires, simples et élégantes, donnant un rythme dans l’enchaînement des phrases et une certaine mélancolie ou encore un sentiment de tragédie. J'ai eu globalement l'impression de ressentir davantage d'émotions dans ce tome. Tristesse, espoir et mélancolie m'ont accompagné tout au long de ma lecture.  C'était quelque chose de totalement absent du second livre, bien que quelque peu présent dans le premier.  La confrontation finale avec Maugrim est particulièrement excellente je trouve. De plus, en tant que troisième de la trilogie, il s'agit du dénouement de toute les intrigues qui prennent ici un caractère épique. Cependant, il y a sur-utilisation de mot ou de description puissante jusqu'à l'absurde. « La plus longue de toute les histoires tristes » est l'exemple typique. Kay veut en faire trop et la tragédie est tellement tragique qu'elle devient pathétiquement grotesque. On ne peut pas utiliser l'image d'un vêtement maculé de sang qu'un nombre limité de fois avant de devenir ridicule. Peut-être que Kay a choisi cela pour renforcer le caractère mythique de sa prose, mais je pense qu'il n'aurait pas dû.

Le livre garde cependant tous les défauts de la trilogie de la Tapisserie de Fionavar dans son ensemble, il y a d'un côté les inspirations trop flagrantes qui donnent une impression dans plusieurs scène de fort sentiment de déjà lut. Je veut aussi revenir sur la présence du mythe arthurien qui donne surtout l'impression de donner un rôle à Jennifer, mais ça la transforme surtout d'un personnage à une simple figure de mélancolie. Et entre ça et le Silmarilion on a le bingo des clichés de la fantaisie. Et ce n'est pas que je n'aime pas les clichés, mais autant et qui soient si peu développés est assez lassant.

Il y aussi une trop grande ambition en terme de scénario qui donnent beaucoup de personnages sur une ''simple'' trilogie. Ceux-ci n'ont pas le temps de se développé et reste assez monodimensionnel. Ce n'est pas aidé par le fait que plusieurs personnages ont déjà quasiment fini leur arc scénaristique et n'évoluent plus.  On ne s'intéresse que peu à la psyché des personnages. Ce ne sont plus des personnages, mais bien plus des figures héroïne. C'est beaucoup présent dans Le Feu Vagabond et La Route Obscure où la différence est flagrante avec L'Arbre de l'Été où les personnages les plus mit en scène avait un arc psychologique. On ne retrouve pas le niveau d'émotion de l'Arbre de l'Été, lorsque Paul est attaché à l'arbre de Mornir.

De plus, Kay adore les victoire in extremis contre le mal, ce qui marche bien quand c'est utiliser à modération, mais je trouve que c'est ici trop souvent utilisé. Surtout que au final, chaque victoire des forces de la lumière est assez facile et l'auteur doit sortir de son chapeau de nouveaux antagoniste pour faire donner cette victoire in-extremis. C'est en partie du au fait que beaucoup de personnages originellement impuissant deviennent des demi-dieu mary sue beaucoup trop puissant. Dans l'Arbre de l'Été, Paul est resté accroché à un arbre pendant trois jours et en est mort avant d'être ressuscité. Depuis, il semble capable de se servir de la puissance de Mornir dès qu'il est dans le pétrin, même s'il est sensé ne pas contrôler ses pouvoirs. À peine Maugrim sort-il son lieutenant le plus imposant et le plus redoutable que les forces de la lumière l'abattent dans une scène héroïque. À peine a-t-il déchaîné son arme ultime, qu'il a gardé précieusement depuis un millénaire, qu'elle est anéantie. Je voulais voir les forces de la lumière aller un peu plus dans cette route obscure. Je voulais qu'elles soient confronté à un désespoir bien plus grand, au niveau de Frodon sur la Montagne du Destin.

Il y aussi  les motivations des Nains. Les raisons pour lesquelles Kaen et Blöd – deux frères qui dirigent le royaume des nains – s'allient aux Ténèbres sont expliquées, mais cela m'a semblé hasardeux et insuffisamment étoffé. Ce qui manque particulièrement, c'est la façon dont ils ont réussi à convaincre tout leur race de rejoindre Rakoth Maugrim. Les Nains semblent tout sauf naïfs dans l'histoire de Kay, je ne les vois donc pas être convaincus par les promesses d'une entité réputée maléfique, voulant anéantir tout et totalement indigne de confiance. 

Contrairement à Le Feu Vagabond, le don de Kay avec la langue rend ces défauts supportables et les lecteurs se voient offrir certains grands moment. Le personnage de Darien qui donne une bonne partie de la tragédie au roman. Kay ne laisse pas la fin de Darien facile pour le lecteur… il n’y a personne aux côtés du garçon, pour le protéger, pour l’embrasser au moment de sa mort, pour le remercier de son sacrifice, pour le tenir comme tout enfant devrait l’être lorsqu’il a peur et se sent seul. C’est l’une des morts les plus tristes, les plus courageuses et les plus belles que j’aie jamais lues dans la littérature fantastique. Il y aussi le personnage de Galadan. Cet exact de Sauron m'a surpris car c'est l'un des rares personnages à avoir un arc dans ce livre. Sa transformation finale, sa capacité à devenir quelqu'un de meilleur, quelqu'un de bon, ont été soigneusement préparées dès le début du récit. Mais malgré les indices de ce qui allait se passer, quand cela s'est finalement produit, c'était toujours incroyablement émouvant.

J'ai cependant certaines critiques à faire sur le personnage de Darien. Je refuse d'accepter l'hypothèse stupide selon laquelle, parce que l'amour lie, Darien devait en être libre (donc rejeté), car c'est seulement ainsi qu'il peut faire le choix entre le Bien et le Mal. Je ne peux pas accepter que repousser quelqu'un soit une marque de confiance. Ça n'a absolument aucun sens et à foutu Darien dans les bras de Maugrim. Que Darien tende vers les ténèbres était sans doute ce que voulait Kay, cependant pour ne pas briser l'image de pureté de Jennifer il a fallut la tordre pour lui prendre cette hypothèse absurde et évité de dire qu'elle rejette simplement son enfant issu du viol et que ce soit l'amour prodigé par la mère adoptive de Darien qui l'emporte. Non, c'est l'amour et la ''confiance'' que sa vrai mère lui a donné en le rejetant qui a permis à Darien de la lumière au dernier moment.

Il y aussi le problème du libre arbitre. Sans vouloir rentré dans les détails, je ne vois pas comment la Chasse Sauvage qui tue tout le monde sans contrôle accorde la liberté aux gens de choisir – surtout quand on pense que cette Chasse Sauvage était en sommeil depuis des millénaires.

En bref, le Route Obscure est la Tapisserie de Fionavar est une œuvre intéressante. En tant que premier livres de l'auteur, on voit celui-ci progresser au fil de la trilogie. Dans la Route Obscure, précisément, on voit naître les qualité en terme d'écriture de Guy Gavriel Kay, un rythme née de phrases clair et précise, mais qui donnent quand même dans la mélancolie ou la tristesse quand il le faut. Cependant, le livre s'emboubre dans une trilogie trop ambitieuse narrativement, avec trop de personnages, trop de situation tout en restant prit dans une manque d'originalité frappant. Ça reste un bon livre, mais je peux recommander sa lecture qu'aux fans les plus acharnés de Kay qui sont intéressé à la progression de l'auteur au fil de ses écrits.

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