Auteur Sujet: Errements Poétiques - [ Poème : Autre-Vert ]  (Lu 236929 fois)

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Errements Poétiques - [ Poème : Le Monde est un lieu brisé ]
« Réponse #210 le: mardi 24 octobre 2017, 17:57:36 »
Merci beaucoup, Chompir !

Pour le style, je ne sais pas si c'est très particulier, ça se veut contemporain, quand j'étais au lycée et même après, vu que j'ai fait des études principalement littéraires (classe prépa et compagnie), j'ai été fortement influencé par le Surréalisme, Rimbaud, une écriture à la fois très exaltée et très déconstruite, avec une grosse présence de l'image. Je m'attache beaucoup à l'oralité aussi, à rendre un poésie qui se lit avant tout, qui a du rythme, de la cassure, du mouvement sous la langue.

En tout cas, c'est plaisant de se savoir lu, pendant longtemps c'était assez calme par ici, et sur le forum littéraire en général, et j'ai l'impression que les choses repartent un peu plus !
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« Réponse #211 le: mardi 24 octobre 2017, 18:22:27 »
(Je me rends compte que quand j'exprimes quelques chose que j'aimes je finis par utiliser un mot un "vraiment" un peu trop souvent. :^^':)

En effet j'avais pas trop fais attention mais on retrouve belle et bien cet côté qu'avait Rimbaud avec son écriture. Après comme tu le dis, tes poésies se lisent vraiment bien, elles ont du rythme et c'est assez agréable.

Et enfin, de rien, j'aimes beaucoup lire ce qu'il se fait dans la section littéraire comme aller voir ce qu'il se fait dans la section artistique. J'espères vraiment que les choses repartiront en tout cas, surtout qu'on perd l'envie d'écrire si on est pas lu donc ça devait pas toujours être agréable pendant cette longue période.

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« Réponse #212 le: dimanche 05 novembre 2017, 13:13:51 »
Le Poids du Monde

" Voilà posé un jour de plus. J'écris à défaut de pouvoir être. La ronde des temps se profile. Et tout m'échappe. Tout me tombe des mains.

Encore une journée à redire. Ne bouge plus. Pourquoi suis-je encore hanté ? Moi qui n'ai jamais connu la véritable adversité, qui n'ai pour meilleur ennemi que moi-même, qui erre parmi les géants des pages, trop seul, indécis, insignifiant.

Que suis-je en train d'être ?

Là, sous mes iris hagards, quel moi est en train d'advenir ? Tout part de plus loin. Toujours.

D'où croît cette langueur ?

Tout vient d'un monde brûlant et indifférent. Ainsi soit-il car j'y dérive, moi.

Ça advient.
Je est en train d'advenir
Et j'ai mal, irrémédiable.

Qui que tu sois, tu ne reviendras pas.
Femme oubliée au fond des âges. Motif apprécié, douleur stylisée, contraction spontanée du cœur. Indue.

On lit, on aime, on oublie.

Et ce je terrassé pleure. Drôle de jeu.
Ha. Ha. Humour maladif.

HUMAINS ! J'ai perdu quelque chose.

Vous aussi.

Le poids du monde."
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« Réponse #213 le: dimanche 05 novembre 2017, 13:47:24 »
Ton dernier poème est vraiment très intéressant et profond, en particularité sur la fin que je trouves vraiment très belle.
C'est toujours un plaisir de lire tes poèmes, bravo. ^^

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« Réponse #214 le: dimanche 05 novembre 2017, 14:47:30 »
@Synopz J'aime bien tes poèmes, ils évoquent vraiment quelque chose, de profond je sais pas, mais de poétique indéniablement, et c'est déjà pas une mince affaire.
Ce que tu disais sur Rimbaud est très intéressant mais pourrais-tu en dire plus sur la composition ? Je n'arrive pas à voir de structure dans tes poèmes (du moins excepté la mise en page, centrée et tout).

Par exemple pour "Le Poids du Monde", il n'y a pas l'air d'avoir de métrique particulière, et il n'y a pas de rime, du coup comment et pourquoi tu as écrit ton poème de cette manière ? As-tu une idée derrière la tête ? Je suis loin d'être expert en cet art très délicat, donc j'ai peut être loupé une structure, en tout cas ça m'intéresse, n'ayant pas fait d'étude là-dessus, et étant pas mal porté sur la poésie moi-même.
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« Réponse #215 le: dimanche 05 novembre 2017, 15:41:21 »
@D_Y En fait, c'est une façon de composer assez typique de la poésie moderne qui apparait vers le XIXème, notamment avec Rimbaud (Je te conseille le très long mais très bon Alchimie du Verbe qui explique ça très bien et doit facilement faire partie du top 5 des meilleurs poèmes jamais écrits en français, très facile à trouver sur le net).

On a donc pas mal de vers libre, et un jeu sur l'oralité qui est de plus en plus présente, avec la fin de cette idée d'une liaison forcément évidente entre métrique stricte et poésie. Le Poids du Monde est pas un très bon exemple puisque c'est un poème un peu brut, que je n'ai pas spécialement retravaillé, il a en plus des parties un peu en prose et, surtout, j'ai utilisé de la ponctuation alors que je n'en utilise généralement pas. En France, Apollinaire est le premier poète à ma connaissance qui retire la ponctuation dans Alcools parce qu'elle est vue comme un carcan qui enserre encore le vers, ne le laisse pas jouer librement, être lu et créé par le lecteur, et cette absence de ponctuation sera beaucoup reprise par la tradition surréaliste et aujourd'hui encore, la poésie très contemporaine (hors formes alternatives types textes de chansons et tout), un peu " savante ", disons, n'a souvent pas de ponctuation.

Du coup, dans la perspective du vers libre, c'est la mise en forme même du poème, sa disposition visuelle, les interactions entre les différentes pauses induites par la cassure des vers et ce genre de choses qui vont faire sa " métrique ".

Il y a un peu de jeu là-dessus dans mon dernier poème mais il reste assez simple sur ce plan. Dans ma poésie j'essaie de faire une grande place à l'oralité en général, je n'écris pas un poème sans le lire à haute voix. Tout se veut concentré dans le choc, le clic-clac des mots, la pause induite par le "blanc", l'espace du poème. Avec un fort jeu de rappel d'un vers à l'autre, pas mal d'images un peu fortuites (grosse influence du Surréalisme bien sûr). Bien sûr, la métrique " classique " (vers comptés, rimes) peut parfois rentrer en jeu, mais ça va être ponctuel, ça va justement servir un effet de décalage, ou à appuyer à un moment précis quelque chose, il n'y a plus de cadres rigides. Ceci dit il y a encore des rimes, mais elles vont être dans les vers, ou bien sans structure particulière, juste comme une sorte de tonalité répétée au fil du poème, ça dépend. Je te renvoie encore une fois par exemple au poème de Rimbaud ou bien à des poèmes de Eluard (Ma Morte Vivante ou bien L'Aventure <3 ), Aragon (Poème à Cracher dans les Ruines).

Je vais revenir à mon dernier poème avec un vrai travail sur la structure, qui date du début du mois, Ressac



" [...] Ressac
Casse !
La force
Des choses
Comme on dit

La force
De devenir
Tout me tombe
Des mains [...]"


Là par exemple, tu as beaucoup de vers très courts avec de cassures sèches et des renvois de sonorités : Ressac / Casse, la répétition en -t et -d avec " Des choses", " dit", "devenir", "Tout me tombe des mains ". Ajoutés à ces cassures visuelles nettes, ça renforce le coté un peu saccadé, presque déclamé, psalmodié du poème, avec une tension qui se retrouve dans le sujet, et lui donne du poids. Le rythme haché c'est la mer qui tangue et qui tape, c'est les mains qui tremblent, c'est la saccade intérieur que le poème veut exprimer.



" [...]Mer pleine de
Roulis
Pis même !
Ressac dans ce
Bric-à-brac
De mes yeux
Verts
Comme la mer

Souquez sec
Alors !
Tangue tournoie
Puisqu'il faut
Ressac
Claque
Tout en vrac !
Encore."


Là, de même, l'image de la mer qui est convoquée à deux niveaux avec la répétition de la sonorité du -M qui est plutôt lisse mais qui est contrebalancé par le coté aussi râpeux de l'allitération en -r, avec la reprise du mot ressac qui traduit lui-même cette image : la douceur du son en -s et la dureté un peu brutale de la fin du mot. Le poème exprime la vie et la relation amoureuse comme un soubresaut permanent, une douceur contrebalancée, rendue par l'image de la mer, sa dangerosité, une certaine forme de douceur et de mouvement permanent aussi qui se traduisent par cet emploi de sonorités. Mais ces sonorités elles-mêmes contribuent à construire l'image, la nourrissent et le poème joue toujours en permanence dans un rapport entre son plan formel et le fond de son propos. En résumé, on ne peut pas vraiment écrire un poème autrement que de la manière dont il est écrit, parce que même sans alexandrins et sans rimes riches, cette expression formelle particulière se veut l'expression directe d'une façon de voir, dire, sentir le monde.

Bon, désolé pour ce pavé un peu trop sérieux, je m'emballe quand on parle de ça  v.v A préciser que mon dernier poème est justement moins représentatif de cet aspect formel, et "parle" un peu plus facilement. J'ai aussi pu écrire dans des poèmes un peu plus vieux des choses plus classiques avec vers comptés et tout ça ! En espérant que c'était pas trop long ! Pour finir vite fait, d'ailleurs, j'ai eu une grosse période l'année dernière avec des poèmes très centrés sur cet aspect sonore, ils sont dans la galerie, il y a par exemple Un Coup, A Silentibus Locis, Des Papillons, Crispa Maria...
« Modifié: mardi 08 janvier 2019, 15:38:01 par Synopz »
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« Réponse #216 le: dimanche 05 novembre 2017, 18:47:30 »
Quand je parlais métrique je parlais pas seulement métrique classique (ABAB, ABBA, &c). Mon livre préféré est Paradise Lost de Milton, qui est en prose et qui n'a pas beaucoup de vraies rimes. Il y a néanmoins une structure certaine, et en tant que poème démonte une grosse majorités des textes en rimes.

Pour reprendre les exemples de tes citations, la première compte 5 et 4 vers. La deuxième est plus symétrique, avec 8 et 8. Je comprends le but de faire passer des idées avec la sonorité des mots, mais en vérité c'est exactement comme ça que je vois la littérature en général, pas seulement la poésie (en tout cas c'est la littérature que j'aime, celle qui sonne le mieux à l'oreille, et la langue anglaise est top à ce niveau, elle est naturellement plus musicale que le français). Dans mes textes en prose c'est la musicalité que je veux faire passer (avec plus ou moins de succès, je suis pas un génie non plus :8):) avant tout le reste.

Bref, dans le Poids du Monde, il n'y a aucune logique de vers (apparente), du coup même si on prend en compte la sonorité du mots, qu'est ce qui motive une telle mise en page ? Pourquoi tu as regroupé un ensemble de vers, et laissé d'autres isolés ? Pourquoi ta citation du ressac fait 5 et 4 ? (si c'est pour évoquer la vague ou la marée qui monte et descend, quelle est l'explication dans le Poids du Monde ?) :niak:
Je suis pas très familier d'Eluard mais je connais un peu Rimbaud et je trouve que tes poèmes n'y ressemblent pas du tout (du moins de ceux que j'ai lu). De mémoire c'était bien carré avec utilisation massive de quatrains avec beaucoup de rimes. C'est bête mais ton approche me fait beaucoup penser aux chants de Tolkien :

Citer
Clap! Snap! the black crack!
Grib, grab! Pinch, nab!
And down, down to Goblin town
[...]

Cela ne fait aucun doute que le mordant, le craquant, ou le cassant veulent être évoqués. A ce titre, je trouve tes deux poèmes sur la mer réussis, du moins en partant de l'idée que t'aies voulu te baser sur le même principe.
« Modifié: dimanche 05 novembre 2017, 18:50:10 par D_Y »
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« Réponse #217 le: dimanche 05 novembre 2017, 22:31:59 »
Pour Rimbaud, j'parle plutôt Rimbaud de la fin, genre alchimie du verbe avec le mélange Vers/Prose, et plus globalement, Les Illuminations :

Citer
Les chars d'argent et de cuivre -
Les proues d'acier et d'argent -
Battent l'écume, -
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, -
Vers les fûts de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.

Le vers libre affleure bien quand même ! Mais effectivement, en termes de métrique, Rimbaud est assez régulier, on reste sur du quatrain et des vers rimés la plupart du temps, vu que mea culpa, même si Rimbaud en est à l'origine, le vers libre en tant que tel, ça vient un peu après vers les années 1880.

Ceci dit, oui, j'avais pas compris ta question comme se rapportant spécifiquement à la structure, je vois plus ce que tu veux dire maintenant. Alors y a pas forcément de logique générale qui préside au regroupement des différents vers en strophes, en ce sens que chaque strophe correspond à une unité sonore et/ou thématique qui lui donne un peu de liant. Après, y a aussi l'usage que je fais du blanc comme symbole de pause, et dans la perspective d'oralité que je vise, en fait j'utilise la strophe presque comme le retour à la ligne d'un vers mais en plus marqué ou plus brutal. Ces raisons jouent à chaque fois plus ou moins ou pas du tout, ensemble ou pas, c'est vraiment du cas par cas, quoi. En ce sens, ça se rapproche effectivement plus du surréalisme et des trucs plus contemporains genre Bonnefoy ou autre. Par exemple, Solitaire de Eluard, ça donne ça :
 
Citer

J’aurais pu vivre sans toi
Vivre seul

Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui

Être en dépit de tout
Être en dépit de soi

La nuit est avancée

Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.

Du coup, dans Le Poids du Monde, je dirais que ça correspond un peu à des sortes d'unité de pensée, ponctuées aussi par les questions. Vu que c'est un poème que j'ai un peu jeté sur papier comme ça justement, sans trop le reprendre, y a ce coté fil de pensée/question. Fil de pensée/question. Avec des sortes d'avis lapidaires qui jaillissent un peu sur ces pensées. Après, c'est un peu la façon naturelle dont ça s'est donné dans l'écriture même, mais y a vraiment ce coté succession brute de pensées, d'où l'usage de la prose d'ailleurs. C'est un peu comme plusieurs voix permanentes et distinctes en échange dans une tête, qui regarde celui qu'on est (ce fameux je) devenir tout seul, sans que Je choisisse justement.

Enfin pour finir, on est bien d'accord sur la musicalité, même en prose, c'est un truc majeur de la littérature et c'est ça qui est cool, et c'est dur à faire passer. Je me prétendrai pas grand poète non plus, j'écris aussi avec ce qui me vient, tous les poèmes ne sont pas aussi travaillés les uns que les autres  :hap: . Les poèmes sur la mer cherchent à rendre ça oui, en tout cas l'aspect physique de la sonorité, le dur du mot, est un truc qui m'intéresse beaucoup ! Et pour la musicalité de l'anglais par rapport au français, je ne suis pas nécessairement d'accord ! Je suis pas un expert de poésie en anglais même si je connais quelque poèmes, mais pour moi ce n'est juste pas du tout la même musicalité entre les deux, et j'apprécie beaucoup les deux. Le français courant est sûrement moins musical, oui, mais une fois travaillé, c'est une langue qui peut aussi être très musicale, très rythmée.
 
« Modifié: dimanche 05 novembre 2017, 22:44:55 par Synopz »
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« Réponse #218 le: lundi 06 novembre 2017, 13:58:31 »
Citer
Les poèmes sur la mer cherchent à rendre ça oui, en tout cas l'aspect physique de la sonorité, le dur du mot, est un truc qui m'intéresse beaucoup !

Pourquoi le "dur" du mot uniquement ? v.v
La mer c'est autant une extrême violence qu'un calme divin, c'est ça aussi qui est génial dans l'océan.

Citer
Et pour la musicalité de l'anglais par rapport au français, je ne suis pas nécessairement d'accord ! Je suis pas un expert de poésie en anglais même si je connais quelque poèmes, mais pour moi ce n'est juste pas du tout la même musicalité entre les deux, et j'apprécie beaucoup les deux. Le français courant est sûrement moins musical, oui, mais une fois travaillé, c'est une langue qui peut aussi être très musicale, très rythmée.


Oui bien sûr, j'adore Hugo, Baudelaire, ou Lamartine, en tant que poètes. Mais j'ai jamais rien lu de plus beau que Tennyson, Byron, Wordsworth, &c.
C'est peut être un bien cognitif, je dis pas, mais j'ai aussi l'impression que même dans un roman classique, les vrais auteurs ont voulu jouer sur la musicalité et la profonde beauté de leur langue, choses qui ne se retrouvent pour ainsi dire jamais dans les traductions. Bien sûr dans les romans d'auteurs qui s'en foutent, il n'y a pas tellement de raison de préférer lire en anglais qu'en français, mais bon faut rester dans du classique.

Après il n'y a pas vraiment de hiérarchie entre les langues, mais les langues germaniques ont vraiment quelque chose à part, que je n'ai jamais réussi à retrouver en français (même dans les traductions). Je n'ai lu que Goethe en français et je n'ai fais qu'entrevoir la beauté de ses œuvres, le lire en allemand, ça doit vraiment être quelque chose ! (il faut bien être Schubert pour réussir à retranscrire Goethe).

Bref heureusement le français a aussi quelque chose à apporter dans la littérature, mais ma nature me fait d'avantage apprécier les lettres germaniques.

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« Réponse #219 le: dimanche 10 décembre 2017, 01:14:09 »
Amie

"Au milieu de la nuit sombre
Amie je te dis
Laisse fleurir
Tes iris le désir

La moelle du monde
Coule nous avec
Magma agité brillant
Viens voiles y danser

Il y aura des tombants
Secrets éclats murmurés
Face à l'aube effrénée
Du monde qui nait

Des abysses pénétrantes
Des soleils incandescents
Qu'on embrasse en brûlant
Dans les matins de Juillet

Je te dirai qui tu n'es plus
Figures changeantes
Saisies au vol épars
D'un soi-même qui va nu

Voyage toujours reconduit
Dans ces lointaines moiteurs
De la vie en sueur pleine
D'un jus vert à goûter

Amie très chère amie
Tes cils dansants
Sont le battement du vrai
Qui frémit par ici

Je te ferai voir
Hauts sommets froides vallées
Où coulent torrents oubliés
D'un monde débordé

Et nous danserons
Dans la brume envolée
Lèvres sur lèvres à chanter
Ce qui combat tombe meurt renait

Fais fleurir tes regards
Amie crinière d'ébène
Sur l'univers chaud cruel rieur mouvant
Où nous coulerons souriants. "
« Modifié: dimanche 10 décembre 2017, 01:32:30 par Synopz »
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« Réponse #220 le: dimanche 10 décembre 2017, 01:43:21 »
Je la trouves très jolie cette dernière. Elle est vraiment très agréable à lire et je trouves qu'elle change des dernières que tu as faites.
Du coup encore bravo pour ce que tu écris. ;D

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Errements Poétiques - [ Poème : Amie ]
« Réponse #221 le: samedi 23 décembre 2017, 18:56:09 »
Destination

"Brûler tous les coins
Correspondances ratées
En rond en rond en rond
Hurler rage au corps
La voix éraillée
Trop de trains manqués

Ne plus tourner
Ritournelle ritournelle
Elle elle elles
Tristesses rotatives
Enfin vous laisser
Sur le quai

Voir ton mouchoir
Flotter s'éloigner
Emporté par la cadence
Loin des jours rances
Pourris à tourner
Suffoquant

Toujours retardé
Scie circulaire
Circularité apeurée
Couper le rond
Jaillissement sans courbe
Rails allant
Nulle part
Mais tracés
Jusqu'au bout

Il faut tomber
Tout droit
Il est possible
Que tu ne puisses pas
Mouchoir. "
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« Réponse #222 le: samedi 13 janvier 2018, 00:18:07 »
Nous avons vécu un siècle

" Nous avons vécu un siècle
Nous avons tout oublié

Toi tendue tout loin de moi
Le monde est aphone
Cri jamais porté

Ah ! POURQUOI NE PAS PARLER
Un siècle
Tout entier dévasté

Nous faisions jouer
Sur nos doigts
Tout ce siècle où
Moururent nos voix
Effacées."
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« Réponse #223 le: mercredi 07 février 2018, 16:28:14 »
Une fois n'est pas coutume, on part sur un genre de petit diptyque aujourd'hui ! Les deux poèmes ne sont pas expressément la suite l'un de l'autre mais les thèmes se répondent, deux moments de réflexion dans un même fil de pensée !

Fleuve de feu

" Au fond de mes yeux
Le monde s'est mis en feu
Te rattraperai-je ?

Terre je pers pied
Flot du monde à suivre
N'avoir nul sol n'être que fleuve
Fleuve de feu
Qui coule

Ne jamais hanter cette vie
Comme un songe
Cascades sans pesanteur
Caresses sans poids
Sortir de ce soi

Inonder le monde
Dans chaque replis
Rire avec hargne
Femmes en vin et en vie
Envie qui brûle
Et ravage

A bas rêves éthérés
Le fil des choses
Tranche mon corps
Et aussi le tien
Que tu offriras

Femme de cette vie
Tes courbes acérées
Qui délient
Je les ai assez rêvées
Il faut les toucher maintenant
Pour brûler. "

Cesser d'être poète. Vivre en poème.

"De qui prendrons-nous le nom ?
Toi qui viens toujours
De si loin

Je n'ai pas attendu le jour
Pour te connaître
J'ai chéri cent fois ton nom
Langoureux sous ma fenêtre

Viens ce sera un joli nom
Dont on fera le tour
Avec soin

Il percera l'azur
La trame de l'être
Où toutes les femmes
Se drapent peut-être

Assemblage de jolis sons
Ronds sous la lèvre velours
Roulants sur tous les coins

Notre nom avec beaucoup du tien
Plein de courbes et de mètres
Fantasme poisseux de poète
Qui confond la femme et le prêtre

Nul au-delà nulle Raison
Toi qui viens toujours
De TROP loin

Je te nommerai bouche contre oreille
Peaux qui s'enchevêtrent
Ton vrai nom est sur tes lèvres
A goûter sans hexamètres."

« Modifié: mercredi 07 février 2018, 16:32:56 par Synopz »
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« Réponse #224 le: mercredi 07 février 2018, 16:38:56 »
J'attendais quelques poèmes en plus pour réagir mais j'ai toujours lu chaque poème le jour même.
J'avais énormément apprécié Nous avons vécu un siècle que j'avais trouvé très beau et pourtant qu'il soit court, il était vraiment magnifique et très intéressant de par ce que tu y racontes.

Tes deux derniers sont très intéressant eux aussi, même si j'ai pas vraiment trouvé que les thèmes se répondaient (mais j'ai pas beaucoup cherché :/) mais si jamais tu veux bien expliquer un peu je serai intéressé, si ça ne te dérange pas. ;)